Peur des parkings la nuit, peur de dormir seule chez elle, peur de se faire attaquer par les "pires que le loup"....
Le monde devient alors invivable, aussi bien pour elle que pour son entourage d'ailleurs, qui en a marre de ses moments de folie pure où la raison n'a plus de place.
Les phrases sont courtes et simples. Un peu comme si elle nous racontait de vive voix ses mésaventures. L'histoire en elle-même est amusante et l'on est heureux de ne pas être à sa place ou à celle encore moins enviable de son copain. Mais en toute sincérité, ce livre n'a rien de transcendant et on pourra attendre pour l'acheter qu'il sorte en format de poche.

Du même auteur : Gamines

Extrait:

Ce soir, j'avais fait un effort. J'étais morte de trouille à l'idée de sortir de chez moi.
Si le courage peut se mesurer à la hauteur de la trouille qui lui fait obstacle. Si le courage se quantifie. Si on peut juger le courage à l'intensité de ce qu'on doit surmonter, alors je m'autoproclame la fille la plus courageuse que je connaisse. Je suis en effet la fille la plus flippée que j'aie jamais rencontrée. La fille la plus flippée dont j'aie jamais entendu parler, même. À «je pense, donc je suis», je réponds : je suis flippée, donc j'ai du courage.
La voiture était garée en bas de mon immeuble.
— J'ai eu de la chance hier, j'ai trouvé une place devant la maison, je me suis dit tout haut pour me donner une bonne raison de ne pas trembler de tous mes membres, quand j'ai ouvert la lourde porte blindée de mon appartement.
Je n'ai pas réussi à atteindre ma voiture dans le calme, certes, mais j'ai réussi à atteindre ma voiture sans encombre.
«T'as peur, t'as peur... T'as peur de tout, sauf du ridicule !», il m'a dit plus d'une fois, mon copain. Il m'a dit ça d'entre ses dents serrées, devant mon attitude. Il m'a dit ça parce que, lui, il n'a peur de rien, sauf du ridicule, justement. C'est vrai que mon copain n'aime pas du tout la façon que j'ai de courir le bras en l'air, dans la rue, la nuit. Non. Ça, il n'aime vraiment pas. Même, ça lui fout les nerfs en boules. Quand je cours le bras en l'air dans la rue, mon copain fait exprès de marcher moins vite. Ça me fait encore plus peur, alors je cours plus vite, et je mouline de l'autre bras pour qu'il avance. Je mouline en lui faisant de grands gestes qui, normalement effectués, c'est-à-dire, à la bonne vitesse, signifieraient : dépêche-toi.
Quand j'ai peur, je fais tout plus vite.
Je lui fais le signe «dépêche-toi» en beaucoup plus rapide que la normale. A force, ça fait que je mouline sans obtenir de résultat.
Mon copain s'en fout complètement.
Il ne se presse jamais. Il prend même plaisir à marcher encore plus lentement. Ça ne m'a jamais calmée. Il y a carrément des soirs où je mouline si vite qu'il se demande comment je ne m'envole pas.
Je ferais mieux d'arrêter de mouliner avec lui. C'est plus fort que moi.
C'est mon bras qui se déclenche tout seul, on dirait.
— Et ton autre bras en l'air? il m'a demandé plusieurs fois.
Mon autre bras est en l'air quand je cours la nuit vers ma voiture parce que j'ai un boîtier qui déverrouille les portes. Dès que je suis dans la rue, la nuit, je lève le bras et j'appuie très fort sur le bouton de la télécommande du boîtier. Ça fait clignoter les phares. Je sais ainsi que je peux me ruer dans la voiture sans perdre de temps.


Editions Fayard - 218 pages