C'est un roman poignant qui de façon très sobre soulève le problème de l'incommunicabilité avec la plongée dans un monde totalement étrange dans sa langue, ses coutumes, la manière dont est conçu l'accueil de ces immigrés. Malgré cela, l'éclosion d'une amitié et la compassion vont aider Monsieur Linh à accepter de finir sa vie là où le destin l'a déposé.
L’écriture est fluide et facile à lire. Malgré la brièveté des phrases, toute une palette de sentiments s’offre au lecteur. Les personnages sont décrits très simplement mais l’histoire laisse transparaître les relations complexes unissant les immigrés et les services officiels qui oscillent entre les directives strictes et une certaine humanité. Nonobstant le fond de tristesse qui se dégage du roman, il y a toujours une note d’espoir au fil des pages.
Du même auteur : Parfums, L'enquête, Le monde sans enfant les enfants et autres histoires, Parle-moi d'amour, Le paquet, Le café de l'Excelsior.
Par Soize
Extrait :
Monsieur Linh s'est levé. Il vient de se rendre compte qu'il est tard et qu'il n'a rien pris dans sa poche pour nourrir sa petite fille. Il lui faut rentrer avant qu'elle ne se réveille. Avant qu'elle ne pleure parce qu'elle aurait faim. Elle ne pleure jamais, mais justement, le vieil homme espère qu'il en sera toujours ainsi, qu'elle ne pleurera jamais, tant qu'il saura s'occuper d'elle, tant qu'il sera là, pour elle à prévenir tous ses désirs et à chasser toutes ses peurs.
Éditions Stock - 159 pages
Commentaires
mercredi 28 septembre 2005 à 09h02
Bienvenue chez moi Soize. Tu es la première de mon entourage proche à me confier ta plume pour faire partager ce goût commun pour la lecture. Merci donc, et que ce billet ne soit pas le dernier.
mercredi 28 septembre 2005 à 13h35
Je suis en train de la finir. Très beau. Très simple.
mercredi 28 septembre 2005 à 22h01
Un livre très décevant après "les âmes grises" !
mercredi 28 septembre 2005 à 23h06
Marc > tout le plaisir de la lecture est là : on est jamais identiques face à un livre; alors que certains aiment, d'autres sont déçus... Personnellement, je ne peux te dire ce que je pense de ce roman puisque je ne l'ai pas lu.
jeudi 29 septembre 2005 à 14h00
J’ai terminé ce roman il y a quelques jours, et il m’a beaucoup déçu. Je respecte le droit fondamental de tout écrivain à écrire ce qu’il veut, mais quand même, après "Les âmes grises", roman remarquable que je relis régulièrement, la barre était haute, comme on dit. Or celui-ci, pour reprendre une expression de Beigbeder, est sans doute le plus politiquement correct de la saison. Dommage.
vendredi 21 octobre 2005 à 15h25
Il serait fantastique de lire les livres sans en connaitre l'auteur.
Nos jugements se fonderaient alors, peut être plus sur la qualité que sur la renommé.
Je me suis quant à moi, régalée de ce court roman, qui permet de faire une pause dans cette rentrée (ou sortie) littéraire 2005 : en effet, il y a eu une avalanche de romans centrés sur "moi et ma famille".
mardi 17 janvier 2006 à 22h52
Pour moi c'est le roman le plus émouvant de la rentrée....je l'ai lu d'une traite. Comme le précédent j'ai vraiment été immergée dans l'histoire, les lieux, et ressenti les événements à la mesure du personnage principal (Monsieur Linh)
avec le même thème que les âmes grises : le travail du deuil, le temps face à la mort....Je le trouve plus optimiste que le précédent...
Sans doute est-il moins "littéraire" (beaucoup plus court) mais à mon avis tout aussi réussi dans la façon de traiter son sujet
mardi 21 février 2006 à 15h44
c'est le premier livre que je lis de Philippe Claudel. J'avais entendu parler des âmes grises, un livre qui ne m'attirait pas du tout. Mais là, une amie m'a conseillé et prêté ce livre. J'ai été bouleversée. Je l'ai lu d'une traite, avec émotion, avec bonheur, savourant chaque phrase, rentrant dans le ressenti des personnages, vibrant avec eux. c'est un livre qui touche en plein coeur. Du coup, je l'offre ou le conseille à mes proches. Je n'ai qu'une envie, féliciter l'auteur! Qui connaît le moyen de rentrer en contact avec lui ?
vendredi 24 février 2006 à 18h54
Bonjour Anna,
malheureusement, je ne sais pas comment entrer en contact avec l'auteur. Mais je suppose que si tu lui adresses un courrier via la maison d'édition, ils feront suivre.
lundi 6 mars 2006 à 17h01
bonjour,
Je n'ai pas lu les Ames grises et c'est peut être pour ça, parceque je n'attendait rien de précis, j'ai adoré ce second roman.
Un livre sur l'amitié, la solitude, la folie des hommes mais aussi sur la culpabilité et la rédemption.
Là où les ennemis d'hier sont en fait des amis; où les bourreaux sont des victimes.
Tolérance, humanisme et écriture fluide pour quelques pages de bonheur.
vendredi 23 février 2007 à 08h49
Je l'ai lu hier et j'ai bcp aimé. Un livre simple et émouvant pour parler du déracinement. Une fin surprenante pour qui n'a pas su lire entre les lignes comme moi !
vendredi 5 décembre 2008 à 18h11
Bonjour,
Bonjour,
Je veux faire une petite parenthèse pour dire que dans cette livre n'est pas précisé la provenance exacte de M. Linh.
Alors on peut faire de supposition comme quoiqu'il vient du continent asiatique mais on ne peut pas affirmer qu’il est Vietnamien.
dimanche 11 janvier 2009 à 17h41
J'ai adoré le rapport Brodeck qui plonge au coeur de l'âme humaine, qui nous balade entre poésie, optimisme et le tragiquement sombre.
La petite fille de monsieur Linh m'a émue aux larmes. Bon public, j'ai voulu croire jusqu'au bout que la petite fille était une petite fille. Encore une fois , on plonge au coeur de l'humain, même si on a l'impression que ce n'est pas de la plume de l'auteur du rapport Brodeck, c'est de la même veine tout de même: l'optimisme, la subtilité des rapports humains; le tragique de la vieillesse, de l'exil, du deuil et ... de la cruauté humaine....
J'invite ceux qui n'ont pas aimé à le relire avec un regard différent !
lundi 31 août 2009 à 10h38
j ai beaucoup aimé ce livre. j ai pleuré tout le long. j aime les différents champs lexicaux, la pauvreté, la guerre, l amitié profonde entre mr Bark et lui.
mercredi 6 janvier 2010 à 22h56
Bonsoir,
Moi aussi, j'ai aimé. Et je trouve le talent de Philippe Claudel assez extraordinaire qui peut écrire aussi bien, le Rapport de Brodeck que j'ai trouvé magnifique mais dense, que ce "petit" roman, très sobre, dépouillé et pourtant aussi poignant.
Sylvie
vendredi 3 février 2012 à 15h26
J'ai assez aimé mais ai de loin préféré "Les âmes grises" et "Le café de l'excelsior".