Le problème, c'est que contrairement à ce que pourrait nous faire croire le titre, Léonard (le jeune voisin) n'est absolument pas le sujet de ce livre. Il n'est qu'un prétexte, tout comme l'enfant de la narratrice dont elle nous assure qu'elle va nous parler longuement sans jamais vraiment le faire. De quoi parle-t-elle alors? d'elle; de sa capacité ou non à mettre des mots sur les événements; de la façon dont elle va nous raconter l'histoire et pourquoi il faut qu'elle le fasse; de sa culpabilité et des excuses nombreuses qu'elle se trouve pour ne pas assumer ses responsabilités...
J'ai surtout lu le portrait d'une femme lâche et égoïste qui tente, à travers les mots, de se justifier et de se faire pardonner. J'aurais aimer mieux connaître le jeune voisin ou l'enfant, ils avaient l'air d'être des personnages attachants. Malheureusement, la narratrice ne leur accorde que des rôles secondaires.
Il paraît que L'homme d'en face parle de nos vies, de nos blessures silencieuses, des reflets sur la vitre avant l'orage. Je dirais plutôt que Françoise Renaud a pris beaucoup de plaisir à se regarder écrire, et qu'au lieu de nous faire partager une histoire intimiste, elle s'est offert un roman nombriliste.

Extrait :

Chapitre IX
"Je me demande si je vais être capable de poursuivre ce que j'ai entrepris, si je n'ai pas présumé de mes forces. N'ai-je pas dit au début qu'une petite flamme éclairait depuis peu mes recoins piqués d'ombre? Alors voilà, c'est le moment de m'y accrocher, après on verra ce qui se passera.
Pour l'instant je ne ressens rien de la douleur, ni démangeaison ni brûlure. Elle est calme, enterrée. Autant continuer."


Edition Aedis - 167 pages