Imaginez un personnage, mathématicien surdoué, qui pour les beaux yeux d'une belle jeune fille, se met au défi de résoudre la Conjecture de Goldbach[1] Le gars s'isole, entame des recherches en cachette (par crainte que d'autres ne se servent des étapes intermédiaires de son travail) et finit par en devenir un peu dingue (au point de remplir sa maison de petits haricots). Il sacrifie donc sa vie sur la quête d'une improbable reconnaissance de ses pairs et de son amour de jeunesse. Au final, il découvre le théorême de l'incomplétude d'un certain Gödel qui anéantira ses ambitions[2]. La démotivation le gagne et il arrête toute recherche.

Le roman est bien écrit, je lui reprocherais néanmoins quelques longueurs sur les développements théoriques, le récit est mené comme une enquête policière (c'est le neveu qui raconte et qui essaye de comprendre l'écheveau de la vie de son oncle). C'est une sorte d'album de vie que l'on feuillette. J'ai pris du plaisir à le lire. (Il faut dire que j'aime beaucoup les mathématiques et la logique).

Par Obni

Extrait:

Il estimait disposer de dix ans tout au plus pour éblouir le monde (sans omettre "L'Isolde adorée") par un exploit formidable, grandiose, colossal. Après quoi, sa puissance de raisonnement s'étiolerait. Avec l'aide de Dieu, il conserverait peut-être l'habileté technique, le savoir, mais l'étincelle nécessaire à allumer un somptueux feu d'artifice, le brio inventif, le dynamisme offensif inspirateur de toute grande invention - tel le rêve de démontrer la Conjecture de Goldbach qui accaparait toutes ses pensées - déclineraient, s'estomperaient.


Éditions Seuil Points - 204 pages.

Notes

[1] Tout nombre entier pair supérieur à 2, est la somme de deux nombres premiers

[2] Ce théorème stipule que certains faits mathématiques ne peuvent être démontrés