Biblioblog

Une fois n'est pas coutume, l'objet de ma chronique du jour n'est pas un roman, mais une revue littéraire. Tellement inhabituel d'ailleurs que j'inaugure cette catégorie. Si je n'ai jamais jusqu'ici parlé de revues, c'est que je n'y trouve habituellement pas mon compte. Et pourtant, non seulement Décapage a réussi à faire tomber tous les a priori que je pouvais avoir, mais je pense sérieusement m'y abonner après la lecture de leur dernier numéro.

« En quelle salle tu vas ? G229 ? Ah ! Tu as cours avec Blondel ? » Voilà ce que l'on pourrait entendre dans les couloirs d'un lycée de province quelques minutes avant que la cloche ne sonne. Car le romancier Jean-Philippe Blondel est également professeur d'anglais depuis plus de 20 ans. Dans son dernier récit, il nous parle de son métier et des anecdotes qui font la vie d'un enseignant et d'une classe.

Alex et Christian sont "copains" (ami c'est un mot d'adulte). Dans la même classe de seconde, ils partagent aussi leur passion pour le basket. Pourtant, ils sont très différents l'un de l'autre : Alex, le narrateur, vit dans un quartier populaire avec sa mère, aide soignante. Il est plutôt cool, mais les études c'est pas vraiment son truc. Et puis, ça fait quelques temps que les relations avec sa mère ne sont pas au beau fixe. Christian, lui, habite une belle villa, avec jardin et 4X4 et pense déjà prendre la succession de son père. Pourtant, derrière le verni, la vie n'est pas non plus évidente pour lu : une mère dépressive, un père souvent absent et des difficultés pour s'intégrer à un groupe. A deux, ils sont plus forts, plus heureux. Alors quand Christian disparaît du jour au lendemain sans donner de nouvelles, Alex prend ça comme une trahison.

C'est un sentiment troublant et poignant que de prendre de l'âge avec un romancier et de suivre son œuvre. Des liens invisibles se tissent. Une toile d'araignée confortable, dans laquelle mourir à son existence est un paradis.

Je viens de finir le dernier roman de Jean-Philippe Blondel et cet extrait trouve une résonance particulière. Ceux qui suivent ce blog depuis quelques années connaissent mon attachement pour cet auteur et à quel point son Passage du gué m'avait « happée ». En ouvrant son nouveau roman, j'ai repris une conversation interrompue au hasard d'un point final qui n'était en fait qu'un point de suspension.