Parmi les première décisions de ce nouveau tyran, il y a la suppression pure et simple de l'École.
Monsieur Scholl, professeur passionné et passionnant, décide d'appliquer la désobéissance civile et installe son chapiteau près du zoo de Vincennes. Là, comme les conteurs africains, il parle et s'adresse à la foule des badauds. Pour l'aider dans sa mission, il fait appel à la jeune Myriam. Mais les censeurs ne sont jamais bien loin.
Tel est le point de départ de ce petit ouvrage, qui espérons-le en cette soirée électorale, n'est pas prémonitoire.
On sent derrière l'écrivain, le professeur et inspecteur pédagogique qu'est Alain Ninèze. Cette fable est une belle approche du plaisir d'apprendre et d'échanger.
J'ai retrouvé des clins d'œil de collègues, des anecdotes de classe. Alain Ninèze raconte avec amour la langue française, ses subtilités et ses pièges. C'est également une initiation à la rhétorique, si difficile pour certains élèves d'aujourd'hui. À travers ce récit fictif, l'auteur nous propose avant tout une réflexion sur l'enseignement : à quoi sert l'école? Et remplit-elle réellement son rôle?
Un livre didactique qui fera sourire, réfléchir ou infirmer ce que l'on savait déjà.
Extrait :
À peine installé à l'Élysée, monsieur Latête avait pris des mesures énergiques pour restaurer l'ordre. D'abord, il avait rétabli la peine de mort pour les auteurs d'attentats. Puis il l'avait rétablie aussi pour les criminels de droits commun, ensuite pour les gangsters, enfin pour les voleurs. Le nombre des attentats avait baissé aussitôt, et les gens se félicitaient de la sévérité de leur Président même s'ils trouvaient que, peut-être, il allait un peu loin.
C'est dans les mois suivants qu'ils commencèrent à se poser des questions. Car monsieur Latête avait pris encore d'autres décisions très sévères. C'est ainsi par exemple, que les étrangers avaient été priés de quitter la France. Ceux qui refusaient de partir étaient reconduits de force aux frontières. Certains journaux, du jour au lendemain, furent interdits, ainsi que divers partis politiques. Pour mettre un termes aux critiques qui commençaient à s'élever de partout, monsieur Latête, qui disposait d'une grande fortune, racheta les principales chaînes de télévision. Il renvoya tous les journalistes et y nomma des amis à lui. Grâce à cela, les critiques se calmèrent un peu.
Après avoir accompli toutes ces réformes, le Président s'intéressa à la question de l'enseignement. Et c'est là que les choses se gâtèrent. Les programmes scolaires furent modifiés. Certaines matières furent supprimées, en premiers lieu la philosophie. Les cours d'histoire devinrent des cours d'histoire de France. L'éducation physique fut remplacée par des stages de préparation militaire. Ensuite vinrent d'autres mesures, plus importantes encore. Les écoles juives furent interdites, bientôt suivies, par souci d'équité, par les écoles coraniques. Quant aux école catholiques, elles furent sommées de fusionner avec celles de l'État, à cette condition expresse : le catéchisme serait enseigné partout, il deviendrait une matière obligatoire, et une messe en latin serait dite chaque jour dans tous les lycées, collèges et écoles de France. Voilà ce qu'avait décidé notre Président pour le salut moral et spirituel de la jeunesse de notre pays.
Éditions Le Seuil - 115 pages
Commentaires
dimanche 22 avril 2007 à 21h56
En voyant le titre, j'ai cru que tu parlais vraiment de politique :D
Je n'ai compris qu'après que tu parlais en faites d'un livre. Je vais essayez de m'y intéresser d'ailleurs, l'histoire me plait bien.
lundi 23 avril 2007 à 00h40
Je viens de rentrer, de lire le titre et comme Heri, j'ai cru que... mais nous ne sommes qu'au 1er tour et ce n'est qu'un livre et donc de la fiction hein, c'est bien ça ?
lundi 23 avril 2007 à 00h56
Tu sais que Pen signifie tête, en breton ?
lundi 23 avril 2007 à 07h54
Héri et Google, désolée pour la frayeur
(bon, je reconnais que c'était un peu fait exprès...)
Sok : oui je sais :)(rhalala... faut que je t'écrive !!!)