Ses voisins ne supportent pas le moindre bruit. Comment faire quand les murs sont fins comme du papier? Accepter et se soumettre? Ou se rebeller et s'imposer? Trelkovsky ne veut pas avoir d'ennuis, il tient à garder son appartement. Alors il tente, tant bien que mal, de se faire le plus discret possible. Mais rien à faire, ses voisins trouvent toujours quelque chose à lui reprocher.
Mais très vite, Trelkovsky se rend compte que ses voisins ont un comportement étrange; il est témoin de phénomènes de plus en plus mystérieux. Et si Mademoiselle Choule, la précédente locataire était une victime de cet immeuble? Le doute s'insinue lentement

Ce livre est absolument fabuleux! En le lisant, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec "Rosemary's baby" d'Ira Levin, mis en images magnifiquement par Roman Polansky. Ici aussi l'angoisse se met en place lentement, insidieusement, sournoisement... Le lecteur est pris au piège pour son plus grand plaisir. Et tout au long de la lecture une seule question tourne en boucle : Trelkovsky est-il fou ou est-il pris dans un engrenage infernal? La réponse je ne vous la révèlerai pas et vous laisserai la découvrir. Mais je ne peux que vous encourager à donner libre cours à votre curiosité et à vous précipiter sur cette histoire machiavélique. Maintenant, je n'ai qu'une envie : voir le film tiré de ce livre. Et je ne me fais aucun soucis sur l'adaptation puisqu'elle est signée de ... Roman Polansky bien sûr!

Extrait :

"Un homme se tenait sur le palier. Il était grand, maigre, très maigre, et d'une pâleur anormale. Il était vêtu d'une longue robe de chambre grenant.
- Monsieur?... interrogea Trelkovsky.
- Vous faites du bruit, Monsieur, constata l'homme sur un ton menaçant. Il est plus d'une heure du matin et vous faites du bruit.
- Mais Monsieur, je vous assure, je reçois quelques amis et nous parlons tranquillement...
- Tranquillement? s'indigna l'homme ne montant le ton. J'habite au-dessus de chez vous et j'entends tout ce que vous dites. Vous remuez des chaises, vous marchez en faisant du bruit avec vos chaussures. C'est intenable. Est-ce que vous avez l'intention de continuer longtemps?
A force d'élever la voix, l'homme criait presque maintenant. Trelkovsky eut envie de lui faire remarquer que c'était lui qui réveillait tout le monde. Mais c'était sans doute ce qu'il souhaitait : attirer l'attention de l'immeuble sur la faute commise par Trelkovsky.
Une vieille dame, frileusement drapée dans un peignoir, apparut penchée sur la rampe qui menait au quatrième étage.
- Écoutez, Monsieur, assura Trelkovsky, je suis désolée de vous avoir réveillé. J'en suis confus. Désormais nous ferons attention...
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire de réveiller les gens à une heure du matin? En voilà des façons!
- Je ferai attention, répéta Trelkovsky un peu plus fort, mais de votre côté...
- Je n'ai jamais vu ça! Vous faites un chahut de tous les diables! Vous vous f... du monde? C'est bien joli de s'amuser, mais il y en a qui travaillent!
- Demain, c'est dimanche, et il est normal que je reçoive quelques amis, pour parler, un samedi soir...
- Non, Monsieur, il n'est pas normal de faire un tel chambard même un samedi soir...
- Je ferai attention, grinça Trelkovsky, et il referma la porte.
Il entendit encore l'autre, grommeler, puis s'adresser à la vieille femme qu'il avait vue, sans doute, car une voix féminine lui répondit. Au bout de deux ou trois minutes, pourtant, tout rentra dans le silence.
Trelkovsky porta la main à son coeur, il battait à coups redoublés. Un sueur froide mouillait son front."

le locataire chimérique
Éditions Buchet/Chastel - 185 pages