Ils sont un peu crâneurs sur ce coup là me dis-je en en mon for intérieur, car, comme disait Desproges - j’ai un for intérieur - et je le sollicite parfois dans les allées de la Fnac. Crâneurs mais classes car le Botticelli est vraiment beau, quant au titre : « Le Maudit » …ça, pour appâter le gardon, ils sont forts. Bref, vous auriez fait pareil, je craque et pour environ 16 € me voila l’heureux propriétaire d’un roman …que je n’oublierai jamais !

Un territoire imaginaire, découpé en fiefs dont les seigneurs sont les vassaux d’un Régent, que Myrielle Marc ne décrit pas mais dont on comprend vite qu’il est un homme cruel et sans honneur.

Un crime terrible, dont l’auteur, Le Maudit, est condamné à une peine cruelle : le port d’un bracelet vert qui de façon imprévisible déverse dans le bras une substance qui cause une douleur dont l’intensité varie, allant parfois fleureter avec l’insupportable et arrachant au maudit des cris déchirants.

Une relation particulière, qui va se nouer entre Emmanuel, le Seigneur de Louvars, chez qui le Régent envoie le condamné purger sa peine, homme sévère mais profondément droit et juste, et Oleg, Le Maudit, qui doit bien être fou pour avoir commis un tel crime, mais qui aujourd’hui ressemble si peu à son geste.

Tels sont les éléments de ce livre … que je n’oublierai pas. C’est un roman humaniste qui parle au cœur et qui raisonne d’intelligence. Le fait qu’il ait été écrit par son auteure à 17 ans, repris à 40 ans et publié à 60 explique peut-être l’amplitude de l’écho : il parle de la vie, de la souffrance depuis tous les âges. Et c’est un peu magique …

Par Alain


Les critiques qui suivent ont été mises en ligne le 06 juillet à la suite du "Prix Biblioblog"


Que dire de ce livre ? Comment trouver les bons mots pour vous dire à quel point il m’a émue, touchée au plus profond de mon être ? C’est un roman que je ne suis pas prête d’oublier si simple et si fort en même temps. Tout comme le seigneur moi non plus je n’avais rien vu venir et pourtant la fin s’impose par elle-même, presque a vous tirer les larmes des yeux. Cette histoire est racontée par une grand-mère à sa petite fille, tout est y comme au temps du moyen-âge ou de la table ronde avec un prince juste et droit et un régent retords avide de pouvoir. Un fort joli conte écrit par Myrielle Marc à l’âge de 17 ans quand elle avait besoin de se créer l’image d’un père a pris de la force avec le temps et la réécriture et je pense que cela fait toute la beauté de ce roman.

Arsenik_


J’ai bien aimé ce livre. Je l’ai dévoré en fait et je n’ai pas pu m’arrêter pour les 60 dernières pages. Comme souvent dans les romans à intrigue, quand les fils commencent à se dénouer je ne peux plus m’arrêter.
Le roman est intelligent, bien monté, avec une forme narrative très intelligente. C’est vraiment un conte, dans toute l’ampleur du genre. Les personnages sont attachants et ce malgré certains passages très violents et très cruels.
J’ai donc bien aimé ce livre. Mon seul bémol (majeur !), c’est que j’avais deviné la clé de l’intrigue assez tôt dans le roman. Mais ça n’a pas diminué le plaisir.

Catherine


Donc Le Maudit, que j'avais noté dans ma LAL après avoir lu la critique d'Alain et auquel je ne m'attendais pas du tout. Je crois que c'est celui qui m'a le plus surpris par son contenu. Tout à coup, après trois pages, je me suis retrouvé propulsé dans le temps, sans trop savoir où ni quand, avec des gens que j'assimilais à des personnages de la Renaissance, mais bénéficiant de technologies bizarre (ce fameux bracelet m'avait tout l'air d'être magique). Donc me voici errant dans une histoire se déroulant à une période que j'apprécie énormément, qui plus est. Ensuite, l'histoire est présentée comme un conte raconté à un enfant, et enfin il y a des éléments relativement pas rat-normal ;) Donc tout ce qu'il faut pour que j'accroche.
De plus, le style de l'auteur m'a plu d'emblée et même si finalement je me suis attendu au dénouement, je suis resté scotché au roman jusqu'au bout.
Un grand moment de plaisir (je l'ai d'ailleurs déjà prêté à un ami :) )

Cœurdechêne


Cette histoire a été pour moi une très bonne découverte, une belle surprise. J’ai bien aimé ce huis-clos dans ce château aux marches nord de l’ïle de Systèle.
Une intrigue très bien menée. J’ai plongé à fonds dans cette épopée médiévale. Des personnages étudiés en profondeur. Un mystère maintenu avec maestria jusqu’au bout. On ne peut que dire à la dernière page : oui, mais c’est bien sûr !!
De belles interrogations également sur le bien, le mal, la part de folie dans les actes criminels. Est-ce que les sanctions pour un acte réprouvé ne peuvent-elles avoir de limites dans leur applications ? Surtout si elles deviennent aussi inhumaines que le crime qu’elles tendent à punir ? J’aime ces livres qui nous interrogent.
Le seul bémol que je pourrai noté : l’absence de femmes parmi les personnages principaux. Selon l’auteur, la vie sur Systèle serait-elle uniquement masculine ?
Ce point mis à part, j’en reprendrais bien encore de ces histoires de Systèle.

Dédale


Dans un château, sur une île qui n’a peut-être jamais existée, y est amené un jeune homme qui n’a que dix-neuf ans et qui a été condamné pour parricide. L’emprisonnement est doublé d’un terrible supplice et d’autant plus cruel, qu’il doit porter à tout jamais un bracelet vert, celui de la torture.
Le seigneur des lieux, Emmanuel de Louvars à peine plus âgé, a pour devoir de garder le captif en sa demeure.
Le geôlier, témoin quotidien des souffrances qu’endure celui qui se nomme désormais le Maudit, s’interroge.
Au fil de l’histoire, la relation entre les deux hommes, qu’un respect mutuel lie, se transforme en amitié.
C’est un conte qui tire sur le médiéval, même si aucune date ne le situe, peut-être le fantastique ou l’onirique, je ne sais pas. Mais j’ai dévoré ce livre, comme je le fais pour un Naudin, captivant, jusqu’à la pirouette finale même si déçue que quelques pages supplémentaires ne poursuivent pas le charme.
L’écriture élégante et sombre à la fois de l’auteur(e) m’a emportée, pleine de compassion pour cet adolescent/enfant troublant, courageux et digne, entouré de mystères et à la fois charmée par ce jeune seigneur, isolé, détaché et loin de la folie des hommes, juste et droit, mais qui semble souffrir psychologiquement au moins autant que souffre physiquement celui à qui il inflige ce dur châtiment.
J’ignore si je ne l’oublierais jamais comme titré le bandeau rouge sur la couverture, cette amitié très forte, fraternelle jusqu’à au troublant m’a ensorcelée !

« Ma grand-mère s’arrêtait là, chaque fois, et ma regardait avec méfiance. ‘C’est une histoire effrayante que celle du Maudit de Varielles, disait-elle. Il y ad u sang, des fouets, des barbares agonisants dans une cage de fer, des enfants rassemblés dans une douve pour y mourir, et mille fois de quoi faire un cauchemar cette nuit. Veux-tu que je te raconte plutôt les amours de Valine avec le barde blond, au IIIème siècle de Systèle’ J’en pâlissais d’horreur. ‘Je n’ai pas peur, disais-je. Je connais déjà l’histoire du Maudit. Je n’ai pas peur du tout. Vas-y.’ Elle allait. Les six grands chevaux noirs, un instant arrêtés sur la ligne des falaises, reprenaient leur course sombre. Et dans la salle de Louvars, la main du seigneur, sui s’était figée au-dessus de la table, s’animait de nouveau et se posait sur le bois ciré. Une chevalière brillait à l’annulaire. »

Google


Je me suis un peu ennuyé à la lecture de ce roman, car une fois les personnages et l’intrigue présentés, une répétition continuelle de scènes identiques s’installe. Mais saluons l’auteure qui a écrit ce roman à 17 ans pour le publier à 57 !

Hélène


J'ai beaucoup aimé ce livre qui se présente comme un conte. Il y a une réelle sensibilité dans la manière dont sont décrites les relations entre le seigneur Emmanuel et le Maudit. La fascinante scène où le Maudit est puni de trente coups de fouet en est un des premiers moments forts. Tout au long du récit, le lecteur ne peut que se forger l'opinion que le Maudit n'est pas celui qu'on croit, et quand cette hypothèse est confrontée à la réalité lors du dénouement, ce dernier n'en est que plus délectable.

Joël


Une histoire étonnante. Je n'ai decouvert le pot au rose que peu de temps avant que l'auteur ne leve le voile. Je ne suis pas une fan de fantaisy (à part "le seigneur des anneaux") mais ce livre à un coté intemporel très interessant. Le rapport au pouvoir est d'actualité. C'est un livre à lire au second degré. Attention si vous ne supportez pas la violence, peut être vaut il mieux passer votre tour.

Kez


17 ans. Elle avait 17 ans quand elle a écrit ce roman !
Et pourtant, l'écriture est déjà très mature. On sent la jeune fille qui s'est construite une mythologie pour y puiser des repères et des lois.
Même si j'ai compris très vite qui était le Maudit, j'ai été très touchée par l'amitié de ces deux hommes prêts à assumer leur destin jusqu'au bout. Il y a quelque chose de la tragédie grecque dans ce récit.
Un voyage féerique à l'intérieur des âmes humaines.

Laurence


Sélection du Prix Biblioblog 2007

Extrait :

« Emmanuel le revit debout sur l’estrade de la tour, trois mois auparavant, levant les mains vers les anneaux. Sa méfiance l’avait quitté cette nuit-là et c’était après qu’il s’était si bien mêlé à la vie de Louvars… Pourquoi ?
- Ma tour a toujours eu mauvaise réputation dit-il.
- Elle la mérite. Et qui a inventé ces anneaux diaboliques ?
- Othon IV. Un de mes ancêtres.
- Sinistre personnage, si je puis me permettre … et pourri d’orgueil.
- Pourquoi ?
- Mais parce qu’il a feint de laisser un semblant de libre arbitre aux mouches prises dans sa toile… « si tu lâches mes chaînes, petite mouche, tu souffriras davantage, c’est à toi de voir …Je te traite en homme libre et responsable, ce que je suis moi-même au plus haut degré, Othon IV qui te regarde… » Est-ce que vous assistez toujours aux réjouissances, Seigneur ?
- Au-delà de vingt coups, oui. C’est l’usage.
- Beaucoup de Seigneurs du Sud s’en dispensent.
- Eh bien, ils ont tort.
Le Maudit lui lança un regard amusé :
- Je vous connaissais encore très mal ce soir là. Vous étiez assez effrayant, assis là, avec votre cape… On avait presque l’impression que vous alliez vous saisir vous-même du fouet si votre bourreau ne frappait pas assez fort. Sérieusement, Monseigneur, vous étiez beaucoup plus inquiétant que lui…Et je vous prenais encore pour une sorte de monstre.
C’est vrai ?
- Bien sûr que c’est vrai. Il y avait cinq mois, dans mon esprit, que vous vous amusiez avec moi comme un chat avec une souris, attendant de pouvoir me prendre en faute…Ce soir là c’était fait. Enfin. Vous vous léchiez les babines. Vous me regardiez et vous guettiez avec délectation un signe de peur… Stupéfait, Emmanuel se mit à rire.
- Comme c’est surprenant, dit-il, l’envers des choses !

couverture
Éditions XO - 200 pages