Sarah et ses parents subissent la rafle du Vél d'Hiv. Avant qu'elle ne parte, son petit frère Michel lui demande de l'enfermer dans un placard pour que les policiers ne le trouvent pas. Elle reviendrait le chercher plus tard.

Obsédée par le sort de cette famille, quand Julia visite les camps de transit, elle n'enquête plus seulement pour son hebdomadaire. Sarah a-t-elle survécu à la guerre ? est-elle encore en vie ? Julia utilisera toute son énergie pour le savoir.

Avant même le début du roman, la citation d'Irène Némirovsky mise en exergue prévient le lecteur que cet ouvrage, qui met déjà au défi ses glandes lacrymales, risque de beaucoup l'émouvoir. D'un côté, Tatiana de Rosnay nous fait partager les épreuves subies par cette jeune fille qui ne pense qu'au placard où se trouve son frère et dont elle détient la clef ; de l'autre, elle met admirablement bien en scène les personnages de l'entourage de Julia, avec leurs caractères respectifs, et les fait évoluer tout au long de sa quête.

Initialement ignorante de la rafle du Vél d'Hiv, Julia se documente, fait des rencontres, des visites, édifiant le lecteur au passage. Au début du livre, l'histoire de Sarah est racontée en alternance avec le récit de Julia, ce qui nous confronte d'autant plus fortement à ces événements tragiques.

Pour toutes ces raisons, j'ai beaucoup apprécié ce livre. Merci à Clarabel pour m'avoir permis de le découvrir grâce à la critique qu'elle en fit sur son blog.

Par Joël


Les critiques qui suivent ont été mises en ligne le 04 juillet à la suite du "Prix Biblioblog"


L'idée de départ n'est pas mauvaise, l'écriture non plus, loin de là mais franchement je n'ai pas accroché. Je pense que c'est d'une part dû au fait que je ne suis pas tellement attiré par le thème de la guerre (même si nous ne devons jamais oublié ce qui c'est passé, toutes ses horreurs que va subir la petite Sarah et sa famille et tout les juifs d'Europe), mais aussi d'autre part dû à un manque d'originalité. Bien sur il y a des sentiments forts qui vont du rire aux larmes mais ce roman ne pas réellement touché comparé aux derniers sur le même thème, comme La voleuse de livre de Markus Zusak que je viens de lire.

Arsenik_


D’une part, comme tous les livres à enquête, j’ai été assez captivée par la trame principale de ce roman : découvrir ce qui est arrivé à Sarah. Cela m’aurait suffit. Parce que beaucoup d’autres choses m’ont dérangée…
L’alternance des deux histoires dans la première partie du roman ne m’a pas semblé nécessaire. Cela brisait mon rythme plutôt que d’attiser ma curiosité. J’ai trouvé la traduction un peu lourde (jamais je n’aurai autant buté sur l’utilisation du passé simple) et je n’ai pas compris l’intérêt de superposer le drame intérieur et familial de Julia et le drame historique. Loin de moi l’idée de comparer des incomparables. Un roman portant uniquement sur la vie d’une américaine à Paris m’aurait intéressé. Mais l’addition des deux histoires m’a semblé lourde.
De plus, en lisant j’avais constamment l’impression que Sarah avait 5 ans tant les réflexions et les questions ne semblaient pas relever d’une jeune fille de dix ans. Dans la première partie cela m’a pesée.
Finalement, j’étais assez soulagée de constater que Sarah était morte. Des retrouvailles à l’eau de rose m’auraient déplu… est-ce que l’ouverture d’une relation ambiguë entre son fils et Julia est une fin plus touchante ? Ça m’a laissée assez froide. Et elle appelle son enfant Sarah… Là je dis : misère…
Malgré tout, si ce roman peut raviver des mémoires éteintes, et bien je salue. C’est déjà bien suffisant. Une chose certaine, je connaissais le Vel d’Hiv, mais là je n’oublierai plus jamais la date : 16 juillet 1942.

Catherine


Alors là, je dois tirer mon chapeau à l'auteur que je ne connaissais pas du tout. Comme je l'ai évoqué dans ma critique des Enfants de la Liberté de Marc Lévy, la rafle du Vél d'Hiv' est un sujet joyeusement passé sous silence encore aujourd'hui dans l'éducation. Si on l'a évoqué dans un cours à la fac, ç'a été trois minutes durant lesquelles le problèmes a été posé, développé et conclut aussi vite que possible. Donc pour ça, bravo.
Pour les recherches, l'effort de la crédibilité, le style clair et précis de la journaliste, l'histoire qui prend aux tripes, bravo aussi.
Celui-ci aussi voyage déjà, il est parti chez mon père aussitôt fini ;)

Cœurdechêne


Pour avoir déjà lu quelques uns de ses romans, Tatiana de Rosnay ne m’était pas inconnue quand j’ai commencé ce roman.
Pour être honnête, je n’étais pas trop emballée à le lire, en raison du sujet. Je savais qu’il me bouleverserait. Cela n’a pas manqué.
Sinon, j’ai retrouvé la plume de l’auteur, qui rend la lecture facile, et la même structure que dans ses autres romans : une femme enquête, abat un à un les obstacles rencontrés, déniche des secrets bien cachés, ses doutes sur sa vie de femmes, dans son couple… etc.
Une bonne lecture pour ceux qui veulent en savoir plus sur une des pages les plus sombres de la France.

Dédale


Sarah et ses parents sont juifs et vivent à Paris. Elle a dix ans, est française et a un frère, Michel.
Julia, l’américaine, est journaliste à Paris. Elle a la quarantaine, est mariée et a une fille.
En 1942, Sarah et ses parents sont emmenés par la police française au Vélodrome d’hiver. De l’appartement, elle garde une clé. Un bien précieux, comme une promesse, l’espoir du retour, et qui après avoir basculer dans l’indicible se mu(r)era en insondable douleur.
En 2002, Julia, qui s'apprête à emménager dans l'appartement de Mamé, la grand-mère de son mari, prépare pour la commémoration du soixantième anniversaire du Vel d’Hiv, ce chapitre effroyable et glaçant de l’Histoire française, un article. Une enquête, qu’elle mènera jusqu’à l’obsession, comme si le temps était compté, oui comme une horloge égrenant un tempo lent, s’accélérant soudainement, jusqu’à l’étourdissement.
Où elle cherche à comprendre l’inexplicable, ce qui va la bouleverser, la torturer, la changer aussi, parce que cette page de l’Histoire est liée à sa propre histoire.

Là, où la découverte du secret de Sarah et de cet enfant de 12 ans devenu, un grand-père et qui douloureusement savait : « Quelqu’un qui portait un secret depuis bien des années. Depuis soixante ans. », aurait pu mettre un terme à toutes ces souffrances passées et présentes, Julia veut aller plus loin envers, et contre tous.
Car le fantôme de Sarah a transformé Julia. Julia et son présent. Julia et son futur.

Deux histoires croisées, écrites, lues et construites en parallèle avec comme ancre un appartement, rue de Saintonge, à soixante ans d’écart, dont les murs, seuls détenteurs de la mémoire, collective ou individuelle, que leurs habitants ont tue ou emportée à jamais, pourraient nous livrer, pour ne pas oublier. « Zakhor. Al Tichkah. Souvenez-vous. N'oubliez jamais.»

Difficile en quelques mots ou juste une ligne…
L’auteur(e), nous emporte avec elle, avec Julia et avec Sarah, croisant leur histoire qui bascule dans l’Histoire passée et présente sans sentimentalisme, dans le tourbillon, dans l’horreur, mais avec sensibilité, tact et pudeur.

Je suis née bien après la guerre, et ne connaît de cette terrible période, souvent occultée et sombre, que ce que les quelques rares lignes grappillées ici et là, m’ont apprises : « 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vel d’Hiv (Vélodrome d’hiver, aujourd’hui disparu), 13 152 juifs parisiens, dont 4 115 enfants, étaient arrêtés par la police française au cours d’une opération baptisée cyniquement "vent printanier". La plupart d’entre eux mourront à Auschwitz. »

Et pourtant tout au long de ma lecture, une seule chanson résonnait dans ma tête :
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?

On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau?
Ou le pire ou plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
(Jean-Jacques Goldman)

Google


« pour ne pas oublier, ce livre fait parti du devoir de mémoire » !!!!
Je tire mon chapeau à Mademoiselle d’Hormesson pour cette ultime accroche marketing, mensongère.
Le livre se lit tranquillement jusqu’au 2 tiers, et puis patatras, Sarah s’en va, et là, c’est la débandade. Nous suivons, avec difficulté, la cmv (crise de milieu de vie) de la narratrice.
Passez votre chemin.

Hélène


Une bonne idée au départ mais un peu lourd les déboires matrimoniaux de madame... Les clichés français et américains se succèdent et deviennent lassants. Peut être ce roman aurait eu plus de force si la petite fille avait été algérienne et pas juive. En effet le Vel d'hiv est plus connu et moins nié par les Français que les tortures pendant la guerre d'Algérie. Finalement pourquoi cette fin? Ces dernières pages m'ont laissé un goût de roman à l'eau de rose qui m'a particulièrement déçue mais je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler le mystère.

Kez


Bien sûr, j'ai été émue par le destin de la petite Sarah. Qui ne le serait pas? Même si je connaissais depuis longtemps cette part sombre de l'Histoire française (le procès Papon dès 1997 avait permis de mettre tout cela en lumière), j'ai été touchée au fond de ma chair par l'horreur de la situation. La volonté et la rage de cette enfant sont bouleversantes.
Par contre, je n'ai eu aucune empathie pour Julia, la journaliste partie sur les traces de Sarah. Je dois même dire qu'elle m'a particulièrement exaspérée. Elle est l'archétype de la bourgeoise quadragénaire égocentrique. Ses larmoiement constants, ce refus de considérer les conséquences de ses actes, cette façon de tout ramener à elle... ont pour moi été une trahison de plus faite à la petite Sarah et à tous ceux qui ont vécu cette horreur.

Car si Julia hurle son désir de ne pas oublier, ses motivations ne m'ont pas parues saines. Il n'y a ici aucun devoir de mémoire, juste des actions faites en dépit du bon sens pour assurer son petit confort et se donner bonne conscience. Et comme le roman laisse bien plus de place à Julia qu'à Sarah, c'est laborieusement que je suis arrivée au terme de cette histoire.

Je crois que si on ne m'avait pas tant dit que ce roman était salutaire, qu'il avait été écrit pour ne plus qu'on oublie, j'aurais été plus indulgente (et encore...). Mais je trouve tout à fait déplacé ce battage qui a été fait sur le "devoir de mémoire" que portait ce roman. J'ai eu l'impression que tout cela n'était au final qu'un argument commercial, permettant de jouer sur la culpabilité de ceux qui ne savaient pas. Pour ma part, comme je n'ignorais pas cette part de l'Histoire française, je n'ai pas été sous le choc de la "révélation", et j'ai trouvé une histoire bien éloignée de l'hommage que j'attendais.

Laurence


Sélection du Prix Biblioblog 2007

Extrait :

« Est-ce que tu sais quelque chose sur cette famille, Maman ? Sais-tu qui étaient ces gens et ce qui leur est arrivé ?
- Non, ma chérie, je ne sais pas.
- C'est vrai que Mamé s'en fichait ? »

C'était un point délicat.

« Mon cœur, je suis sûre que non, mais je crois qu'elle ne savait pas vraiment ce qui s'était passé. »

Zoë fit encore une fois tourner mon alliance entre ses doigts, mais plus rapidement.

« Maman, tu crois que tu vas trouver des choses sur ces gens ? »

Je stoppai les doigts nerveux en remettant ma bague en place.

« Oui, Zoë. C'est exactement ce que je vais faire, dis-je.
- Papa va détester ! dit-elle. Je l'ai entendu te dire d'arrêter de penser à tout ça. D'arrêter de t'en préoccuper. Il avait l'air très en colère. »

Je la tins serrée contre moi, posant mon menton sur son épaule. Je pensais au merveilleux secret que je portais en moi. Je pensais à mon rendez-vous de ce soir, chez Thoumieux. J'imaginais l'air abasourdi de Bertrand, le cri de joie qu'il ne pourrait s'empêcher de pousser.

« Ma chérie, dis-je. Papa ne dira rien, je te le promets. »

couverture
Éditions Héloïse d'Ormesson - 356 pages

Du même auteur : Spirale