Ce roman très court, 123 pages dans le format poche, est empreint de paysages, d’hommes du Sud de la Patagonie. Il nous décrit des lieux désespérés comme l'île désolation, le Cap Horn, Puntas Arenas ou la Terre de Feu. Il y est question de baleines que l'on décime, de populations en voie d'extinction (les indiens fuégiens quasi exterminés par les colons européens) et de bateaux qui chantent la fureur de l'océan. Il est question de mystères et de l'ombre de Moby Dick qui s'y promène dans le regard d’un petit garçon. On y découvre comment la rapacité de certains industriels accélère la disparition d’espèces animales protégées. C’est poétique et militant. C’est latino-américain !
Ce livre vaut aussi par la remarquable préface de Floriane Vidal (Je parle ici de l’édition Points sous la Direction de François Maspero). L’ écriture de ce petit texte introductif est remarquable :
"Ce livre-là… (…) recèle une sorte d'énigme. Non pas d'énigme posée à la raison, à l'intellect. Juste une phrase mélodique, simple mais bien identifiable. Si tant est que les mots agencés entre eux, par un mystère non encore élucidé, puissent être rapprochés à l'art musical.… (…) la mélodie étrange fait œuvre en nous, elle y dépose sa ligne, des sinuosités qui lui sont propres, auxquelles viennent s'agréger d'autres formes, celles-là endormies, anciennes, mais rendues au présent par le même phénomène qui nous fait reconnaître dans les veinures aléatoires d'un beau marbre, certain paysage peint, brumeux, accroché aux perspectives d'un tableau dont nous avons oublié le titre, mais dont la figure aimable, découpée au premier plan, persiste à nous sourire."
Hommage soit rendu ici à ces auteurs de préface dont la plume est exceptionnelle !
Du même auteur : Journal d'un tueur sentimental, La Lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli, Histoires d'ici et d'ailleurs, Le vieux qui lisait des romans d'amour, Dernières nouvelles du Sud, Les roses d'Atacama
Par Obni
Éditions Points - 123 pages.
À noter qu'il est actuellement disponible sous forme de coffret avec "Le vieux qui lisait des romans d'amour" et "Un nom de torero"
Commentaires
mercredi 11 janvier 2006 à 08h36
Voilà un livre qui va me plaire ! Hélène, je confirme ma réservation !

Si toutes les préface pouvait être un hommage aussi somptueux aux textes qu'elles précèdent, la littérature ne s'en porterait que mieux. Tu as eu raison de donner cet extrait, cela ne fait qu'attiser notre curiosité et garder le mystère sur le récit en lui même.
mercredi 11 janvier 2006 à 13h07
A lire également de Sepulveda "Le neveu l'Amérique", très fort aussi.
Bien à vous tous,
mercredi 11 janvier 2006 à 18h32
je ne lis jamais les prefaces
a chaque fois je suis déçue c'est souvent trop "passage de pomade" a l'auteur.. mais c'est un simple point de vue personnel
Bon bah la liste des "livres a se procurer et a lire avant la retraite" ne diminue pas !
vendredi 13 janvier 2006 à 21h41
Arsenik > retraite ? on en aura pour plusieurs vies à lire toute la liste qu'on étoffe jour après jour. C'est d'ailleurs plutôt une bonne nouvelle.
samedi 11 février 2006 à 21h05
A y est ! Je l'ai lu cet après-midi. Ce livre est à la fois une gourmandise et un signal d'alarme. Et que dire de ces baleines... Une leçon pour bien des humains. Merci Obni pour cette découverte.
mercredi 6 décembre 2006 à 17h01
Le livre qui m'a fait découvrir Sépulveda.
Je l'ai aimé, je m'en suis repu. Parcourir les mers, partir sans savoir de quoi le lendemain serait fait. Le rêve de tous ceux qui ont dans leur coeur un peu d'aventure et aux coins des yeux comme des embruns de rêves d'enfant.
Absolument à découvrir...
jeudi 7 décembre 2006 à 20h34
Salut Cœur de Chene
Tout comme toi, j'ai découvert Sépulveda avec ce roman. Pourtant, c'est loin d'être mon préféré : je grade une immense tendresse et émerveillement pour le "vieil homme qui lisait...".
vendredi 7 octobre 2011 à 11h12
Dimanche 9 octobre, à 16h30 documentaire sur ARTE
"Luis Sepúlveda, l'écrivain du bout du monde"
Merci de diffuser l'information