Alfred de Nerval était amoureux de Pauline de Meulien avant que cette dernière n’épouse le comte Horace de Beuzeval. Par la plus incroyable addition de hasards, Alfred retrouvera Pauline pour mieux lui sauver la vie. La belle avait été enfermée dans les ruines d’une abbaye par son mari, en fait un grand criminel derrière ses airs d’homme du monde. Or, comme le comte a substitué le cadavre d’une autre femme à celui de son épouse, Pauline doit quitter la France elle que tous croient morte.

Pauline, écrit en 1838, est l’un des premiers romans de Dumas. L’histoire est bien ficelée. Il ne s’agit pas vraiment d’un ouvrage empli de mystères puisque la narration à plusieurs voix fait que nous connaissons déjà la chute dès le départ. Ce qui est le plus réussi, c’est déjà la richesse des portraits qui caractérisera toute l’œuvre de Dumas.

Bien entendu, c’est romantique dans la plus pure (et insupportable) expression. Bon, faut dire que moi et la littérature du XIXe… c’est pas le grand amour. Donc amènes-en que je te victimise ça, et que je refuse de trouver une solution, et que je me laisse sombrer dans mon marasme, et que l’amour soit donc une raison de mourir et avec bonheur en plus.

Insupportable donc. Mais agréable lecture tout de même. L’édition Folio Classique offre une préface fort intéressante et éclairante.

Du même auteur : La reine Margot, La dame de Monsoreau et Les quarante-cinq

Par Catherine

Extrait :

Vers la fin de l’année 1834, nous étions réunis un samedi soir dans un petit salon attenant à la salle d’armes de Grisier, écoutant, le fleuret à la main et le cigare à la bouche, les savantes théories de notre professeur, interrompues de temps en temps par des anecdotes à l’appui, lorsque la porte s’ouvrit et qu’Alfred de Nerval entra.

Ceux qui ont lu mon Voyage en Suisse se rappelleront peut-être ce jeune homme qui servait de cavalier à une femme mystérieuse et voilée qui m’était apparue pour la première fois à Fluelen, lorsque je courais avec Francesco pour rejoindre la barque qui devait nous conduire à la pierre de Guillaume Tell : ils n’auront point oublié alors que, loin de m’attendre, Alfred de Nerval, que j’espérais avoir pour compagnon de voyage, avait hâté le départ des bateliers, et, quittant la rive au moment ou j’en étais encore éloigné de trois cents pas, m’avait fait de la main un signe, à la fois d’adieu et d’amitié, que je traduisis par ces mots : «Pardon, cher ami, j’aurais grand plaisir à te revoir, mais je ne suis pas seul, et… » À ceci j’avais répondu par un autre signe qui voulait dire : «Je comprends parfaitement.» Et je m’étais arrêté et incliné en marque d’obéissance à cette décision, si sévère qu’elle me parût ; de sorte que, faute de barque et de bateliers, ce ne fut que le lendemain que je pus partir, et de retour à l’hôtel, j’avais alors demandé si l’on connaissait cette femme, et l’on m’avait répondu que tout ce qu’on savait d’elle, c’est qu’elle paraissait fort souffrante et qu’elle s’appelait Pauline.

couverture
Éditions Folio - 241 pages