Livre I : Les Guerriers du Silence
Tixu Oty est l’employé de la CILT, agence de voyage par dématérialisation moléculaire (sorte de RATP de l’univers) et sa vie est un long fleuve alcoolisé jusqu’au jour où une jeune et belle syracusaine entre dans l’agence et le somme de l’aider à échapper à ses poursuivants.
Pendant ce temps, la Confédération de Naflin, grand conglomérat régissant la marche des quelques cent monde la composant, sombre dans le chaos. Le pouvoir initialement régi par un conseil de princes tombe aux mains d’un seul homme et accouche du grand Ang’empire.
A Syracusa, siège du pouvoir, les hommes se sont alliés à des individus non-humains pourvus d’intimidants pouvoirs psychiques. Il est d’ailleurs intéressant de relever qu’au départ ces êtres, les Scaythes d’Hyponéros, ont servis comme espions de pensée et que ces mêmes Scaythes ont ensuite été employés pour… protéger les pensées.
Profitant de l’opportunité qui lui est faite, la toute puissante Eglise du Kreuz envoie des missionnaires sur tous les mondes de l’univers connu, secondés de Scaythes Inquisiteurs afin de pallier toute rébellion et d’imposer la religion du Kreuz sur toutes les planètes. Bien sûr, les récalcitrants sont invités à réfléchir attentivement à leur condition sur les « Croix de feu à combustion lente » où ils meurent.
Livre II : Terra Mater
Plusieurs années se sont écoulées depuis que Tixu, qui est devenu Sri Lumpa et Aphykit, sa femme, sont arrivées sur Terra Mater et ont rencontrés le jeune Shari. Tous les trois ont appris à maîtriser le voyage sur la pensée et sont devenus des Guerriers du Silence, initiant sans relâche ceux qui viennent les trouver.
A Syracusa, les Scaythes se sont rendus indispensables au maintien de l’Empire et sont passés à une phase supérieure de leur plan. Après les Scaythes Iniquisiteur, maîtres des pensées, sont arrivés les Scaythes Effaceurs, qui annihilent à la demande (moyennant finance) ou selon les ordres de l’Hyponéros la volonté des humains et leurs souvenirs.
L’ordre des Chevaliers Absourates, dernier vestige de la Confédération, s’est effondré. Plus rien n’inquiète l’Hyponéros dans son accomplissement du Chaos, le plan est parfait et rien ne peut le contrarier… Il faut cependant venir à bout de ces Guerriers du Silence, dotés d’étranges pouvoirs.
Shari a quitté Terra Mater afin de trouver les Annales Inddiques, seul moyen de vaincre l’Hyponéros soupçonnée d’être l’agent du Chaos. Le destin du monde, de l’univers même, semble être entre ses mains.
Livre III : La Citadelle Hyponéros
Terra Mater est presque déserte lorsque Shari revient enfin. Il ne trouve que Jek, jeune garçon qui ne maîtrise pas encore le voyage sur la pensée mais qui détient malgré tout un énorme potentiel, comme tous les autres.
Douze, ils doivent être douze à avoir apprivoisé l’Antra et à pénétrer dans les Annales Inddiques pour vaincre l’Hyponéros. Seulement, les douze sont disséminés sur plusieurs mondes.
Outre Shari et Jek, quatre sont cryogénisés sur Syracusa, dans les sous-sols du palais épiscopal du nouveau Muffi de l’Eglise,
Le septième est ce même Muffi,
Un autre, ancien chevalier Absourate, est en proie au doute sur une planète éloignée,
Une se déplace sur un train de vaisseaux de retour vers la Terre qu’il a quitté dix mille ans plus tôt,
Deux autres sont la femme et le fils de Shari à peine âgé de trois ans, prisonniers eux aussi des Scaythes sur un monde éloigné.
Enfin, le douzième, Tixu, s’est perdu dans les Arcanes de l’Hyponéros. Nul ne sait s’il est encore en vie.
Syracusa est à feu et à sang. L’Ang’Empire, au bout de 16 ans d’existence, se délite. Reste-t-il encore un espoir ?
Les Guerriers du Silence est un grand Space Opéra à la sauce française qui se savoure pleinement. Il faut ajouter que c’est le premier roman de Pierre Bordage. Donc pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
Je dois avouer que tout d’abord j’étais hésitant. En effet, la SF ne m’attire pas car trop de différence avec mon univers, mes repères… J’ai énormément de mal à me projeter dans un futur, qui plus est imaginé par un autre, donc avec des idées et des ordres de valeur dans lesquelles je ne me reconnais pas (contrairement à la Fantasy).
Finalement, après lecture, je suis heureux d’avoir franchi le pas. L’acclimatation a été rendue plus facile grâce à mes lectures précédentes (merci à Frank Herbert et à son cycle de Dune). J’ai également trouvé beaucoup de réconfort à me raccrocher aux films de Star Wars où Pierre Bordage à certainement puisé (l’Antra ressemble particulièrement à La Force)…
Pour ce qui est du contenu, j’ai été déstabilisé par le premier opus. Les aventures de Tixu Oty me semblaient vraiment tirées par les cheveux et toutes plus invraisemblables. Je trouvais le personnage sans réelle profondeur. L’image que j’en avais était celle du Candide de Voltaire. Un gars pas malin qui est toujours au mauvais endroit au mauvais moment et qui en plus en redemande…
J’ai également été mitigé par les noms donnés aux objets et aux lieux. Certes, ils m’ont aidés à me familiariser et sont représentatifs de l’objet, mais d’un autre côté, ils m’ont dérangés par leur « facilité ». Ils sont trop facilement assimilables à notre monde actuel… le Brûlentraille pour le pistolet laser, le Dérémat pour la machine de Dé/Re-Matérialisation, la planète Jer Salem, etc…
Ce sont, cependant, de biens petites choses comparé au plaisir que j’ai eu à lire ce cycle. L’univers cohérent, les mondes sont très différents les uns des autres et, bonne surprise, le roman est parsemé de détails sur la mode, l’architecture, le langage… inhérent à chaque planète, voir à plusieurs endroits d’une même planète, évitant ainsi un travers répandu qui est d’homogénéiser un monde en lui donnant une seule caractéristique. Du coup, on se rapproche plus du Cycle de Majipoor de R. Silverberg.
Au final, que reste-t-il comme impression ?
Eh bien justement un final qui m’a scotché à mon fauteuil tant par la puissance des sentiments que par une fin qui est inéluctable. Je m’y attendais, mais j’en ai voulu à l’auteur de l’avoir quand même écrite… comme quoi…
Je ne peux, en tout cas, m’empêcher de le recommander et je vais me plonger avec plaisir dans les autres œuvres de cet auteur que je découvre.
Ne manquez pas l'interview exclusive que Pierre Bordage nous a accordée.
Du même auteur : L'évangile du serpent, Les derniers hommes, Abzalon, Orchéron, Porteurs d'âmes, Le feu de Dieu, Les fables de l'Humpur
Par Cœur de chene
Extrait :
(Livre I : Les Guerriers du Silence)
Ce matin-là, après que l’antra l’eut déposé au carrefour du silence, il [Tixu Oty] s’engagea dans un sentier qu’il n’avait pas encore exploré. Il se retrouva soudain à l’intérieur de l’agence de Deux-Saisons, précisément dans le salon des dérémats, devant la machine noire et ronde qui trônait au milieu de la pièce. Sans hésiter, il pénétra dans la sphère inerte et se dilua en un premier temps dans les couches grossières des matériaux. Puis il atteignit le cœur de la matière, le vide, le champ infini où naissaient les atomes, les molécules, les astres de l’infiniment petit dont la danse suspendue façonnait toute forme dans les étoiles de l’infiniment grand. Les moteurs se mirent à vibrer tandis que le filtreur de cellules s’enluminait de milliards d’étincelles bleues et blanches. Une fulgurante décharge d’énergie le traversa de part en part. Son intensité, à la limite du supportable, lui fit ouvrir précipitamment les yeux.
Il ne se trouvait plus sur le rocher plat où il s’était installé quelques minutes plus tôt mais sur le sable de la plage, au milieu des monagres. Il crût d’abord qu’il avait rêvé, qu’il s’était emmêlé dans ses souvenirs ou encore qu’il s’était fourvoyé dans le dédale des chemins de temps. Mais l’attitude curieuse des cétacés qui frappaient en cadence le sable de leur queue ondulante démontrait qu’ils venaient d’assister à un événement peu banal. Mû par le besoin pressant de vérifier, de savoir, il referma les yeux. L’antra le véhicula jusqu’au sanctuaire du silence. Il oublia le sourd et lent martèlement des queues sur le sable gris. L’entrée du sentier s’offrit de nouveau à lui, c’était une bouche de lumière qui l’appelait, qui l’attirait. Il s’y engouffra et fut instantanément transporté devant le vieux dérémat de la Compagnie. Il opéra une deuxième fusion avec la machine jusqu’au niveau le plus intense de la matière, et commanda par la pensée le déclenchement des moteurs et du filtreur de cellules. Un éclair d’énergie le transperça. Il souleva ses paupières et constata qu’il était retourné sur le rocher plat qu’une écharpe de brume enveloppait d’une gangue humide. Son apparition inopinée effraya les mouettes jaunes dont certaines s’envolèrent avec tant de précipitation qu’elles se heurtèrent aux récifs.
A part la réaction de panique des oiseaux, rien ne laissait supposer qu’il venait d’accomplir l’extraordinaire prodige de se transporter d’un bout à l’autre de l’île par le seul levier de la pensée. Rien si ce n’était une grande fatigue, anormale en cette heure matinale où d’habitude il ressortait entièrement régénéré de son tête-à-tête avec l’antra. Rien si ce n’était une sensation d’euphorie, de bonheur radieux, de plénitude…
Éditions J'ai lu
Commentaires
samedi 6 octobre 2007 à 14h42
Il va falloir que je m'y mette à ce troisième tome! J'ai une espèce de malédiction avec les tomes 3! Mais Bordage est effectivement un excellent auteur de SF. Je suis plus mitigée par ses politiques fictions, comme par exemple L'ange de l'abîme. Il m'a laissée perplexe.
mardi 9 octobre 2007 à 10h11
Un livre de chevet pour ce qui me concerne, ces Guerriers du silence...
Un des tous premiers Bordage que j'ai lu, et celui qui m'a sans doute le plus marquée. Je l'ai lu plusieurs fois, malgré ses trois tomes et quelques 1 500 pages.
L'univers qu'il développe dedans est extrêmement riche, que ça soit au niveau des personnages ou des thèmes abordés.
C'est un bouquin qui a le côté "fun" ou alléchant des space opera, les grandes épopées interplanétaires tout ça... et qui a aussi un aspect très profond, au niveau de la réflexion sur la liberté, les croyances, les habitudes de pensée et de fonctionnement qui figent complètement la perception, etc etc...
Pistes de lecture pour ceux qui ont aimé :
- Rohel, du même auteur. Plus long, et plus délayé, mais mêmes thèmes (et écrit en même temps à peu près que la trilogie des Guerriers du silence)
- Chroniques d'un rêve enclavé, de Ayerdhal. Fabuleuse réflexion politico-humaine sur comment construire une société libre et égalitaire.