Conan Doyle étant prématurément décédé et Dostoïevski n'ayant pas tenu le choc, Watson va de temps à autre chercher en side-car volant la version du premier qui vit dans notre univers, pour lui faire rapporter des exploits d'ailleurs très édulcorés, car le détective est en fait un psychopathe sanglant, « assassin royal » très officiel d'une « monarchie libertaire britannique » qui parfois ne vaut guère mieux que les criminels qu’il pourchasse, y compris le célèbre Professeur Moriarty lui-même.
Holmésiens, holmésiennes,
Ne perdez ni courage ni patience car vous n’êtes pas là devant un simple pastiche de notre enquêteur favori, loin devant Hercule Poirot, ou de son célèbre auteur. Non, il s’agit de bien plus. C’est un hommage vibrant et magistral que réalise ici Thomas Day en jouant sur le temps autant que sur l’originalité des univers, et pour ceux qui ont peur que ce ne soit qu’une énième parodie d’une Angleterre du XIXème siècle servie sans les petits oignons, faites au moins le pas. Lisez le premier chapitre, puis achetez le livre, parce que là, vraiment, ça se fait pas de lire debout en librairie… Enfin, pour les puristes, on prend une grande inspiration et on lit le prolégomène. Tout y est dit.
Personnellement grand admirateur de Sherlock Holmes, j’ai eu la surprise de sourire et de rire aux aventures tout à fait déjantées de ce chasseur de criminels qui finalement préfigure presque nos actuels profiler en se mettant jusqu’à l’extrême dans leur peau. En plus de cela, l’écriture est belle, rapide, vivante, sonnant parfois comme une musique. On imagine aisément les détails et les lieux. Enfin, l’auteur n’étant pas dénué d’humour, ses personnages sont plus vrais que nature et ont des réactions qui, parfois, ne vont pas sans prêter à sourire. J’ai surtout en mémoire le déroutant « Courage ! Fuyons ! » de Watson qui m’a fait me tordre de rire pendant un moment…
Il en a pensé :
« Relevant du steampunk, L'Instinct de l'Equarisseur n'est pas écrit « à la manière de » comme on le voit souvent dans ce domaine. La langue est moderne, imagée, truculente, pleine d'humour (chose rare chez cet auteur, surtout dans ses romans) et les dialogues font mouche […] » Philippe HEURTEL, critique Noosfere.
Du même auteur : Le trône d'ébène
Par Cœur de chene
Ce roman voyage d'un rédacteur à l'autre. Ce billet est donc régulièrement actualisé et rend compte de ce périple.
Quand Coeurdechene m'a envoyé ce roman, je venais de finir un roman qui mettait en scène lui aussi le célèbre détective londonien. Et le moins que l'on puisse dire est que je n'avais pas été séduite. C'est donc un peu réticente que j'ai entamé ma lecture.
Mais Thomas Day a très vite su faire taire mes appréhensions. Son écriture est dynamique, foisonnante et originale. Ce roman est une véritable auberge espagnole : on y trouve à la fois du fantastique, de l'horreur, de l'anticipation, de l'humour (beaucoup d'humour), de l'aventure etc... Les scènes et les univers s'enchaînent à un rythme effreiné (du moins au début, mais j'y reviendrai...).
Comme l'a déjà souligné Coeurdechene, la terre parallèle où vit le véritable Sherlock Holmes est une excellente trouvaille. Il y a quelques clins d'oeil à notre société actuelle qui sont hilarants.
Mais je crois que le passage qui m'a le plus fait rire, reste la traque de Jack l'éventreur sur notre bonne vieille planète. Traque menée de concert par Conan Doyle et Oscar Wilde. Ce duo d'écrivains est absolument jouissif. Oscar Wilde, sous la plume de Thomas Day, se tranforme en "poule décadante" et sa rencontre avec Bram Stocker (vous savez, le père de Dracula), m'a fait pleurer de rire.
Et puis, l'auteur nous fait à nouveau voyager sur ce monde parallèle au nôtre, et le duel Holmes-Moriarty prend toute son ampleur.
Malheureusement, j'ai trouvé que le roman était assez inégal. Si il est vrai que le récit est ponctué de très belles scènes et que Thomas Day a le sens du dialogue, il a, à mon sens, trop délayé son intrigue, et l'histoire peine à s'achever.
Je ne regrette pas pour autant ma lecture, car je garderai longtemps en mémoire certains épisodes absolument délicieux.
Par Laurence
novembre 2007
A peine refermé le fantôme de Baker Street , où Sherlock Holmes enquête depuis l’au-delà, que je retrouve ce dernier mais cette fois-ci dans un monde parallèle à notre bonne vieille Terre.
J’avoue, et sans torture, n’avoir jamais lu un livre de Conan Doyle.
Énorme lacune à ma culture littéraire que je compte bien combler un jour ou l’autre. C’est donc sans aucun a priori que j’ai entamé ce que
d’aucun appelleront un pastiche là ou d’autre verront un hommage au Sherlock Holmes originel.
Ce Sherlock Holmes que je découvre sous la plume de Thomas Day est un grand malade ! Totalement déjanté … Il serait même dangereux, bah oui il tue de sang froid et avec en plus l’autorisation de la reine.
Thomas Day a réussi à faire de Conan Doyle ou de Jack London de véritables personnages de roman et dans le même temps de rendre Sherlock
Holmes ou le Docteur Watson plus vrai que nature.
Malgré le sérieux des personnages et des situations (ou alors à l’inverse grâce à ) on rit du début à la fin. Restera dans les anales le
« Courage, fuyons ! » de ce bon Doc ou encore le Rigor Mortis de Sherlock Holmes.
Merci à Cœurdechêne et à Laurence, au suivant.
Par Arsenik_
01 mars 2008
Sherlock Holmes a fait une victime en arrivant au Québec. Moi. 100 pages et je suis morte et m’arrête là. Je n’ai pas grand-chose à dire… N’étant pas fan de SF, ni de fantastique, ni de narration descriptive, c’était trop trop… J’avoue même que ça ne m’a pas fait rire, j’en suis à me demander s’il n’y aurait pas une rupture culturelle dans l’humour ici. (On dit bien que l’humour est ce qui s’importe le plus mal !).
Alors voilà, je prends mon courage à deux mains… et je fuis cette lecture à laquelle je n’ai pas su adhérer !
Catherine
29 avril 2008
J’ai pris mon tour dans la boucle effectuée par le livre, et contrairement à Catherine, cette plongée dans la science-fiction m’a bien plu, alors que je ne suis pas un habitué de cette littérature.
J’ai notamment apprécié le coté iconoclaste du roman : Arthur Conan Doyle n'a rien inventé en narrant les aventures de Sherlock Holmes. Il n'a fait que reproduire, en les adoucissant, les aventures vécues par Sherlock Holmes et son assistant Watson dans un monde parallèle. Dans ce monde parallèle, Sherlock voyage dans Londen et affronte Moriarty, mais surtout ce monde est occupé par les Worsh, créatures d'une intelligence supérieure qui cohabitent avec les humains.
Le roman est iconoclaste également car il détruit l'image du Sherlock Holmes fumant tranquillement sa pipe, jouant du violon et impassible. Ici, c'est un détective pervers qui n'hésite pas à faire usage de la violence. Sherlock applique la loi du talion, et n'en éprouve aucun remord.
Pendant ma lecture, j'ai assez peu eu en tête l'image habituelle de Sherlock. J'ai vraiment pris ce roman comme une aventure à part, peut-être pour ne pas écorner cette image justement. Thomas Day nous plonge à la fois dans le Londres victorien de Conan Doyle, où il croise notamment Oscar Wilde et Jack l'éventreur, mais aussi le Londen de Sherlock, avant une scène d'affrontement impitoyable entre Moriarty et Sherlock au fin fond de l'Amazonie (cela m'a d'ailleurs fait penser au dernier Indiana Jones).
Le seul petit défaut à mon goût est un problème de construction, puisque que le roman est en deux parties, séparées par un entracte (présenté tel quel dans le roman). Si je saisis le lien entre l'entracte et la deuxième partie, j'ai eu l'impression que la première partie et la seconde auraient pu faire deux livres différents. Car hormis l'instinct de l'équarisseur qui donne son titre au livre, peu d'éléments sont communs aux deux intrigues.
Mais c’est une découverte intéressante qui risque de m’ouvrir un peu les portes de la science-fiction !
Par Yohan
13 août 2008
Je comprends qu'on puisse aimer, c'est plutôt bien écrit, ça se lit vite, malgré quelques curiosités de vocabulaire, mais ce n'est pas du tout ma tasse de thé. C'est rigolo, mais ce n'est pas un humour qui m'amuse (par exemple, le coup des « U.S.S.A. », je préfère quand c'est Buzzati qui le fait). J'ai failli en finir après cinquante pages de lecture tellement ce que je lisais me semblait grotesque. Je suis quand même allé jusqu'au bout pour voir si cela s'améliorait par la suite ; je n'ai pas eu l'occasion de revoir mon jugement.
L'auteur semble assez mal documenté sur la religion hindoue : Kali est une divinité féminine et non masculine. Simple erreur, curieuse hypallage ou bien différence volontairement introduite entre notre monde et l'autre ? dans tous les cas, c'est un acte de grotesquitude supplémentaire de la part de l'auteur.
Enfin, je me réjouis solennellement de ce que l'auteur n'omette pas l'apostrophe quand il écrit « entr'actes ».
Par Joël
12 octobre 2008
Sherlock fait une nouvelle victime au Québec... Pimpi, rédactrice pour le Biblioblog à ses heures, avait choisi de relever le défi et d'affronter le célèbre détective dans une lecture sans merci. Malheureusement, la jeune femme n'a pas pu aller au bout de l'Instinct de l'Équarisseur, terrassée par la peur de ce personnage et par le manque d'enthousiasme pour ce monde si étrange... nous sommes au regret de vous annoncer qu'elle a dû abandonner le roman de Thomas Day, qui par ailleurs a reçu un accueil assez chaleureux en France, à la page 100. Le Québéc aurait-il une dent contre les pages 100? Une étude à approfondir. Peu après l'événement, Pimpi nous a expliqué les raisons de son abandon : « Je n'ai vraiment pas réussi à accrocher à ce livre. Pourtant, j'aime assez la SF en temps normal, mais là, je n'ai vraiment pas réussi à me plonger dans l'univers créé par l'auteur! Le personnage de Sherlock Holmes (que je connais peu, à vrai dire) m'exaspérait royalement et je n'ai pas trouvé les références drôles. Je n'ai pas non plus tellement accroché au style. Bref, ce fut une rencontre ratée, comme cela arrive parfois... désolée... ».
Pimpi, Radio Biblioblog, Montréal.
04 mai 2009
Extrait :
« - Vous êtes sûr de tout ça, Holmes ?
Bien sûr que non, mais c'est toujours amusant de se lancer dans une telle narration déductive. »
Éditions Folio SF - 414 pages
Commentaires
mercredi 14 février 2007 à 10h57
je le veux je le veux je le veux !!!!!!
mercredi 14 février 2007 à 19h43
C'est du très bon, ma foi! En fan absolu d'Herlock Sholmes, je ne peux qu'apprécier, merci du tuyau
jeudi 15 février 2007 à 12h43
Moi aussi je suis preneuse, j'adore l'univers de Sherlock Holmes. Je vous conseille, d'ailleurs Holmes, une bande dessinée de Cecil & Brunschwig vraiment très sympa que j'ai découverte récemment. Seul inconvénient, c'est en plusieurs tomes et il n'y en a qu'un de sorti pour le moment.
mardi 13 novembre 2007 à 12h31
Content que tu aies pu à ton tour apprécier ce roman et te "racommoder" avec Sherlock Holmes
(j'ai aussi trouvé le Rigor Mortis final particulièrement savoureux :D )
mardi 13 novembre 2007 à 18h57
lundi 24 décembre 2007 à 15h30
Grande admiratrice de Sherlock j'ai complètement craqué pour cette uchronie de Thomas Day moi aussi... une trouvaille vraiment !!!
mercredi 26 décembre 2007 à 00h35
:D
jeudi 14 février 2008 à 08h53
ca y est ... je viens de le finir
Je ne m'attendais pas a ce que j'ai lu et j'ai été agréablement surprise.
Pour les fans de SH je vous conseille aussi "Le fantome de Baker Street" de Fabrice Bourland, j'en parle ici :
www.livrophage.fr/archive...
Maintenant que je l'ai lu je l'envoi a qui ?
mardi 29 avril 2008 à 08h53
Je m'étais proposé pour le recevoir à la suite de Catherine.
Bon, sa critique n'est pas très engageante, n'étant pas non plus un grand lecteur de SF, mais je serai curieux de m'y frotter !
mardi 29 avril 2008 à 10h03
Je suis désolé que l'humour s'importe aussi mal.
Tant pis, c'est dommage. J'espère que Yohan, tu trouveras plus de plaisir à le lire.
Merci en tout cas d'avoir essayé, Catherine
mardi 29 avril 2008 à 10h51
Bonjour,
cette lecture date un peu pour moi mais je me souviens que je n'ai pas accroché du tout : je n'aimais pas le personnage de Sherlock Holmes cynique et drogué jusqu'aux yeux, ça a été un frein pour moi
mardi 29 avril 2008 à 12h54
Cela semble un livre bien amusant. Ça m'intéresse. Je suis volontaire pour le récupérer après Yohan.
mardi 29 avril 2008 à 14h37
Je suis volontaire également, mais pas avant le mois de juillet, je ne vais pas pouvoir le lire avant... je verrai à ce moment-là s'il est toujours en voyage et s'il a envie de revenir au Québec !
lundi 26 mai 2008 à 12h25
J'ai bien reçu le livre. Une fois lu, je l'envoie donc à Joel, qui s'est déclaré volontaire pour le recevoir !
jeudi 29 mai 2008 à 23h00
Lu au moment de sa sortie en poche, j'avais éprouvé un vif plaisir devant ce sherlock criminel et génial de lucidité lorsqu'il était sous influence. En revanche, j'ai lu coup sur coup le Fantôme de Backer Street et le Secrétaire Italien. Le livre de Bourland m'a accroché mais je lui reproche sa "lourdeur ésotérique" même si elle éclaire bien ce que fut Sir Conan Doyle. Pour le livre de Caleb Carr, je suis entré rapidement dans l'histoire car le style est en effet proche des aventures originelles mais quelle déception car la solution vient trop rapidement et l'on s'enfonce ensuite dans l'ennui. Dommage car j'avais beaucoup apprécié l'aliéniste et sa suite du même auteur.
dimanche 3 août 2008 à 14h37
Voilà, je l'ai lu à mon tour et je suis donc pret à l'envoyer à Joel, le suivant sur la liste. J'attendrai son retour d'Inde.
Contrairement à Catherine, j'ai plutot apprécié ce roman, au style vif et entrainant, meme si je suis d'accord avec Laurence qu'il y a malheureusement quelques longueurs...
lundi 4 août 2008 à 10h56
Ah ah...
Je suis content que le concept t'ai plu, Yohan. J'attends avec impatience de lire ta critique complète
dimanche 12 octobre 2008 à 10h39
belle initiative de mettre toutes les critiques dans un même billet... Et cela montre une fois de plus s'il était besoin que les mêmes mots provoquent des réactions bien différentes selon qui les lit (et quand, et où)...
dimanche 12 octobre 2008 à 14h35
Ah ben merci Joël, je me sens moins seule!
dimanche 12 octobre 2008 à 18h17
bonjour à tous
curieux cette critique d'un livre pas tout jeune sympa mais pas le pied de la essefe
savez vous que derrière thomas day se cache le directeur de collection "lunes d'encre" chez denoel qui publie une partie du must en essèfe et aussi un critique à la dent dure mais juste de bifrost la revue de essèfe qu'il faut consulter avec ses ouvertures hors champ essèfe
alors l'apostrophe d'entr'actes, je doute que l'auteur en soit le coupable , quand à la religion hindoue méfiez-vous de thomas day redoutable connaisseur
jean pierre frey
dimanche 12 octobre 2008 à 19h19
Joël, c'est bien dommage que tu n'aies pas accroché. Tant pis. Comme le dit Laurence, un livre ne peut bien sûr pas réunir tous les suffrages. Mais bon.
Je rebondis sur ce que tu dis et abonde dans le sens de jipaif. Thoms Day est un voyageur et il me semble même qu'il a vécu en Inde. L'erreur que tu relèves doit être volontaire. Tout de même, Kali, tout le monde sait qu'il s'agit d'une déesse, même les moins cultivés concernant l'hindouisme...
Jipaif, pour moi ce roman n'est pas de la "essefe" comme tu dis. Je le rangerai plutôt dans le Steampunk. En tout cas la notion de sciences et leur prédominance qui caractérisent la S.F. ne sont pour moi pas assez présente ici pour qu'il mérite cette étiquette. De plus l'ouvrage met plus en valeur le trio formé par Holmes, Watson et Doyle que le monde dans lequel ils évoluent et son avancée technologique.
lundi 4 mai 2009 à 08h47
Décidément, le Québec n'aime pas Sherlock Holmes...
Tant pis pour lui, et tant pis pour moi.
Quant à l'humour, soit je suis vraiment très bon public selon les sujets (c'est d'ailleurs un peu le cas), soit il y a réellement un énorme écart de perception et culturel entre la France et le Québec. M'enfin, comme y disait l'autre, tout ne peut pas plaire à tout le monde.
mardi 5 mai 2009 à 01h34
Coeur, je ne sais pas si c'est tellement une histoire de différence culturelle en l'occurrence, car je ne vis au Québec que depuis à peine un an, donc je suis encore culturellement française... je pense qu'au niveau SF, je suis plus difficile, c'est tout ! Je suis moins facile à contenter !!!
Mais heureusement que tous les livres ne plaisent pas à tout le monde, sinon, on s'ennuirait !!
vendredi 25 mars 2011 à 00h16
Et la boucle est bouclée !
Le roman vient de me revenir après... près de 4 ans de maraude
C'est bien agréable d'avoir tous vos messages qui donnent une valeur plus personnelle au livre. Malgré tout un peu déçu que pour la majorité, le leitmotiv ait été la fuite...
Espérons qu'un éventuel prochain livre-voyageur rencontre plus de succès.