Brigitte Veraldi a choisi, pour ce regroupement, six "romans concentrés" de la première période d'Huxley (1920/1930), celle d'avant "Le Meilleur des mondes" : "Les Claxton", "la Cure de repos", "le Sourire de la Joconde", "le Petit mexicain", "Chawdron" et "le Jeune Archimède".
Chacun de ces récits s'attache à décrire un moment de vie : les personnages, leur caractère, leurs réactions, sont au centre de l'écriture l'Aldous Huxley. On retrouve, comme un fil rouge, l'Italie des années 20.
Dans la préface, Brigitte Veraldi parle de virtuosité, de superbe technique de la littérature, dont "la supériorité et la singularité [...] s'imposent de la façon la plus frappante dans l'étendue et la diversité de son esprit.". Elle met en parallèle ces récits avec ceux de Flaubert.
Je veux bien. Tout ça et même plus. N'empêche que je me suis ennuyée.
Bien sûr, certains passages (assez rares) ont réussi à me captiver. Mais j'ai trouvé l'ensemble trop lent, trop descriptif. Les histoires commencent et s'arrêtent au hasard, et dans l'intervalle il ne se passe rien ou presque.... Déçue donc. Et pourtant... au moment où je retranscrits ce billet de mon carnet au blog, cela fait déjà quelques semaines que j'ai lu le recueil. Comme d'habitude, j'ai écrit mes notes juste après avoir fermé le livre. Et aujourd'hui, chacun des titres des nouvelles me laissent une impression à la fois fugace et persistante. Une tendresse pour certains des personnages, un sourire pour quelques récits. C'est une sensation très étrange : je garde un souvenir agréable d'une lecture qui m'a ennuyée...
En tout cas, je testerai un autre roman d'Huxley, à "la seconde manière" (après 1938) cette fois.
Par Laurence
Contrairement à Laurence, pour ma part j’ai vraiment beaucoup apprécié ce recueil de courts romans. N’ayant pas lu Le meilleur des mondes (je sais, je sais, c’est impardonnable, surtout pour une politologue), je ne peux pas comparer, mais j’ai savouré la précision du verbe, l’humour corrosif et les personnalités complexes même si par moment, j’ai moi aussi trouvé les descriptions un peu lourdes.
Des six récits, j’ai un coup de cœur particulier pour «Chawdron» tout en ayant conscience que c’est peut-être le récit le moins facile du recueil. Malgré la narration particulière, j’ai vraiment adoré la façon très fine dont le personnage qui décrit Chawdron dresse le portait psychologique de ce bonze de la finance. Vraiment délectable.
Seul bémol, autant je trouve que chacun des récits a un début tonitruant (l’art de commencer un récit) autant les fins m’ont généralement déçue. La volonté manifeste de terminer le récit sur une ouverture (la vie continue après tout), m’a fait regretté les finales punchées auxquelles on s’attend. En même temps, je crois que subtilement il s’agit là d’une des forces des récits qui fait que ceux-ci nous habitent longuement par la suite.
Par Catherine
le 11 décembre 2007
Extrait de "La Cure de repos":
"C'était tout son mariage qui avait été horrible. Depuis l'horrible lune de miel à Capri, lorsqu'il l'avait fait marcher trop loin, trop vite, uniquement pour lui lire sur une colline des extraits de Wordsworth, une fois montés à l'Aussichtspunkt; lorsqu'il lui avait parlé de l'amour et l'avait fait, bien trop fréquemment, et lorsqu'il lui avait dit les noms latins des plantes et des papillons - depuis cette horrible lune de miel jusqu'au jour où, il y avait de cela quatre mois, ses nerfs avaient craqué et où le docteur avait dit qu'elle avait besoin de calme, loin de John. Horrible ! Cette vie l'avait presque tuée. Et puis (avait-elle fini par réaliser), ce n'était pas une vie du tout. Tout juste une activité galvanique, comme la contraction d'une patte de grenouille morte lorsqu'on touche le nerf avec un fil électrique. Pas une vie, juste de la mort galvanisée."
Éditions Folio - 309 pages
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