Dans En ville de Jean Le Boël, ce sont des instantanés tendres ou caustiques, d’amour et de tendresse aussi, de regret parfois, mais toujours vrais, savoureux à souhait. Je suis tombée sous le charme de la plume de l’auteur dès la pièce « Le mendiant ». Ensuite, je n’ai eu qu’à suivre le chemin tracé par ces jolis petits cailloux savamment égrainés par le poète.
J’ai adoré les lignes sur ces sportifs citadins qui courent pour se donner un genre. Ceux qui : « aiment leur corps et s’en préoccupent avec une impudeur qui nous laisse un peu gênés ». C’est une faisant ses courses chez le primeur, l’autre au désespoir au supermarché au moment de son émission télé préférée. Le portrait de la concierge est excellent. Tout le monde a pu en croiser une identique. Tout cela est si vrai.
Avec ce recueil, j’ai passé un très bon moment de lecture. J’ai aimé ces tranches de vie, ces tranches de ville.
Je ne saurai trop vous recommander la lecture de ces petites proses à déguster comme de bons chocolats. Et comme pour ces derniers lorsque la boite est terminée, j’ai trouvé que ce recueil, à la présentation aussi sobre qu'élégante, n’était pas assez épais. J’en reprendrais bien encore !
Dédale
Du même auteur : Amoureuse mémoire, Margats de Saint-Pierre, Le paysage immobile, Quand s'ouvre l'horizon, Un homme
Extraits :
Chats
Elle a entrouvert la fenêtre, la petite dame du huitième et laissé filer son matou. Le ciel, elle ne l'aperçoit guère qu'à travers l'alignement des conduits de cheminée, en haut du grand mur gris, mais au-dessus de ses épaules, à l'aplomb des pentes zinguées, elle pressent cette autre manière d'écrire le monde et la douceur qui fuit la terre. Les chats connaissent bien le bonheur de baigner dans l'air et l'indifférence aux puits sombres des cours. Ils suivent les chemins que leur agilité dessine, flâneurs méticuleux, débarrassés du souci des hommes. Les toits sont leur paradis. Parfois, ils n'en reviennent pas.
Les soirs
L'ombre étoilée de nos campagnes offre toujours quelque murmure : hérisson chiffonnant des herbes, patience de grillon, cri errant de la chouette, impatiences du vent dans les feuilles... bruissant silence qui ouvre le monde.
Jamais non plus ne s'apaise la ville. Nulle accalmie qui ne prépare l'éclat d'une voix, l'élan d'une mécanique, la hâte d'une sirène. Sans trêve, la nuit parle des hommes qui tant veillent, tant roulent, tant souffrent.
En ville (petites proses) de Jean Le Boël - Éditions Henry – 68 pages.
Commentaires
jeudi 1 mars 2007 à 15h11
Merci Dédale pour cette découverte.

.... et tu sais quoi ? Tu viens de devenir , avec ce billet, la première rédactrice du Biblioblog ! Du coup, j'ai modifié le billet de présentation des rédacteurs. J'en connais une qui ne va pas se laisser détrôner aussi facilement.
jeudi 1 mars 2007 à 22h07