Car monsieur Poutifard a subi pendant des années les moqueries et quolibets de ses élèves. Avec sa mère (monsieur Poutifard est un vieux célibataire), il choisit minutieusement ses trois victimes et prépare son plan de bataille.

La lecture de ce roman m'a beaucoup moins amusée que celle de Cornebique. Sûrement parce qu'après l'avoir entamée, je trouvais l'histoire un peu plus difficile à suivre pour mon jeune auditeur. Mais je dois me tromper, puisque celui-ci me réclamait chaque soir avec la même ardeur la suite des aventures. Il faut avouer que les deux premières vengeances sont assez coquaces : le premier élève sur lequel Poutifard décide de diriger sa foudre, est devenu un grand chef cuisinier. Et quoi de pire, dans un restaurant gastronomique qu'un garagiste criard et sans-gènes, accompagné de son mastodonte de chien? La description de la soirée vaut son pesant d'or. Pour sa seconde vengeance, Poutifard choisi deux soeurs qui ouvrent un salon d'esthétique. Elles ne s'attendaient pas à une inauguration aussi mouvementée.
La troisième? Je ne vous en dirai rien. Ce sera à vous de le découvrir.

Quand nous avons eu fini de lire la dernière phrase, il s'est passé quelque chose de magique : à l'initiative de mon fils, nous avons entamé une discussion, presque philosophique, sur le regard des autres, l'image que l'on projette de soi quand on est malheureux, notre capacité à déformer la réalité et l'importance d'avoir des amis pour nous aider dans ces cas-là.
Nous avons échangé pendant bien 20 minutes, chacun apportant, tour à tour, questions et réponses. Rien que pour ces instants mémorables, je suis très heureuse que nous ayons lu ensemble "La troisième vengeance de Monsieur Poutifard".

Pour les lecteurs dès 11 ans / Pour les "petits-auditeurs" dès 8 ans

Du même auteur : La ballade de Cornebique, L'enfant Océan, L'homme qui levait les pierres, La rivière à l'envers et Le combat d'hiver

Extrait :

Hélas, il avait presque terminé sa formation lorsqu'on lui enseigna une chose incroyable et révoltante : on n'avait pas le droit de fesser les enfants, ni de les soulever par les cheveux, ni même de les faire agenouiller sur une règle en fer comme autrefois. Lui, so timide d'ordinaire, osa demander, tout en rougissant :
- Et les oreilles? On peut les leur tirer un peu tout de même?
Ses collègues éclatèrent de rire et le professeur de l'École Normale répondit sur un ton moqueur :
- Non, on ne tire pas les oreilles non plus, Poutifard, je suis désolé...
Sa déception fut immense. Mais il était trop tard pour revenir en arrière. Instituteur il était devenu, institueur il resta.
Suivirent alors trente-sept années insupportables pendant lesquelles il faillit plusieurs fois devenir fou.

couverture
Édition Gallimard Jeunesse - Hors piste - 169 pages