Flash-Back.
Polder, tel un chasseur à l'affût, traque ses nouvelles proies. Il s'agit cette fois du député Van Bever et de sa fille Elisa, mystérieuse amazone à la beauté enivrante.
Polder va tendre ses filets mais comment faire quand on tombe amoureux de l'ennemi?
Et tout à coup, Janet, Craven et Jason réapparaissent... sans la jeune Méléna. Le lecteur comprend alors que ce troisième volet se situe chronologiquement entre Si le diable m'étreint et L'ange au visage sale. Jason n'est pas encore parti, Méléna pas encore née, le loup pas sorti de ses montagnes. Encore que...
Encore que rien n'est jamais aussi simple avec Alain Claret.
Dans "Tout terriblement", le loup n'est pas sorti du bois, mais Miss Opium s'enveloppe de sa peau, de sa bestialité. Élisa est un personnage inquiétant et fascinant. Telle la veuve noire, elle prend dans sa toile le lecteur et l'avocat. Mais à son corps défendant, Élisa n'est elle aussi qu'une victime d'une machination bien plus complexe. Polder doit alors se battre contre une menace invisible mais pourtant bien présente pour sauver leur amour.
Pourtant, bien vite, les cadavres jonchent leur parcours. Et s'il n'y avait d'autre issue à leur passion qu'une mort violente?
Comme je vous l'ai dit, "Tout Terriblement" s'inscrit dans la trilogie amorcée avec Si le diable m'étreint. Cette fois, Alain Claret braque ses projecteurs sur Janet. Avant de s'isoler dans la montagne avec Craven et Jason, elle doit régler certaines affaires. On la retrouve donc enceinte, dans la réserve indienne où vit son père. Mais, elle va vite comprendre qu'on ne quitte pas le FBI aussi facilement. Bien vite, sa fuite va l'amener à croiser le chemin des deux amoureux maudits.
J'ai trouvé quelques clés qui m'avaient manqué à la fin de L'ange au visage sale, mais là encore, Alain Claret laisse volontairement planer le doute : il est question de clônage, de FBI, de complots politico-financiers, d'amour, de passion, de désirs, de violence...
Inutile d'essayer de nager à contre-courant. Il faut se laisser porter par le flot incessants des mots, et tant pis si l'on passe à côté de certains aspects de l'intrigue. L'essentiel n'est pas là.
Lire un roman d'Alain Claret c'est un peu comme assister à une séance de vaudou : on se laisse hypnotiser par son phrasé si singulier, et on ressent, plus qu'on ne la lit, la vie de ses personnages. Arrivé au point final, on se sent un peu groggy, pas mal secoué, mais on ne regrette pas de s'être lancé à corps perdu dans ce récit trouble et passionnel.
Je dois d'ailleurs avouer que je n'ai pu lire les deux romans à la suite. Il m'a fallu quelques semaines de pause, pour me ré-immerger dans cet univers... et je ne le regrette pas !
Vous avez encore un doute? Alors lisez l'extrait qui suit cet article, et vous comprendrez peut-être mieux de quoi je parle...
Pour mieux découvrir cet auteur, ne ratez pas l'interview exclusive qu'il a accordée au Biblioblog.
Du même auteur : Clichy Section, Si le diable m'étreint, L'ange au visage sale, Que savez-vous des morts? et Paysage sombre avec foudre
Extrait :
Elle s'appelait Élisa Van Bever. Il l'avait tout de suite appelée Miss Opium à cause du parfum qu'elle portait et de l'étrange sensation de vertige qu'il avait éprouvée dès les premières minutes passées avec elle. C'était une femme grande, qu'il avait toujours vue vêtue de noir, les traits finement redessinés par un maquillage digne d'un professionnel. Cette femme ne laissait jamais son image échapper à son contrôle. Elle était élégante, parfaite, sa vie devait être élégante et parfaite et quiconque l'approchait sentait les barreaux de sa propre existence tomber entre leurs deux corps dans ces grincements et des éclats de rouille. Mais si vous pouviez franchir vos propres barreaux, traverser l'image noire et mouvante qu'elle laissait derrière elle, alors vous tombiez dans un univers de parfum et de couleur qui allait broyer votre âme.
Lorsqu'il l'aborda, Emmanuel Saul Gabriel Polder n'avait plus d'âme, il l'avait brûlée pour que son esprit et son corps survivent. Il était là, dans la nuit transparente de Paris, le col de son manteau relevé, un chapeau baissé sur les yeux, à attendre sous un porche que cette femme apparaisse dans l'automne. Il était venu briser l'âme de cette femme qu'il ne connaissait pas et la lacérer de ses éclats brillants. Mais la vie est plus impitoyable que le monde qu'elle a créée.
Éditions Robert Laffont - 350 pages
Commentaires
lundi 22 janvier 2007 à 13h45
Décidémént, Claret me semble très, très fréquentable
Je vais suivre tes conseils et commencer par Si le Diable m'étreint au plus vite!