"Et mon mal est délicieux" est l'histoire de ce vieillard, Max Klein.
Quand il était encore jeune, en 1940, ses parents furent déportés et il trouva refuge auprès de Luz, sa Chimène, son amour.
Mais celle-ci ne vit qu'à travers la carrière de Gérard Philippe, croisé une nuit de juin, au hasard des mouvements de l'exode. Max, par amour, va alors lui permettre de prolonger son rêve, au détriment de sa propre existence.
Et si la providence, s'était jouée d'eux?

Un récit très bref qu'on lit le souffle court. La plume de Michel Quint bouillonne, va à l'essentiel. Un peu trop peut-être. Il m'a manqué ce qui m'a tant bouleversé dans "L'espoir d'aimer en chemin" : ces moments de grâce où l'histoire se suspend, et où les sentiments prennent le temps de l'inutile-indispensable.
Ici, tout est fiévreux, haletant. Max Klein se libère de son passé à une vitesse vertigineuse. Le lecteur est emporté dans cette logorrhée, ce besoin impérieux de tout dire, là, maintenant, avant qu'il ne soit définitivement trop tard.

Ce n'est donc pas le récit que je préfère de cet auteur, et finalement, je crois que mon passage préféré se situe dans les dernières lignes. Quand le narrateur/écrivain, après cette rencontre étonnante, tente de définir ce qui anime son désir d'écrire. J'ai retrouvé ici tout ce que j'affectionne tant chez Michel Quint.

Du même auteur : L'espoir d'aimer en chemin, Effroyables Jardins et Aimer à peine

Extrait :

Luz... Forcément jouait avec le feu. De soir en soir, la cruauté nous montait, elle à me frôler, hérissé, barbare dans sa robe lacérée et les cheveux au travers des yeux, à me cracher des bouts de Corneille en désordre, d'où te vient cette audace, retire-toi de grâce, tu me fais mourir, fous le camp, je suis pas pour toi, jamais tu m'entends, tu me prendras jamais un seul baiser ou je me tue devant toi, et moi, tout en déroute, presque à me déchirer mon tricot de corps Petit Bateau sur le torse, Chimène qui l'eût cru, ainsi donc vous verrez ma mort, ouais tu vas voir, c'est moi que vais me jeter du clocher et tu seras bien avancé! On se séparait complètement effarés, de la tragédie à fleur de peau, vidés. Moi, en tout cas. Je rentrais à la maison en courant, et j'(allais sangloter au fond de la cave, que personne m'entende, au milieu des salaisons et des bouteille de vin. Je voyais le moment où la mascarade ne suffirait plus, où ce serait pour de vrai, le tourment des corps et le sacrifice des amants interdits.

couverture
Éditions Joëlle Losfeld - 83 pages