Leur destin se croise le jour où le mari de la seconde est accusé de zoophilie. Amy prend alors la décision de disparaître et de laisser croire à tous qu’elle est morte dans un tragique accident de train. Ce roman ne brille ni par son style ni par l’intrigue, mais on se laisse facilement emporter car tout est accès sur les apparences et ses dangers. Tout au long du roman le lecteur est obligé de revoir ses jugements. J’ai également apprécié la fin, toute en demi-teinte.

Laurence

Extrait :

Un lézard paresseux, ce train, un long lézard sans élégance plutôt qu'un serpent, qui ondulait en direction de la ville pour se cacher sous les immeubles comme sous un rocher. Amy s'inquiétait de sa tendance de plus en plus marquée à chercher des équivalents dans le règne animal à tout ce qu'elle voyait. Au début, elle s'était limitée, dans ces comparaisons, à des personnes proches d'elle. Ainsi, Douglas était un rottweiler aux oreilles coupées, qui apportait le journal dans sa gueule, Caterina, un petit chat. La patronne de la boutique du coin était une jument, qui découvrait les dents et agitait la queue, le caissier du libre-service, un cochon. C'était évident. Le contrôleur du train était un furet aux dents invisibles, les cheveux hérissés en un épi agressif. Un furet ou une fouine. Et le préposé aux boissons, Rob, un labrador mélancolique. Ça l'inquiétait que ses comparaisons ne se bornent pas aux gens mais concernent aussi les objets. Elle était ainsi installée à l'intérieur d'un lézard paresseux sur un siège rembourré qui donnait l'impression d'être un mouton. Elle habitait une maison pareille à un gros cristal aux arêtes aiguës. Ça devenait absurde. Elle en arrivait à vivre dans une cour de ferme ou dans une jungle, en rupture de ban avec l'humanité. Qu'est-ce que ce serait dans un tribunal ? Elle réagirait comme si elle était au zoo et risquerait de se mettre à rire comme une hyène et de tomber en arrêt.


Éditions Pocket – 408 pages