Dans sa fuite elle va rencontrer Nosh, homme ressemblant à un loup, puis Herbé qu’une métamorphose a rendu mi-homme, mi ... autre chose. Enfin arrivée dans la grande ville de Vassilor, Sha’Emma va s’inscrire à l’université pour y étudier les théories révisionnistes du professeur Valère concernant les métamorphoses. Avec lui elle va refaire le chemin à l’envers et comprendre d’abord d’où lui viennent les voix qu’elle entend quand son troisième œil s’ouvre et aussi qui sont réellement les Akae.

Merveilleux, j’en suis encore émerveillée !!! Même si on garde l’impression d’être sur Terre et d’avoir à faire à des humains il y a un sentiment indéniable de dépaysement. Et le suspens ... jusqu’aux dernières pages l’énigme des Akae est présente. Qui sont ces êtres ? Pourquoi ont-ils envahi Og’umbi ? Et surtout pourquoi et comment ont-ils disparu ? Francine Pelletier joue avec nos nerfs pendant 300 pages, elle jongle avec le futur le présent, l’ici et l’ailleurs, à merveille.

Par Arsenik_

Extrait :

"Un froissement de branche l'avertit que Nosh s'était mis en marche. Elle le suivit à travers bois jusqu'à la rivière dont ils longèrent longtemps le cours. L'air se faisait plus frais, mais la marche mettait Ema en sueur. La rivière murmurait une invitation à s'y plonger. Quand enfin Nosh s'arrêta, Ema faillit lui demander s'il était bien certain de se trouver à la hauteur d'Ilor, puis elle se dit que le shaah et la troupe voyageaient sans cesse, et que Nosh devait connaître les distances.
Il choisit un emplacement sous les arbres à proximité de l'eau. C'était peu probable que des habitants d'Ilor viennent en promenade à la rivière après une journée de travail aux champs, surtout alors qu'un rare divertissement les attendait au village ce soir, mais le shaah ne prenait aucun risque.
Ema le vit qui ramassait du bois mort en prévision de la soirée, et elle l'imita, toujours sans un mot. Dans sa quête de combustible pour le feu, trouvant des baies comestibles, elle fit un panier d'un pan de sa jupe et le remplit. Lorsqu'elle rejoignit Nosh, il lui tendit un plat pour qu'elle y déverse sa récolte.
À l'instar de la veille, le soleil flamboyait dans le crépuscule. Bientôt, la fraîcheur de la nuit tomberait sur le bois. Ema se rendit à la rivière pour profiter de la tiédeur du couchant. Elle se baigna en chemise. Quand elle revint au campement, Nosh semblait ne pas avoir bougé d'un poil. Elle se fit une couche de fougère et s'y étendit, les yeux fixés au faîte de l'arbre au-dessus d'elle et, par-delà le feuillage, au morceau de ciel bleu qu'elle entrevoyait.
Ce n'était pas une vie désagréable que celle des nomades. On gagnait sa pitance au jour le jour, allant de village en hameau, tout doucement, sans se presser. Bien sûr, elle ne possédait pas la voix impressionnante d'Oda ni les talents de jongleur de Pepi, mais elle pouvait être utile à Lévi. Elle apprendrait à fabriquer les marionnettes, à coudre leurs costumes et, même, à les manipuler...
Et il y avait l'hiver en ville. Là, elle trouverait du travail, c'était certain. Peut-être même pourrait-elle gagner assez pour aider la troupe durant le reste de l'année.
Elle glissa dans le sommeil avec un léger sourire aux lèvres - un sourire d'autodérision pour la nouvelle fiction qu'elle s'inventait. Sa main, comme indépendante de sa volonté, caressait l'oeil en gestation sous ses vêtements.

les jours de l'ombre
Éditions Alire - 320 pages