Richard est en Afrique. Au Sénégal. Il y croise une jeune femme accrochée à ses pastels et aquarelles.
De cette rencontre au bout du monde est née ce très beau livre, où chaque mot et chaque couleur s'interpénètrent et dialogues sous nous yeux émerveillés.

Le texte de Richard Bohringer tout d'abord.
On retrouve la plume d'un homme qui n'a rien perdu de sa capacité à transcender les mots. Les images jaillissent, belles, vivantes, éclatantes.
Les fidèles de l'auteur reconnaîtront sans mal toute la fin du Bord intime des rivières d'où est extrait la majeure partie des textes proposés.
Ayant lu Le bord intime des rivières quelques jours avant, j'étais très heureuse de retrouver sous une nouvelle présentation toute la partie consacrée à l'Afrique. Alors que ces passages là étaient quelques peu étouffés dans Le bord intime des rivières parce qu'arrivant en fin d'ouvrage, ils déploient ici toute leur puissance envoûtante, et je les ai re-découverts sous un nouveau jour.
Richard Bohringer devient Grio, nous dévoile son Afrique, et se met au service de Virginie Broquet.

Car ici, c'est le texte qui illustre les dessins et non l'inverse. Chaque aquarelle de Virginie Broquet est un tableau, une fenêtre vers l'Afrique aux couleurs chatoyantes. Comme dans tous les carnets de voyage, elle mêle à ses croquis des collages, des notes, des morceaux de tissus...
On a l'impression de la voir dessiner au milieu de ces visages. Les couleurs sont éclatantes de vie, et le temps d'une lecture, on a quitté son fauteuil pour un voyage inoubliable au Sénégal.
Dans Le bord intime des rivières, Richard Bohringer écrivait : J'écris poisson, je voudrais qu'il y ait de la couleur. Voilà ma foi une très belle façon de concrétiser ce désir.

Et pour être tout à fait honnête, arrivée à la dernière page, je me suis immédiatement replongée dedans, pour prolonger encore un peu le rêve.

Du même auteur : C'est beau une ville la nuit, Le bord intime des rivières et L'ultime conviction du désir
Voir aussi L'interview accordée à Biblioblog

Extrait :

Fallait du rêve, des vrais fleuves, des vrais humains dans de vraies pirogues.
L'odeur sauve mon rêve. L'odeur de l'Afrique.
Fallait que les fleurs saignent.
Fallait que les lézards deviennent crocodiles.
Fallait qu'elles deviennent toutes des reines de Saba.
Fallait que je m'impregne, que je m'imprime.
Fallait que je ruisselle.
Fallait que je déchire les flots verts de la piscines d'eau de mer.

couverture
Éditions Arthaud - 80 pages