Cette histoire, beaucoup d'entre-vous doivent l'avoir vue sur grand écran. N'ayant pas eu ce plaisir, c'est l'imagination vierge de tout à priori que j'ai entamé ce récit.

Dès les premières pages, j'ai entendu la voix de mon arrière-grand-père qui me racontait sa guerre. J'ai retrouvé dans les mots de Japrisot, le témoignage de mon aïeul.
Toute la première partie, qui est en fait une suite de correspondances de ceux qui ont vécu la guerre sur le front ou dans l'attente, est absolument passionnante.
Ensuite, j'ai trouvé que l'intrigue s'essoufflait un peu et traînait en longueur, mais j'ai continé de m'accrocher à la ténacité de Mathilde.
Je trouve par contre que les 3 dernières pages de l'avant dernier chapitre sont en trop. Quelle déception après tant de chemin. Nous ne sommes pas à Hollywood, et sans vouloir faire de l'anti-américanisme primaire, nous savons bien que les issues ne sont pas toujours heureuses. Je trouve que ces quelques lignes appauvrissent le propos et leur présence m'a laissée en bouche un goût bien plus amer que si elles avaient été absentes.

Du même auteur, j'ai également lu Adieu l'ami.

Laurence

Personnellement, j’avais vu le film à sa sortie, il y a quelques années déjà, et même si mon souvenir n’étais pas très clair, ça m’enlevait mon envie de lecture. Je me demandais où était l’intérêt de lire une histoire d’enquête et de mystère… quand on connaît la fin !

Or l’intérêt est indéniable. Le style de Japrisot est unique et coloré ; il propulse le lecteur dans un tout autre univers. Contrairement à Laurence je n’ai pas trouvé de longueurs, même si au départ j’ai trouvé le fil parfois un peu ténu et l’emballage confus. Le style de Japrisot peut être déroutant et les personnages assez nombreux pour qu’on s’y perde.

Contrairement à Laurence aussi (ça devient une habitude !), moi j’ai bien aimé la fin où j’ai d’ailleurs pleuré plus que pour ma part… Mais pas pour les raisons que l’on pense. Je ne veux pas trop en parlé, mais disons que pour ma part, on ne me fera jamais dire que cette histoire se finit bien.

Il y a quelques mois déjà que je suis les Chats avec leur Aristochat et je les félicite de toujours choisir des auteurs avec des voix uniques. Ça fait plaisir.

Par Catherine
le 14 septembre 2008

Extrait :

"Dans l'abri où aboutissait le téléphone, il m'a pris à part, en demandant à un caporal qui se trouvait là d'aller respirer le bon air du moment. Il m'a lancé tout à trac : "Bordel de merde, Esperanza, vous ne pouviez pas vous arranger pour larguer ces pauvres types en route?" Je n'ai pas voulu comprendre. Il m'a dit : "Tourner les yeux pour qu'ils s'enfuient, leur botter le cul pour qu'ils courent plus vite, n'importe quoi!" J'ai répondu : "Je serai dans de beaux draps, maintenant. Vous ne voulez pas d'histoires mais mon commandant encore moins Moi, mes ordres sont de vous amener cinq condamnés en conseil de guerre. Ce que vous en ferez, je n'ai pas à le savoir, sinon on me l'aurait dit."
Il était encore plus furieux : "Ah, parce qu'on ne vous l'a pas dit? Et bien, moi, non seulement je ne suis pas cachottier, mais je tiens à ce que vous le sachiez ! À la nuit, les bras attachés, on va les balancer dans le bled, en avant des barbelés de Bingo, et on les y laissera crever ou se faire trouver la peau par ceux d'en face ! Voilà mes ordres à moi, sergent! Ou dois-je dire prévôt? Voilà mes saleté d'ordres! Avez-vous déjà entendu pareilles conneries?"

un long dimanche
Éditions Folio - 373 pages