En fait, la lettre de Cécile Dalfort contient "des propos très compromettants que [son mari, Gustave] avait tenus sur M.Doublard Despaumes, ses moeurs et sa vénalité, mais aussi une comédie satirique dont lui, Gustave, était le héros."
Et l'on tombe dans le parfait vaudeville. Tout y est : l'amant dans le placard, les portes qui claquent, le mari cocufié et les quiproquos.
Même l'écriture se rapproche plus des conventions théâtrales que du shéma narratif, puisque Louise Vilmorin privilégie les dialogues, et que les moments de narrations ne servent qu'à la descriptions des lieux ou des gestes.

Le problème, c'est que, non seulement je n'ai jamais était friande du vaudeville, mais qu'en plus je voulais lire un roman et non un croisement étrange entre théâtre et récit. Beaucoup d'espoir pour une lecture biaisée et décevante puisque basée sur un quiproquos malheureux.
En faisant des recherches pour trouver la couverture de ce roman, j'ai découvert que ce texte avait été adapté au cinéma en 1962, avec Micheline Presle et Jean Rochefort, mis en musique par Serge Gainsbourg. Peut-être la curiosité me poussera à voir ce film, et qui sait, trouverai-je pour une fois l'adaptation plus réussie que le roman.

Extrait :

"- Cécilie, ma chérie, qu’est-ce que tu as ? Tu souffres, tu es malade ?
- Malade ? Oh ! Non, ce n’est rien, c’est fini, répondit-elle en se recomposant et en se levant.
- Ah ! Tant mieux, tu m’as fait peur. Qui est cet homme que j’ai vu sortir d’ici ?
- Un homme ?... Ah ! oui, c’est vrai, un homme… Eh bien… Ah ! oui… c’est un docteur. Qui veux-tu que ce soit d’autre ?
- Un docteur ?
- Que tu es drôle, Gustave ! tu es le premier à me trouver l’air malade et tu t’étonnes qu’un docteur soit venu ?
- D’où le connais-tu ?
- Je ne le connais pas.
- Tu ne vas pas prétendre qu’il est tombé qu ciel ?
- Non, c’est un ami de …, elle hésita et le premier nom qui lui vint aux lèvres fut celui de Gilberte Ilot :
- C’est un mai de Gilberte.
- Gilberte ? je la croyais à Orléans.
- Cécilie fit semblant de s’impatienter :
- Gustave, si tu veux que je te réponde, commence par ne pas me poser de questions. Je me suis sentie mal pendant un essayage. C’est pourtant simple à comprendre ! Les femmes sont héroïques, je t’assure, et moi, je risque ma vie pour te plaire. Je veux te faire plaisir et m’habiller à ton goût et je me tue pour un arrondi.
- Un arrondi ? Je ne suis pas un arrondi, que je sache.
- Tu n’es pas non plus une pince. Je te parlais de l’arrondi d’une jupe. Les couturiers devraient avoir des docteurs dans leurs salons d’essayage et les femmes ne devraient essayer une robe qu’en présence d’un médecin."

la lettre dans un taxi
Édition Gallimard l'imaginaire - 147 pages