L'histoire se passe à Londres. Guilhaume, le narrateur, débarque de France, et comme beaucoup d'Européens, cherche un travail.
Fresh, une chaîne de restauration rapide spécialisée dans le sandwich-baguette, l'accueille en son sein. Guilhaume nous raconte donc son parcours professionnel d'un an dans cette "grande famille".

Quiconque a, comme moi, déjà travaillé au moins quelques mois dans un fast-food, n'apprendra rien de neuf : les horaires surchargés, la paye qui frôle le risible, les clients imbuvables et hautains, le soi-disant esprit d'équipe, l'hypocrisie ambiante, le pathétique des promotions hiérarchiques, les beuveries du week-end pour surtout oublier que sa vie ne ressemble à rien etc...
Tout cela a déjà été dit et redit lors de reportages. J'attendais donc de trouver un style, une façon de raconter tout cela sous un jour nouveau. Mais l'ensemble est plat, sans saveur, un peu comme ce que l'on nous propose dans ces chaînes de mal-bouffe : ça se lit vite, facilement, mais on reste sur sa faim.

Extrait :

"Dans les vestiaires ça ne rigolait pas.
David était écrasé sur une chaise et répétait à voix basse qu'il était défoncé, Joanna racontait qu'elle serait prête à tuer pour pouvoir rentrer chez elle, Anders expliquait mollement à Cerys qu'il s'était couché à quatre heures du matin, ivre mort comme d'habitude, Cerys lâchait des soupirs longs comme mon bras en tripotant sa casquettes et Astrid brossait ses cheveux dans son coin en marmonnant des trucs incompréhensibles (de temps en temps on discernait un putain ou un merde). J'étais au milieu d'eux en uniforme Fresh. J'essayais de ne pas trop la ramener, enfin comme tout le monde j'ai parfois besoin de prouver que j'existe. Ca doit être pour cette raison que j'ai demandé :
- C'est chiant comme boulot?
Il y a eu un temps. Un temps très long et très vide.
Puis David a murmuré d'une voix blanche :
- C'est la misère.
Le reste des vestiaires a approuvé en haussant les épaules. Des bâillements se sont dégonflés comme des ballons de baudruche. J'ai trouvé ça très encourageant.
- C'est dur de se faire embaucher? j'ai demandé.
Le vestiaire entier s'est réveillé pour me répondre.
- Pas du tout.
- Ils ont trop besoin de personnel.
- Personne ne veux de ce boulot.
- Même ceux qui l'ont déjà.
- ça c'est vrai, a acquiescé David, et Anders et lui s'en sont donné cinq"

le petit grain de café argenté
Éditions Le Dilettante - 253 pages