En effet, chaque conte, sous forme de métaphore, a pour mission de "guérir un symptôme, de modifier ou de transformer une relation vécue comme insatisfaisante ou douloureuse, de restaurer des liens conflictuels, de provoquer un changement dans un mode de vie, et le plus souvent dans une façon d'être". Ils suscitent un éveil, une prise de conscience…

J'aime faire découvrir ce livre. D' habitude je demande au "découvreur" de choisir un numéro de page et je lui lis le conte correspondant. A chaque fois, c'est la même chose, le conte lui parle… Même (et justement) si pour moi, il est hermétique.

Plus de 70 histoires tendres et ludiques, mettant en scène des animaux, des végétaux ou des humains (entre autres), comme par exemple :

  • Le conte du papa Hérisson Kycétou et de la maman Hérisson Kycétouf
  • Le conte du petit arbre très courageux
  • Il était une fois le magicien des peurs...
  • Le conte de Mallodo l'incompris

J'en extrais donc un qui est assez court pour passer en entier sur le blog.

Par Nadumel

Le conte des maux de tête :

"Dans ce pays-là, que je connais bien pour l'avoir visité, tous les enfants naissaient avec une graine d'amour, qui ne pouvait germer que dans leur cœur.
Ce qu'il faut savoir, c'est que cette graine avait une particularité… très originale, en ce sens qu'elle était constituée de deux moitiés de graines. Une moitié de graine d'amour pour soi et une moitié de graine d'amour pour autrui.
Vous allez tout de suite me dire : "Ce n'est pas juste, c'est disproportionné, ça ne peut pas marcher ! Une moitié pour un, d'accord, car il faut s'aimer. Mais une seule moitié de graine d'amour pour autrui, pour tous les autres, ah non alors ! Cela va bien au début de la vie, quand un enfant n'a pas beaucoup de personnes à aimer, seulement sa mère, son père, un ou deux grands-parents… Mais plus tard, vous y pensez, plus tard, quand devenu adulte chacun est susceptible d'aimer beaucoup de personnes, cela est déséquilibré. Une seule moitié de graine d'amour à partager entre tant d'amours… Cela est invivable !".
Oui, vous me diriez tout cela avec passion, mais c'était ainsi dans ce pays ! Et d'ailleurs, ceux qui savaient laisser germer et laisser fleurir chacune de leurs moitiés de graine d'amour, avec intensité, avec passion, avec enthousiasme et respect, ceux-là découvraient plus tard qu'ils pouvaient à la fois s'aimer et aimer, aimer et être aimés.
Ceux qui ne développaient qu'une moitié de graine, soit en s'aimant trop, soit en n'aimant que les autres, soit encore en n'aimant qu'une seule personne au monde, ceux-là avaient des mi-graines qui durcissaient, qui durcissaient tellement leur cœur… que parfois leur tête éclatait de douleur.
Ah ! Vivre seulement avec une mi-graine d'amour, cela doit être terrible ! D'autant plus qu'il n'y a aucun remède à ces migraines et qu'elles sont susceptibles de durer des années.

Ainsi se termine le conte des maux de tête qui sont surtout des maux de cœur."

couverture du livre
Editions Albin Michel - 376 pages