Une restauratrice de tableaux, Julia, travaille sur une œuvre du peintre Van Huys, maître flamand du XVème siècle. L'œuvre représente une partie d'échecs, sur laquelle figurent trois personnages, dont l'un a été assassiné.

De nombreux mystères entourent cette œuvre : un message caché, des relents d'assassinat…

Arturo Pérez-Reverte utilise une mise en abîmes très ingénieuse : le passé, le présent, le chemin tracé par le cavalier, une case en avant puis une autre sur le côté, la dame, pièce maîtresse entre toutes , le fou… dans sa diagonale… le tout s'imbrique, se fait échos, s'amplifie… Un joueur mystérieux qui joue la partie à rebours… Des assassinats…

Ce livre m'a donné un éclairage assez étonnant de ce jeu.

Une partie d'échec c'est l'élaboration d'une stratégie qui vise à supprimer ou à contraindre le roi adverse à l'abandon. Ici, l'auteur nous met dans la peau du lecteur détective qui imagine comment on en est arrivé là : comment on est arrivé à cet instant figé par l'œil du peintre, qu'a-t-il voulu nous dire ?

Vraiment étonnant.

Du même auteur : Le pont des assassins, Cadix ou la diagonale du fou, La Reine du Sud, Le peintre de batailles, Le tango de la vieille garde

Par Obni


Totalement néophyte au jeu d'échec, je me suis d'abord demandé si j'arriverai à suivre l'intrigue. Mais suivant l'avis d'Obni, j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque et je n'ai pas été déçue.
Pour commencer, tout est là pour nous guider pas à pas dans cette partie machiavélique : les reproductions du plateau à ses différentes étapes, la progression des pièces... Cela m'a même permis de mieux comprendre la psychologie et l'intérêt de ce jeu. Je ne pensais pas que la façon de jouer et les stratégies employées pouvaient autant révéler un partenaire.
Mais ce qui m'a le plus séduit finalement, c'est toutes les références à la musique et à la peinture : la façon dont Bach composait ses morceaux, le travail de restauration, les évocations de tableaux de maîtres. J'ai même interrompu plus d'une fois ma lecture, pour aller voir sur internet les toiles évoquées.
Quant à l'intrigue, elle est sans faille. Une fois percé le mystère du tableau du maître flamand, voici que la réalité rattrape la fiction et que le jeu d'échec prend vie dans l'existence de notre pauvre héroïne. Les personnages sont fouillés, disséqués et terriblement complexes.
En lisant ce livre, j'ai repensé également à deux autres romans que j'avais lus l'année dernière : le Huit, bien sûr, puisque là aussi un jeu d'échec est le centre de toutes les attentions. Mais Da vinci code, pour son interprétation d'un tableau connu. Et force est de constaté que Arturo Perez-Reverte, excelle là où Dan Brown faillit : en gardant une intrigue résolument ancrée dans la réalité et en ne cédant pas à la facilité du mysticisme, Arturo Perez-Reverte nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne.

Par Laurence
le 11 juillet 2006


Extrait :

"Elle se regarda dans le miroir vénitien, à peine une ombre parmi les ombres, la tache légèrement plus pâle de son visage, un profil qui s'estompait, de grands yeux sombres, Alice qui se penchait de l'autre côté du miroir. Et elle se regarda dans le Van Huys, dans le miroir peint qui reflétait un autre miroir, le vénitien, reflet d'un reflet. Elle sentit alors le même vertige s'emparer d'elle et se dit qu'à cette heure de la nuit les miroirs, les tableaux et les échiquiers jouent de vilains tours à l'imagination."

le tableau du maitre
Éditions le livre de poche - 346 pages