Elle décide alors de consacrer sa vie à la rédaction d'un Argumentum Grande prouvant l'inexistence de la sorcellerie. Mais sa quête durera des dizaines d'années, pleines de rebondissements et de déceptions.
James Morrow a eu le soucis d'être le plus exact possible dans sa reconstitution historique, et le roman recèle d'une quantité de détails surprenants, tant sur les procès en sorcellerie que sur les découvertes liées entre autres à la gravitation ou l'électricité.
Le choix narratif est également une trouvaille ingénieuse : en effet, ce sont les Principes Mathématiques de Newton qui nous content par le menu cette extraordinaire avanture. Car les livres ont une âmes, soyez-en sûrs, et le Principia Mathématica a voué sa vie à lutter contre l'obscurantisme, incarné par son grand ennemi le Malleus Maleficarum.
Au cours du roman, vous pourrez faire la connaissance de personnages aussi illustres que Montesquieu, Newton ou encore Benjamin Franklin, naviguer à travers le monde, de l'Europe à la Nouvelle Amérique.
J'ai trouvé que le roman souffrait de quelques longueurs, mais malgré tout, j'ai fait un agréable voyage dans le temps, l'espace et les sciences.

Extrait :

"Je n'ai pas besoin de vous rappeler que les lecteurs ont toujours représenté une minorité chez les Homo sapiens. Le simple fait d'avoir ouvert cet ouvrage qui est le mien vous fait entrer dans un bien petit cercle. L'odeur des pets est connue de tous les habitants de la Terre, mais le parfum de la colle et de papier d'un livre n'a jamais franchi qu'une petite fraction de narines mortelles. [...]
Ainsi découvrons nous comment, tout au long de l'histoire humaine, la communauté des lecteurs a été la proie de sinistres forces, des philosophes aux législateurs, des rois aux penseurs, des dieux aux démagogues. Votre passion vous a exposés à l'humiliation, la mutilation, et fois la mort. Je vous salue tous, et avec moi tous mes amis de papier. Vous prendriez-vous pour des héros que nous ne ricanerions pas. Montrez-moi un lecteur accompli, je vous montrerai un individu aux maintes qualités, ami de la réflexion, adepte de l'expression juste, contemplatif mais rarement passif, modéré et cependant gentiment ambitieux."

le chasseur de sorcières
Éditions 10/18 - 677 pages