Après l'autodafé de plusieurs millions de manuscrits de grands auteurs du monde arabe, l'existence de la population musulmane sur le sol espagnol est menacée, la conversion ou l'exil sont les seuls choix possibles. Réunis autour de l'esprit de résistance, les plus jeunes membres du clan Banu Hudayl garderont jusqu'au dénouement l'espoir d'une cohabitation possible qui sera balayé par la force aveugle du fanatisme, sous les coups de l'Inquisition.

Par un écrivain britannique d'origine pakistanaise, un roman sur l'éradication de la civilisation musulmane en Espagne, à la fin du XVème siècle.

J'ai aimé ce livre pour la douceur de vivre dans cette Andalousie musulmane, où l'on prône la liberté d'esprit et d'opinion, ou l'érudition, l'esprit scientifique sont favorisés dans toutes les matières (médecine, mathématiques, astronomie, etc)., ouvrant la voie à la Renaissance. L''esprit de tolérance y régnait. Ce roman illustre combien le fanatisme religieux peut aboutir à l'horreur, sous prétexte d'unification territoriale. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec le film de Youssef Chahine, Le destin, qui m'avait tout autant marquée à l'époque. Dans la même veine de tolérance, je rapprocherai A l'ombre du grenadier du superbe Livre de Saphir de Gilbert Sinoué.

Dédale

Extrait :

"Yazid resta assis sous le grenadier. Il aimait cette heure de la journée, quand les oiseaux, avec force piaillements, se préparaient à regagner leur nid. Les coucous coucoulaient leurs derniers messages. Les colombes roucoulaient dasn le renfoncement de la tour qui surploombait le patio et le monde extérieur.

La lumière se transforma soudain et le silence se fit total. Le bleu intense du ciel s'était teinté d'orange et de pourpre, enveloppant d'un sortilège magique les somments des montagnes encore enneigées. Dans le patio de la grande demeure, Yazid plissa les yeux pour tenter d'apercevoir la première étoile, mais aucune n'était encore visible. Ne devait-il pas plutôt se dépêcher de courir vers la tour pour y scruter le ciel à la longue-vue ? Et si la première étoile venait à poindre alors qu'il était encore à monter les escaliers ? Yazid ferma plutôt les yeux comme si le parfum entêtant du jasmin avait enivré ses sens à la façon du haschich et lui donnait envie de dormir, mais en réalité, il comptait jusqu'à cinq cents. C'est comme cela qu'il tuait le temps jusqu'à l'apparition de l'étoile polaire."


Éditions Complexe - 220 pages