Quelques semaines plus tard, Isabelle la Catholique et de Ferdinand d'Aragon proclament l'expulsion des Juifs hors du royaume d'Espagne. Yonah frère du jeune homme assassiné, va assister impuissant au massacre de ses parents qui n'avaient pas fui assez tôt.
Fou de rage face à cette cruauté sans nom, il décide de ne pas quitté le pays, mais surtout de ne jamais renier sa religion en souvenir des siens. Il devient donc "Le dernier juif" d'Espagne.
Commence alors pour lui un long périple dans cette période d'inquisition. Tour à tour marin, berger, armurier puis médecin, il passera son existence à déjouer ses concitoyens et à se méfier des conversos, devenus plus dangereux encore que les catholiques de souche.
Mais arrivé au terme de sa vie, il sera rattrapé par son passé de façon inattendue.
Ce livre est passionnant à plus d'un titre. Noah Gordon ne se contente pas de nous raconter avec talent cette époque trouble de l'Histoire espagnole. À travers le parcours de son protagoniste, c'est aussi un témoignage exemplaire sur le mode de vie des citoyens du 15° siècle mais aussi les progrès scientifiques et les différentes corps de métiers. J'ai particulièrement aimé toute la partie concernant la médecine.
Pour finir, c'est aussi un voyage fabuleux dans les différentes contrées de ce pays. Les descriptions s'offrent à nous comme autant de panorama splendides.
On suit Yonah, avec plaisir et angoisse, pendant plusieurs décennies : on découvre au fur et à mesure son évolution morale et sociale. Et quelle évolution !
Un récit initiatique riche à profusion, un voyage dans le temps et l'espace, une réflexion universelle sur l'être humain. Que demander de plus?
Extrait :
Beaucoup de juifs avaient déjà quitté la ville. Sur la route de Tolède, on en avait vu d'abord quelques-uns, puis des familles entières et enfin toute une marée, de jour comme de nuit, à laquelle se joignaient les expulsés venus d'autres régions. La cité résonnait du bruit de leur exode. Les émigrants cheminaient sous le soleil brûlant, à cheval et à dos d'âne, assis sur les sacs contenant leurs biens, ou dans des chariots tirés par des boeufs, ou encore à pied, trébuchant parfois sous le poids de leurs fardeaux. Pour se donner du courage, les femmes et les enfants chantaient et rythmaient leur marche au son de tambourins. Certaines enfantaient sur le bord du chemin, d'autres mouraient en couches. Le Conseil des Trente autorisait les étrangers à enterrer leurs défunts dans le cimetière juif, mais ne pouvait guère leur offrir d'avantage, pas même un minyan, autrement dit un groupe de dix hommes au minimum, pour réciter le Kaddisch. Jadis, les voyageurs en détresse auraient reçu assistance et hospitalité chez leurs coreligionnaires.
Les dominicains et les franciscains, ravis de cette expulsion pour laquelle ils avaient tant oeuvré, entreprirent activement de convertir autant d'âmes hérétiques que possible.
Éditions Michel Lafon - 388 pages
Commentaires
mercredi 18 octobre 2006 à 13h53
Ne pas oublier qu'à cette époque , juifs et musulmans , qui vécurent en harmonie pendant trois siècles dans ce brillant Etat Andalou établi par les arabes musulmans , subirent le même sort ... On peut lire aussi un très riche ouvrage historique sur ce sujet : la méditerranée et le monde méditerranéen au temps de Philippe 2 .... de Fernand Braudel
mercredi 18 octobre 2006 à 20h14
Ce livre est noté sur ma liste depuis un petit moment. Il faut juste que je lui mette la main dessus
Merci Laurence, ton billet va certainement accélérer le processus.
jeudi 19 octobre 2006 à 17h19
Et voilà, encore un livre qui me fait envie. Ca n'en finira jamais...
jeudi 19 octobre 2006 à 17h26
très joli site. Bravo et merci
jeudi 19 octobre 2006 à 18h19
Claudine : merci pour la référence. Je note

Dda : De rien
Loupiote : on en est tous là je crois :D
Inconnu : merci à toi et n'hésite pas à revenir par ici.
mercredi 13 juin 2007 à 11h45
Bonjour,
Merci pour ce commentaire, vraiment intéressant !
Claudine, tu as raison, et l'inquisition poursuivait aussi les catholiques que l'on soupçonnait de... toutes sortes de choses.
Mais les juifs ont été officiellement expulsés (sans biens, sans argent) d'Espagne en 1792... Et j'ai piqué quelques infos que voici :
"Dans les textes, les discriminations contre les juifs en Espagne ont été abolies en 1869 par la Constitution de la Ire République. Une loi de 1967 et la Constitution de 1978 ont affirmé le principe de liberté des cultes. Mais l’Espagne n’a établi qu’en 1986 des relations diplomatiques avec Israël."...
"le 31 mars 1992, le Roi d'Espagne Juan Carlos révoquera officiellement l'édit d'expulsion promulgué exactement cinq siècles plus tôt."
"En mars 1992, cinq cents ans après qu’Isabelle la Catholique eut signé le traité d’expulsion des juifs d’Espagne, le roi Juan Carlos entre au côté du président israélien Haïm Herzog dans la synagogue de Madrid, mettant ainsi fin à un épisode honteux de l’histoire de l’Espagne."
Sur l'inquisition espagnole, Michel del Castillo a écrit un extraordinaire roman : La tunique d'infamie.
à bientôt, je vais continuer à découvrir le site
samedi 21 novembre 2009 à 18h16
On m'avait conseillé cet auteur, alors après 'la cathédrale de la mer', j'ai continué sur : Le dernier juif et le médecin d'Ispahan.
Alors, on sait que la spécialité de N.Gordon, c'est la chirurgie, mais au moyen-âge, ça a une autre dimension, et de s'apercevoir que les pays arabes étaient très avancés. Envie d'accrocher sur 'Avicenne' de Sinoué.
dimanche 19 août 2012 à 12h37
J'ai lu le médecin d'Ispahan avec beaucoup d'enthousiasme et m'étais promis d'acheter d'autres livres de N. Gordon.
Voilà donc que je me lance et achète "Le dernier Juif", attirée par les bonnes critiques du livre.
J'en suis à la moitié et je suis très déçue de l'écriture, qui est tr-s différente de mon souvenir du Médecin d'ISpahan !
les chapitres se succèdent sans réel approfondissement, et les connaissances poussées dont on était témoins dans "Le Médecin..." sont seulement survolées et raccourcies par de malhabiles tournures syntaxiques...
Je finirais le livre au cas ou une bonne surprise m'attend à la fin, et aussi car l'histoire m'intéresse, mais voilà, je ne cache pas ma déception !