Il ne fallait rien de plus pour le la population se mette en quête de détails croustillants. Qui peut bien être réellement cette femme que l'on ne voit jamais? Bien malgré elle, Gisèle va se trouver au centre de l'attention de tous les villageois.
Impossible pour elle de bouger le petit doigt sans que cela soulève une quantité exponentielle d'hypothèses toutes plus extravagantes les unes que les autres.
L'arrivée de la cantatrice, comme un cailloux tombé dans l'eau dormante, va déclencher une série d'ondes concentriques. sous la surface apparemment calme, les passions se déchaînent et préparent le cataclysme final.
Les villageois, comme autant de stéréotypes (le pharmacien, l'ingénieur à la retraite, le quincaillier, le plombier, l'épicière etc...) deviennent les satellites de la diva. Tous veulent être vus avec elle.
Christophe Mercier distille avec talent l'ennui, les rumeurs et leurs conséquences. Son récit est une étude minutieuse des comportements humains. Tout comme le personnage de Madame Mirou (la propriétaire de l'hôtel), Christophe Mercier collectionne les âmes : il les polit, découvre chez ceux qui en avait un, le noyau de chaque caractère.. Rien n'échappe à sa plume : les jalousies, l'envie, la cupidité, le regret, la folie...
Au cours d'une narration volontairement lente, il raconte, avec beaucoup d'humour et de cynisme, ces petits riens qui font le quotidien de certaines campagnes, ou plus exactement la noirceur de la nature humaine.
J'ai pris un réel plaisir à suivre ces personnages, parfois émouvants au milieu de tous leurs vices.
(Du même auteur : Noël in Paris Noir)
Laurence
Extraits :
C'est cette année-là, à l'automne 197..., que Gisèle Prassmück vint s'installer à Saint-Pont. De son vrai nom, elle s'appelait Nicole Landier, comme vous et moi. Mais il y avait dans Prassmück un plus grand charme, du mystère, et il lui en fallait, dans son métier. Elle était cantatrice, et accompagnée de Nic Walton, son imprésario. Même, il vivait avec elle. On peut imaginer que c'était en tout bien tout honneur, d'ailleurs, car la maison était immense. Mais les campagnes sont médisantes. Et d'ailleurs, s'il ne se passait rien entre eux, pourquoi ne s'était-il pas installé dans la maison de gardien, au fond du parc, avec le couple de Polonais patibulaires? Elle était bien assez grande, elle aussi. (Les Polonais, c'est bien connu, sont tous patibulaires, avec de grosses moustaches de général Dourakine, même les femmes. Surtout lorsqu'on ne les a jamais vu, ce qui était le cas de ceux de madame Prassmück. Ils ne descendait jamais au village, et tout ce qu'on en savait, c'était par les rares initiés qui étaient allés au "Domaine". Mais rien de tel que l'exotisme et l'absence pour créer la légende, et tant qu'à faire, autant qu'elle soit noire...). [...]
Éditions Joëlle Losfeld - 190 pages
Commentaires
mardi 10 juin 2008 à 09h22
Qui est Christophe mercier ?
mercredi 11 juin 2008 à 18h29
un romancier me semble-t-il
à moins que je n'aie pas compris votre question... 