Dans un quartier populaire de Paris, Moïse, jeune juif de 11 ans, fait la connaissance de Monsieur Ibrahim, l’ “arabe” du coin, qui n’est pas arabe d’ailleurs. Entre ses deux êtres isolés vont se créer des liens très forts au cours des années. J’ai tout particulièrement aimé l’économie des mots qui renforce la puissance des émotions. Les silences de Monsieur Ibrahim qui en disent plus que tous les longs discours. Ce livre se lit comme on mange des chouquettes : avec délice, gourmandise et avidité. Idéal si vous avez une heure à “tuer” entre deux rendez-vous.

Laurence

Extrait :

- Lorsqu'on veut apprendre quelque chose, on ne prend pas un livre. On parle avec quelqu'un. Je ne crois pas aux livres.
- Pourtant, monsieur Ibrahim, vous-même, vous me dites toujours que vous savez ce...
- Oui, que je sais ce qu'il y a dans mon Coran... Momo, j'ai envie de voir la mer. Si on allait en Normandie. Je t'emmène ?
- Oh, c'est vrai ?
- Si ton père est d'accord, naturellement.
- Il sera d'accord.
- Tu es sûr ?
- Je vous dis qu'il sera d'accord !
Lorsque nous sommes arrivés dans le hall du Grand Hôtel de Cabourg, ça a été plus fort que moi : je me suis mis à pleurer. J'ai pleuré pendant deux heures, trois heures, je n'arrivais pas à reprendre mon souffle.
Monsieur Ibrahim me regardait pleurer. Il attendait patiemment que je parle. Enfin, j'ai fini par articuler :
- C'est trop beau, ici, monsieur Ibrahim, c'est beaucoup trop beau. Ce n'est pas pour moi. Je ne mérite pas ça. Monsieur Ibrahim a souri.
- La beauté, Momo, elle est partout. Où que tu tournes les veux. Ça, c'est dans mon Coran. »


Éditions Magnard Classiques et Contemporains – 66 pages.

Du même auteur :
Oscar et la dame en rose, La part de l'autre, Lorsque j'étais une oeuvre d'art, L'enfant de Noé, La nuit de Valognes, Le visiteur, Le baillon et L'école du diable, Odette Toulemonde, La rêveuse d'Ostende et L'évangile selon Pilate
Brice a eu la gentillesse de poser à Eric Emmanuel Schmitt mes questions. Vous pouvez entendre ses réponses ici