Une histoire, pas vraiment en fait. Une réflexion, des pensées qui se succèdent, un monde onirique qui déteint sur la réalité, des souvenirs qui s'éveillent....
Et pour réunir tout ça, un fil rouge qui n'est jamais nommé mais que le lecteur identifie rapidement : comment continuer de vivre quand tous les vôtres ne sont pas revenus des camps d'extermination?
L'horreur est toujours en filigrane sans jamais être clairement énoncée. C'est d'ailleurs pour cela qu'on éprouve un certain malaise en lisant ce roman.

Mais pourquoi ce titre? C'est ce que je me suis demandé pendant les 3/4 du roman. Et puis, dans les trente dernières pages, l'histoire s'enclenche enfin. La reconstruction individuelle se met en route, et l'affaire chocolat démarre.

Que dire de ce roman? il est incontestablement bien écrit et Haïm Gouri parvient très bien à nous parler de ceux qui portent en eux l'innommable. Pourtant je ne suis pas parvenue à entrer réellement dans cette histoire. Peut-être aurais-je préféré que l'affaire proprement dite ait une place plus conséquente.
Ce livre ne fait pas partie de mes coups de coeurs de l'année 2005, mais je ne regrette pas pour autant de l'avoir lu.

Extrait :

"Revenons à nos affaires. Marchons pendant des jours. Restons assis pendant des heures. Posons-nous la question : qui peut-on rencontrer, comme ça, comme nous nous sommes rencontrés. Que savons-nous? Allons peut-être dans un autre pays, essayons. En attendant, nous pourrons nous chercher une autre adresse. Je sais, ce n'est pas facile. De nombreuses maisons sont couvertes de suie, d'autres sont plus ouvertes que d'habitude. Mais en attendant, nous avons le temps de faire un tour, de réfléchir, de changer. Allons et adaptons-nous. Peut-être que nous réussirons, et alors nous serons tellement autres et loin que nous commencerons ailleurs. Changeons de vêtement. Changeons de nom. Où court Robi? Pourquoi est-il pressé? Il court. Moi je ne cours pas, même s'il faut trouver une alternative à ce parc municipal. C'est encore l'été, mais bientôt. C'est vrai. Il faudra faire quelque chose. Mais je ne veux pas en faire plus. On trouvera quelque chose. Et après? Il me demande toujours : et après? Tout est devenu si vaste. Si peu de promiscuité. Et tant de place superflue. Tant de possibilités diverses."

l'affaire chocolat
Éditions 10/18 - 156 pages