Rien que les enquêteurs de l'époque aient réussi à résoudre. Personne n'a jamais compris pourquoi ce bus précisément avait été pris pour cible. Qui dans les quinze passagers était visé? Et si il y avait eu une seizième personne? Malgré tous les efforts déployés par les forces de police et les enquêtes parallèles menées par les journalistes, personne n'a réussi à expliquer cette boucherie.
Mais voici que 26 ans après les faits, de nouveaux indices, venant éclairer cette piste froide, tombent entre les mains de Jacques Duclos, journaliste d'investigation, déjà sur les lieux en 1974. Mais Jacques est intimement concerné...
Arrivera-t-il à garder le calme et l'objectivité nécessaires à cette quête pleine d'embûches?
Une fois de plus, je me suis régalée. Paul Colize a l'art d'assembler les pièces du puzzle avec malice et parcimonie.
Ce qui ne semble au départ qu'un récit éclaté, mêlant horreur, données médicales ou informatiques, prend forme doucement. Puis, tout à coup, le motif apparaît sous nos yeux et le rythme s'accélère. À partir de cet instant, peu importe les coup de fil, les bruits alentours : on n'y est pour personne. Le lecteur est pris dans les mailles du filet et veut savoir où l'auteur nous embarque.
Comble du luxe, la fin est soignée, crédible et pertinente. Une fois encore, l'écriture de Paul Colize est fluide et précise. Il est évident que pour écrire ce récit, il s'est documenté, mais cela n'est jamais fastidieux pour le lecteur, bien au contraire. Au fil de l'intrigue, on découvre notamment certains pans les plus sombres de notre Histoire.
Il me tarde donc qu'il nous publie rapidement un nouvel opus puisque j'ai fini de lire tout ce qu'il avait édité jusqu'à présent : Clair Obscur, Le valet de cœur et Les sanglots longs. Il est certain que c'est un auteur que je vais suivre avec attention : il ne démérite pas face à d'autres noms plus connus. Il y a vraiment un style "Colize" et c'est avec délice que j'ai dévoré chacune de ses histoires.
Pour revenir au roman de ce billet, je ne peux que vous le recommander chaudement : un bon polar à découvrir de toute urgence !
Du même auteur : Back-Up, Clair Obscur, Le valet de cœur, Les sanglots longs, Sun Tower, La troisième vague, Le baiser de l'ombre
Extrait :
Debout au milieu de son bureau, situé au numéro 2 de la Kaiserplatz, à Wiesbaden, Frank Dehm déballa un nouveau paquet de Ernte 23, et alluma sa quarante et unième cigarette de la journée.
Sous l'oeil attentif des membres de son équipe, il se dirigea une nouvelle fois vers le mur où il avait punaisé les photographies des quinze disparus, ainsi que les informations marquantes qu'il avait accumulées à leur sujet.
Il avait tracé, au marqueur, des flèches reliant certains clichés. Il complétait le diagramme chaque fois qu'il trouvait le lien unissant les victimes, et ce, au fur et à mesure de l'arrivée de nouvelles données.
À ce stade, la coïncidence le plus troublante était le prénom d'Helmut que trois des trépassés avaient choisi de donner à leur rejeton masculin. S'il était directeur au Quai des Orfèvres, à Paris, il aurait certainement levé là une piste déterminante.
Hélas, dans ce pays, ce prénom était aussi courant que Boris en Russie ou John au États-Unis.
En dehors de cela, l'un d'eux fêtait, en ce sinistre jour, son 39ème anniversaire et deux autres avaient fréquenté le même établissement scolaire, à Mannheim, lorsqu'ils avaient 8 ans.
Ses supérieurs réclamaient des explications, et l'opinion publique, encore secouée par l'attentat terroriste qui avait été perpétré lors des jeux olympiques de Munich, deux ans auparavant, témoignait d'un émoi tout particulier pour ce nouveau carnage.
Bonn lui avait dépêché les spécialistes en balistique les plus compétents, les médecins légistes les plus réputés, les criminologues les plus brillants et les psychiatres les plus avertis.
- Rien ! Absolument rien ! pas une empreinte, pas l'ombre d'un mobile, pas de revendication émanant d'un obscur groupement terroriste, pas de témoin, Rien ! Rien, et encore rien ! Neuf Allemands, deux Américains, un Italien, une Autrichienne, un suisse et un Turc se font trucider sous nos yeux, et quarante-huit heures après les faits, nous n'avons pas la première lettre du premier mot de la première phrase d'explication que nous pourrions jeter à tous ces enragés qui, les pieds dans leurs pantoufles, n'attendent qu'une seule chose : nous tourner en ridicule et nous lyncher sur la place publique !
Éditions SEFF - 290 pages.
Pour commander ce roman et les autres.
Commentaires
lundi 7 août 2006 à 13h48
Merci de nous faire découvrir cet auteur. Tu m'as mis l'eau à la bouche...
lundi 7 août 2006 à 13h53
Belle critique, ça donne vraiment envie de...continuer. Merci !
lundi 7 août 2006 à 17h37
Je signe et persite : il faut absolument lire Paul Colize !
Tout autre chose : comme le mois passé, je m'absente un peu plus d'une semaine. Pour éviter l'encombrement des spams, je vais modérer les commentaires : tous vos messages seront bien enregistrés mais mis en ligne à mon retour seulement. Par contre la publication des critiques, elle, continue pendant mon absence. À très vite.
mardi 3 octobre 2006 à 03h08
je viens de le terminer. Les éditeurs roupillent! J'ai lu des dizaines de polars moins bien ficelés que celui-là. et que dire de quatre valets et une dame ? Un auteur à suivre.
mardi 3 octobre 2006 à 08h17
Bonjour Morg

contente de t'acueillir ici
Et oui, je suis entièrement d'accord avec toi, les éditeurs français devraient se réveiller urgemment !!!!
dimanche 23 décembre 2007 à 16h43
coucou, article tres interesssant
je me demandais ce que tu voulais indiqur dans cette precision : et quarante-huit heures apres les faitsc... A+