Nick est l'archétype du pauvre mec : inculte, fainéant, hypocrite, pleutre, lâche....
Afin d'assurer ses mandats, il ne se positionne jamais, n'arrête personne et distribue les poignées de mains à la sortie de l'église. Mais deux souteneurs, une maîtresse excitée, une femme hystérique, un beau-frère attardé et une amante convoitée vont obliger Nick à changer ses méthodes. La descente aux enfers peut commencer.
Jim Thompson nous propose un roman noir, très noir. Ici, les plus vils instincts sont presque banalisés, excusés. C'est également une critique amère de la société américaine : des rapports qu'elle entretient avec la loi, de dieu, des conventions, du racisme primaire et ouvertement affiché.
Pour donner encore plus de force au récit, Jim Thompson s'exprime à travers le personnage de Nick Corey. Avec sa syntaxe approximative, son langage familier et vulgaire, Nick nous détaille l'histoire par le menu. Et l'on en vient à se demander s'il est aussi stupide qu'il ne voudrait nous le faire croire.
Mais la fin! Qu'est-ce que c'est que cette fin? J'ai eu l'impression que l'éditeur avait oublié d'imprimer les dernières pages. Mais non, Jim Thompson finit son roman comme il nous l'a raconté : abruptement. J'ai trouvé ça particulièrement frustrant.
Extrait :
Toujours est-il que, le moment venu de voter, les électeurs se rendaient bien compte qu'en élisant mes concurrents, ils n'auraient plus beaucoup l'occasion de rigoler. Tout ce qu'un type aurait le droit de faire sans risquer d'être expédier au violon, c'était de boire de la limonade et peut-être d'embrasser sa femme. Ce qui ne leur disait pas grand-chose, aux gars. A leur femme non plus, d'ailleurs.
Si bien qu'à la réflexion, les électeurs ne voyaient pas la nécessité de me débarquer. Ce qui revenait à dire, au fond, que mieux valait rien du tout que quelque chose, vu qu'il suffisait de me regarder et de m'écouter un moment pour se rendre compte que je ne suis pas homme à m'insurger contre quoi que ce soit - sinon ne plus toucher ma paie - et que je n'aurai jamais assez de cran pour passer à l'action, même si l'envie m'en prenait. Je laisserais tout bonnement pisser le mérinos sans chercher à changer quoi que ce soit, parce que je n'en voyais pas l'utilité. Et finalement, le moment venu de compter les voix, je me retrouverais toujours shérif.
Éditions Folio - 248 pages
Commentaires
mercredi 4 janvier 2006 à 10h29
Coucou Laurence !

J'avais beaucoup aimé ce roman de Jim Thompson, qui m'a paradoxalement beaucoup fait rire, tant la noirceur est noire...c'est presque caricatural
Je ne me souviens plus trop de la fin à vrai dire...
mercredi 6 décembre 2006 à 16h55
Bonjour bonjour,
La note vient tard par rapport au post de départ, mais je la pense intéressante, et peut-être vaudrait-elle de faire une critique du roman en question.
Je veux parler de "1280 âmes" (oui oui, vous lisez bien) de Jean-Bernard Pouy (auteur de la série Le Poulpe, pour les connaisseurs). Ce roman part du fait que le titre anglais et le titre français diffèrent. En effet, en anglais, le roman de Thompson s'intitule bien "Pop 1280", d'où la question qui sous-tend le roman de Pouy : Où sont passées les 5 âmes manquantes de la traduction ?
jeudi 7 décembre 2006 à 20h32
Salut salut

Figure toi que j'ai appris je ne sais plus où la semaine dernière l'existence de ce roman. Mais je n'ai pas encore eu le temps de mettre la main dessus. Mais peut-être auras-tu le temps de nous faire la critique avant que je ne le déniche.
samedi 15 décembre 2007 à 14h47
bonjour a tous
voila, ma demande est un peu hors du commun mais, une de mes question d'examen est: pourquoi 1275 ames en francais alors qu'en anglais il s'agit de pop 1280. Je n'ai pas le temps de lire 1280 ames, alors si qqn( Coeur de Chene) pouvait m'envoyer par mail la réponse a cette question, j'en serai très reconnaissant
samedi 15 décembre 2007 à 17h43
Bonjour brain1401,

plusieurs choses me chiffonnent dans ta demande...
Premièrement, si c'est une question d'examen en français, on a certainement du te laisser le temps de la préparer. Ou au moins te donner les pistes pour trouver toi-même la solution.
Deuxièmement, lié au premièrement et subséquemment, si tu as eu le temps de la préparer, tu as eu le temps pour lire le roman. Ou alors il faut que tu remettes en cause ton organisation...
Troisièmement, pour te répondre, il faudrait que je relise moi aussi le roman (tu auras remarqué que le commentaire posté avait un peu plus d'un an...) et il se trouve que, moi non plus, je n'ai pas le temps...
Enfin, je ne suis pas l'administrateur de ce site. Je n'ai donc aucun moyen d'avoir accès à ton adresse mail si tu ne la notes pas...
Bon courage pour ton examen !
lundi 17 décembre 2007 à 00h20
Je suis désolé pour mon manque de détail, mais j'ai eu plusieurs problèmes informatiques qui m'ont obligé a recommencer ce message de nombreuses fois.
Ayant la flemme de recommencer celui la comme le premier que j'ai tenter de poster, j'y ai seulement mis les grandes lignes et meme oublié de remettre mon adresse e-mail.
En fait, c'est un examen de littérature en janvier, mais j'ai comme tu t'en doute beaucoup d'autre examens. C'est en cela que je n'ai pas le temps de lire 1280 ames.
Aucune indication ne nous était fournie et j'ai du chercher moi même jusqu'a l'existence de 1280 âmes
Enfin, question d'opinion bien sur, mis a part le style, je n'ai pas du tout aimé 1275 âmes. Et je n'ai donc pas franchement l'envie de me lancer dans un autre roman sur ce livre.
Je venais simplement quémander des informations auprès de lecteur pte un peu plus fan.
C'est qd meme très gentil de m'avoir répondu.
Mon e-mail s'il te revenait une breve explication ou quoi que ce soit sur ce livre
brain1401@msn.com
lundi 17 décembre 2007 à 00h23
petit post scriptum
il est vrai que je n'avais pas fait attention a l'année et m'étais attardé sur la date.
samedi 3 janvier 2009 à 12h27
Je viens de lire, sur tes recommandations et ta lecture du livre de Pouy, ce livre de Thompson, qui m'a beaucoup plu, hormis cette fin très étrange, comme tu l'as noté.
Je me suis aussi rendu compte, au milieu du livre, que je "connaissais" ce roman pour avoir vu le film qui en a été tiré, Coup de Torchon de Bertand Tavernier. Je n'ai pas réalisé de suite, mais cela m'a paru évident, tant Nick et le personnage incarné par Philippe Noiret sont les memes, avec leur lacheté, leur faiblesse, leur noirceur.
Une nouvelle fois, merci pour cette recommandation qui m'a plongé dans un très bon roman !
samedi 3 janvier 2009 à 12h41
Contente que tu aies aimé Yohan.
samedi 26 septembre 2009 à 20h48
Bonjour,
Comme je lis en ce moment "les alcooliques de thompson" et que donc, subséquemment, je retrouve son univers, j'ai cherché un peu plus de biographie que le classique " bas-fond, petits boulots, alcool, hollywood" qui concerne d'ailleurs beaucoup d'écrivains US ( Buckowsky, Fante, West, Burroughs etc..).. Rin trouvé.
Mais bon, pouquoi ne pas dire ici, à deux ans d'intervalle, qu'ayant lu une bonne partie de sa production, 1275 âmes est mon préferé.. le film qui en est tiré est bon, à voir ( Poiret est super ), mais ne travaille pas aussi bien les pirouettes de conscience morale du lecteur que le bouquin..Bref un livre qui surpasse la catégorie "classique du polar".
Et pour répondre à la question de brain101 (qui a donc vieilli, et sans doute oublié sa requête), il se trouve que Duhamel, éditeur traducteur chez gallimard polar, aka la Série Noire, s'il a fait connaître cette littérature et revendiquer sa qualité, parmi tout ses mérites, un de ses gros vices étaient de remanier les textes à sa guise, supprimant des paragraphes voire des chapitres..alors un titre.. Peut-être voulut-il "impacter" ces écrits. ( d'ailleurs, si quelqu'un a une bonne définition de "impacter" faites le moi savoir, merci.).
Cette information provient du hors série spécial polar du magazine littéraire de l'été 2009, qui trône dans mes chiottes avec fluide glacial et l'histoire, preuve de qualité ( sans rire ).