Héléna a toujours vénéré son père. A tel point qu'il fait partie intégrante de sa vie et qu'elle lui a tout sacrifié. L'arrivée de Paul M. est donc un véritable cataclysme.
Quels sont donc les secrets que son père lui a toujours tus?
Sur la quatrième de couverture, on peut lire : "Toutes les femmes ont un père : il faut bien comprendre ceci, qui n'est pas une évidence. Toutes les femmes ont un père : cela veut dire que toutes les femmes sont condamnées au malheur.". C'est par cette phrase on ne peut plus provocatrice qu'Eliette Abécassis attaque son roman. Son héroïne remonte le fil de son existence et nous parle de son père comme d'un demi-dieu. La mère, elle, est totalement absente. Comme un mantra, le groupe nominal "mon père" est omniprésent. Il revient presque à chaque phrase et parfois même plusieurs fois dans une seule. Comme si la narratrice voulait se convaincre de cette réalité, s'approprier l'homme, le faire sien, dans un tourbillon dangereux.
Un récit sur l'œdipe et les traumatismes que cela ne manque pas de provoquer. Quand le père tombe trop tard du piédestal et que les petites filles devenues quadragénaires réalisent, une fois qu'il n'est plus temps, que leur père n'était pas leur prince.
Du même auteur : Le trésors du temple
Extrait :
"Un matin, je me suis éloigné de mon père. C'était la veille du jour de mes vingt ans, le premier anniversaire que je passais sans lui. Le lendemain, mon père me téléphona tôt dans la journée pour me dire combien il était heureux du jour de ma naissance.
- Tu es le premier, dis-je.
Et le soir, tard, à nouveau, mon père appelait.
- Je suis le premier et le dernier.
Mon père était l'alpha et l'oméga. Il commençait et finissait ma journé; pourquoi sa mort n'aurait-elle pas été la fin de ma vie?
Mon père, lui, n'avait plus de père. Ainsi, il n'était que père, n'étant pas fils. Mon père n'avait pas de mère non plus. Mon père n'avait pas de frère : ainsi, il était le seul de son genre. Il était une espèce particulière : monpère était de l'espèce des pères. Mon père, qui n'avait pas de famille, semblait né d'une génération spontannée. Et moi, j'étais la fille de mon père, j'étais le fils de mon père, j'étais la mère de mon père et le père de mon père. Je comblais les manques insondables du coeur de mon père."
Éditions Albin Michel - 137 pages
Commentaires
mercredi 28 juin 2006 à 19h40
Mais tu as aimé, ou pas ?
jeudi 29 juin 2006 à 07h34
Je crois que j'ai aimé sans cependant avoir été transcendée. J'ai trouvé le parcours de cette femme absolument terrifiant. L'écriture, du fait de ces répétitions, est lancinante, hypnotique. Sensation étrange que de ne pouvoir dire si l'on a aimé ou non un livre...
jeudi 29 juin 2006 à 07h40
Oui, on le ressent dans ta critique !
Je n'ai encore jamais lu Eliette Abécassis, je crois que je commencerai par Qrman...
lundi 3 juillet 2006 à 14h01
J'avais beaucoup aimé.
samedi 25 novembre 2006 à 15h04
J'ai dû lire ce livre pour l'école, pour le cours de francais (je suis belge,flamande)et je l'ai bien aimé! C'est un livre qui n'est pas difficile ecrit, mais en meme temps un livre qui est super!
vendredi 5 janvier 2007 à 15h26
J'ai bien aimé ce livre le parcours de cette femme est étonnant, cependant je trouve qu'il y a un peut trop de redondance, dans la manière d'écrire.
jeudi 2 décembre 2010 à 18h00
Un récit intimiste sur l'œdipe et ses traumatismes où l'image du père tombe du piédestal où la jeune fille le met avec plaisir. Plus le temps est long, plus dure est la chute aux yeux d'une femme quadragénaire.
Ce n'est pas un roman qui m'a bouleversé, toutefois...
mercredi 9 novembre 2011 à 17h13
J'ai beaucoup aimé l'histoire! Les répetition étaient quelquefois lourde, mais l'écriture plutôt facile! La vie de la fille est vraiment terrifiante, je suis d'accord! Sa vie n'est pas facile... C'est un livre à lire à mon avis...
vendredi 3 février 2012 à 15h14
Livre magnifique. Une très belle plume.