Ce texte est évidemment une critique très violente de la philosophie de Leibnitz. Tous les professeurs l’ont assez répété pour que l’on s’en souvienne. De même, je ne vous parlerai pas de la force de l’ironie, de la visée argumentative, de l’évolution des personnages ou des caractéristiques de l’utopie. Tout ça a suffisamment été dit ailleurs.
Non, ce qui m’a vraiment intéressé dans cette relecture, c’est la vision du paradis que Voltaire nous propose. Ce dernier a toujours été un fervent opposant de Rousseau qui affirmait haut et fort sa croyance dans l’Eternel. Or, pour Voltaire, l’humanité entrerait dans l’âge adulte, le jour où elle cesserait de croire aux forces supérieures et autres superstitions. “Candide ou l’Optimisme” peut donc être vu comme une parabole de la maturation de l’humanité. Ainsi, dans le premier chapitre, Voltaire nous présente le paradis, dans sa version biblique. Un paradis d’illusion et de pacotille. Candide joue Adam, Cunégonde incarne Ève, Le Baron est Dieu bien sûr, et le perfide serpent n’est autre que Pangloss. Car c’est bien Pangloss qui par ses actes est responsable de l’exil de Candide, lui qui va finalement permettre à notre jeune naïf de grandir. Candide va ainsi ouvrir ses “lumières” et renoncer aux superstitions. Rejeté du paradis, il essayera alors de trouver son propre chemin. Il comprendra en cours de route que l’Eden n’est qu’un leurre. Ce paradis est celui de l’enfance, celui qui s’offre à nous par manque de connaissance. En grandissant, on s’aperçoit qu’il est trop petit, médiocre et incapable de satisfaire nos espoirs. Le véritable paradis est à chercher ailleurs, il est à construire ici et maintenant. C’est ce qu’il faut comprendre dans la scène finale. En effet, quand Voltaire nous dit de “cultiver notre jardin”, il ne sous entend pas qu’il faille travailler pour gagner son paradis dans l’au-delà. Il faut “cultiver notre jardin” (en grec Paradisos) au jour le jour, sans rien attendre des croyances en tout genre. Le bonheur est sur terre.
Ce texte a été écrit il y a plus de deux siècles, mais si nous regardons notre monde d’aujourd’hui, nous constatons que nous ne sommes qu’à la préhistoire de notre humanité.

Laurence

P.S. : Chers lycéens, puisque les profs ne sont pas originaux et que vous l’étudierez sûrement, je vous demande de respecter la propriété intellectuelle et de citer les sources des passages que vous utiliserez. Merci. :)


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Du même auteur : Le fanatisme ou Mohamet le prophète