Elle visite des maisons pour retrouver le fil de son histoire. Quand le roman commence, elle en est à sa trentième et dernière maison.
L'écriture, parfois efficace de simplicité, souvent poétique, prend son temps. Comme si les heures devaient se dilater pour permettre à la narratrice de revivre des moments cruciaux de son enfance. Dans le présent, il ne se passe rien ou presque : à peine un silence, une respiration. Toute la place est faite au passé qui se déchaîne et tourmente la narratrice.
Pourtant, malgré la qualité d'écriture, je n'ai pas réussi à pénétrer ce roman, à avoir de l'empathie pour son personnage principal. Je l'ai lu sans plaisir, et l'ai trouvé sans saveur. Nous avons parcouru le chemin côte à côte sans jamais nous rencontrer.
Du même auteur : Ecoute la pluie.
Extrait:
“J'ai eu une pensée pour la période bleue de la chambre, une vingtaine d'années auparavant si j'en jugeais par l'état déjà très abîmé du papier rose et de la moquette. En ce temps-là, je tentais de m'arracher à l'étau conjugal. Je vidais des meubles, j'empilais des cartons, je soulevais des colonnes de livres en m'appuyant contre les murs déserts d'un nouvel appartement, je faisais des listes que je rayais d'un geste définitif.
Là où le mur blessé creusait dans sa mémoire, je voyais de nouveau la mer, et dans la mienne le souvenir du naufrage passé était encore vif. J'y puisais parfois des raisons de résister à la douce érosion des sentiments. Je me tenais à la crête des vagues et naviguais tant bien que mal, jour après jour.”
Éditions Sabine Wespieser - 190 pages
Commentaires
lundi 17 octobre 2005 à 18h46
"Nous avons parcouru le chemin côte à côte sans jamais nous rencontrer."

C'est joliment dit ! Même si j'espère qu'il ne m'arrivera pas la même chose car il est à mon programme à court terme
lundi 17 octobre 2005 à 19h33
Me too.
lundi 17 octobre 2005 à 19h34
Barbabella>Merci pour le compliment. L'image est venue d'elle même.

En fait c'est en flânant sur ton blog que j'ai eu envie d'acheter ce roman.
Dda> itou itou
lundi 17 octobre 2005 à 21h10
J'ai eu ,moi aussi, beaucoup de mal à "rencontrer" le texte, mais finalement après m'être glissé dans la peau du personnage, c'est-à-dire en prenant le temps de la lecture, relisant des passages, j'ai trouvé l'histoire touchante et agréable, originale et intime.
mercredi 19 octobre 2005 à 11h12
Hélène> Justement, personnellement je n'ai eu aucune sympathie pour cette femme. Je dirai même qu'elle m' profondément agacée.
samedi 4 novembre 2006 à 15h24
J'ai bien aimé ce roman, même si comme vous toutes, je ne suis pas entrée en empathie avec le personnage. La raison en est peut-être que cette femme est vide de son histoire, comme toutes les maisons vides qu'elle visite, et de la maison vide d'amour où elle a vécu étant enfant.
Cependant, j'aime cette quête d'amour insensée, cette femme qui se reconstruit doucement en faisant émerger les souvenirs au fil des maisons visitées - même si elle doit affronter des souvenirs peu glorieux qui dérangent et font mal en allant à la rencontre de son père.
J'ai aimé aussi cette écriture en apparence si simple, cette fusion difficile entre un passé insaisissable et un présent volatile qui n'offre que peu de prises...