On retrouve dans “Le Secret du Temple” tous les personnages de “Qumran”. Ary doit cette fois-ci déchiffrer les rouleaux d’Argent et de Cuivre pour découvrir où se cache le trésor du Temple, dissimulé il y a des milliers d’années, afin de comprendre ce qui se trame aujourd’hui. Les trois religions monothéistes se retrouvent liées, chacune tentant de reconstruire son Temple, berceau des berceaux, promesse de Paradis.
Qui des Francs-Maçons, des Templiers ou de la secte des Assassins se cachent derrière des meurtres horribles ?

Il est des romans impudiques qui se donnent entièrement dès les premières pages. Ce n’est pas le cas des romans d’Eliette Abecassis. Vous devez apprivoiser ses œuvres pour qu’elles vous livrent leurs secrets. L’écriture est somptueuse. Pourtant elle peut sembler déroutante pour ceux qui ont l’habitude des romans où seul l’essentiel est formulé. Dans ces romans, l’intrigue avance par circonvolutions, tout comme les pensées de leur narrateur Ary. Mais si vous ne vous laissez pas rebuter par ces digressions, si vous prenez le temps d’apprécier les cheminements de la pensée, alors vous pénétrerez totalement dans cet univers, et ces livres ne vous laisseront en paix que quand vous aurez tourné leurs dernières pages.
De tous les romans mystico historiques que j’ai pu lire, ceux d’Eliette Abécassis, sont sans doute les plus poétiques et les mieux écrits.
* hassidim = juif religieux

Du même auteur : Mon père

Laurence

Extrait :

Lorsque j'écris, c'est tout mon corps qui participe à l'action, et mon corps doit être en accord parfait avec mon esprit. Ainsi je peux me rappeler chaque mot, chaque bruit, chaque voix. Ainsi je peux attendre. Attendre, telle est mon activité, attendre exclusivement, attendre et prier, telle est ma destinée. Son appel est si fort que de Le vouloir je me meurs, et je serais sans doute mort aujourd'hui si un signe ne m'avait tiré de cette grotte où je m'étais réfugié, sans savoir que je suivais ma destinée, et que l'Histoire plus grande que moi m'avait appelé là, dans le désert de Judée, au coeur de la terre d'Israël, pour m'attribuer un rôle unique, mystérieux et sacré.
Avec Jane, nous rassemblions les éléments, essayant de progresser dans l'enquête. Nous savions maintenant que le professeur Ericson était à la recherche du trésor du Temple, à partir du Rouleau de Cuivre, trouvé dans les grottes de Qumran, et que, afin d'obtenir un second rouleau, il avait fait savoir aux Samaritains qu'un Messie était né en terre de Judée, et que la Fin des Temps approchait. En d'autres termes, il avait fallu, pour qu'Ericson soit au courant de l'avènement du Messie chez les esséniens, qu'il ait été en contact avec eux, mais de quelle façon ? Et quel était le rôle des francs-maçons dans sa recherche ? Et surtout : qui avait tué Ericson ? Les Samaritains, qui se seraient sentis trompés en voyant que la Fin des Temps n'était pas venue ? Un chercheur de l'équipe, intéressé par la fortune que représentait le trésor du Temple ? Ou Koskka, qui semblait si bien connaître les francs-maçons ? Quoi qu'il en soit, la clef de l'énigme se trouvait dans un parchemin, une écriture, un des manuscrits gravés deux mille ans plus tôt. C'était notre seule certitude.
Cette nuit-là, une crainte supplémentaire s'ajouta à mes doutes. Seul, dans ma chambre d'hôtel, en chantant le psaume du soir, je tapai du pied, et le rythme entra dans mon coeur, il était lent, juste une voix chantant un air sans paroles, un air doux et voluptueux ; mais la tristesse me gagnait. Cet air par-lait de vérité et de soif non étanchée, cet air parlait du Dieu qui s'éloigne, du Dieu caché qui disparaît et s'enfuit après s'être laissé entrevoir. Oui, cet air était l'air de la tentation.
Je l'attendais, ô comme je l'attendais, mon oreille tressaillait au moindre bruit, mon corps frémissait de son attente. Car j'avais connu la joie la plus intense, oui j'avais connu le délice, et voici que venait le temps du désespoir le plus profond et le plus mystérieux, celui de l'attente déçue, de l'ardeur déjouée, de la folie tempérée. Et la voix se lamentait, la voix humiliée désespérait, et mes yeux pleuraient sans fin, car j'étais séparé, séparé et seul, mon coeur saignait de son délit, et moi l'orgueil, moi la fierté, moi l'incompréhension, j'étais la plaie qui se creusait, seule.


Editions Livre de Poche (446 pages et 316 pages)