En fait c'est le paradoxe de Renée, le personnage principal de ce livre. Une concierge, à l'ancienne. Elle vit et officie dans un immeuble de riches. Elle a toutes les caractéristiques des concierges: le chat, la moustache (pas du chat), la télé qui hurle toute la journée, elle ronchonne à longueur de temps. Bref une caricature...

Oui mais voilà, comme le hérisson, si on dépasse les piquants, une toute autre réalité apparaît. Renée est un monstre de culture. Elle a tout lu et elle philosophe. Elle adore la philosophie, le cinéma japonais

Elle se cache car ses voisins sont bien différents et ne s'attachent qu'à l'apparence.

Sauf .... Paloma.

Pauvre petite fille de riches. Elle vit dans le même immeuble. Elle a douze ans. Elle doit subir sa famille. Hyper intelligente mais qui ne fait pas que ingérer de la culture ou des connaissances. Elle les intègre et les digère. Dégoûtée du monde autour d'elle. Incomprise par sa propre famille. Elle décide de se suicider. La date est fixée. Il s'agit de savoir le comment. Oui mais voilà, elle rencontre Renée. Elle va, peu à peu, découvrir qui est la vraie Renée.

Et au fil du livre vont se tisser une amitié, un amour improbable.

Différents personnages évoluent avec ce duo dont Mr Ozu et la femme de ménage portugaise. C'est un vrai plaisir.

Mais qui aime bien, châtie bien. Je dois quand même faire une réserve. La culture de Renée peut parfois être indigeste car tout le monde ne possède pas le même niveau de philosophie pour suivre ses digressions. C'est un peu trop... Cela devient pédant et va à l'encontre de la démonstration voulue que la culture n'est pas réservée à une élite.

A part ce bémol, c'est un magnifique roman avec des personnages attachants.

Par Kez


Les critiques qui suivent ont été mises en ligne le 03 juillet à la suite du "Prix Biblioblog"


Avec Renée et Paloma nous allons suivre les pensées de ces deux habitantes de la rue de Grenelle que tout aurait dû séparer, surtout la société qui ne se mélange pas. C’est là le hic de ce roman : trop de stéréotype, trop de case bien rangé, bien carré. Trop de clichés ou d’anti-cliché, a chaque fois on tombe dans les extrêmes. Autre point négatif : j’avoue ne pas avoir compris certaines phrases trop alambiquées, un langage trop intellectuel par moment qui m’a fait relire plusieurs fois la même phrase pour au bout du compte la laisser tomber. Mais comme tout n’est pas ni tout blanc ni tout noir j’ai aimé l’intercalage des deux narrations Paloma / Renée qui donne un peu de rythme à une histoire qui n’en a pas. En effet à part les pensées et les réflexions philosophiques des deux personnages centraux il n’y a pas grand-chose d’autre.

Arsenik_


Pour ma part je dois dire je n’ai aucune réserve. J’ai adoré ce livre. Il est certain qu’en général la philosophie n’a pas sur moi un effet rébarbatif. Mais je comprends le bémol de Kez parce que je crois en effet qu’il peut s’agir là d’un frein pour certaines personnes. Mais moi j’ai ADORÉ ce livre. J’ai adoré l’intelligence, la plume un peu caustique, cynique, tranchante, mais très littéraire, très appuyée. Les références au cinéma japonais et hollywoodien, aux livres, à l’actualité. J’ai trouvé ce livre plein de poésie, d’humour (j’ai ri, j’ai tellement ri !), de tendresse (j’ai presque cru que l’amour pouvait peut-être exister même quand ça semble désespéré – j’ai bien dit presque peut-être… hey ho… faudrait pas s’emporter). C’est plein d’émotions aussi. J’ai pleuré. En plein milieu du métro, la grosse larme qui s’étend sur la joue et tout le bataclan.
Mais ce livre m’a fait un bien fou.
Bien que plus intellectuel, il a quelque chose de Ensemble c’est tout, dans cette énergie, ce tout positif, cet espoir qui goûte bon.
Le Beau existe vraiment. On nous en parle. Et on le tient entre les mains.

Catherine


C'est le dernier que j'ai lu de la sélection. Et c'est aussi celui qui m'a le plus marqué. Peut-être parce que j'en avais entendu beaucoup de choses différentes, notamment négatives. Donc j'hésitais à le lire, me disant que j'allais être déçu. La première impression, passées les 50 premières pages était « Bon sang, mais dans quoi je me suis embarqué ? » Il est vrai que mes cours de philo sont un peu loin. Exit la phénoménologie ;)
Ceci dit, je me suis retrouvé happé par l'histoire, les personnages, leurs problèmes d'intégration. J'ai accroché au style de l'auteur, clair, satyrique, bourré de références et de clins d'oeil ; et par dessus tout, j'ai adoré l'humour cynique sous-jacent (je ne me vois cependant pas installer le Confutatis dans mes toilettes, ça risque d'être un chouia bruyant...)
Je l'ai lu en surveillance d'examen, j'avais un peu de temps. Je pense que me voyant rire (et à la fin pleurer) tout seul, l'élève que je surveillais a du se poser pas mal de questions :-D
Bref, malgré tout, c'est celui-ci qui pour moi sort du lot. Un grand moment de bonheur.

Cœurdechêne


C'est savoureux à souhait. J'avais déjà bien aimé la plume de l'auteure avec Une gourmandise. Mais là, c'est carrément le 3 étoiles. Sans avoir rien lu des chroniques déjà publiées sur ce livre, j'avais envie de le lire, à coup sûr, rien que pour la magie du titre, très très bien trouvé.

Si le style est très, même trop érudit, compliqué pour certains, qu'il peut donc rebuter au départ, il faut résister contre la tentation d'abandonner cette lecture. Il est des trésors qu'il faut aller chercher pour les apprécier à leur juste mesure. C'est le cas avec L'élégance du hérisson.
Une fois cet écueil passé, vous pourrez savourer un très bon roman et faire connaissance de personnages attachants. Muriel Barbery a le don du portrait. Elle vous cisèle un personnage en mots choisis qui font mouche à tout coup. Elle peut être tendre ou bien acerbe. Elle sait vous sortir quelques vérités bien senties.... de derrière un paragraphe. C'est délicieux !
Mon exemplaire est décoré de post-it comme un sapin de noël de guirlandes. Car je sais que je reviendrai de temps à autre me plonger dans la vie de cet immeuble bon chic-bon genre.

Malgré ces éloges, j’en veux pourtant à Muriel Barbery pour la fin. Mais je ne vous en dis pas plus. Mais bon, quel choc ! Il va me falloir du temps pour m'en remettre.

Dédale


« Nous ne voyons jamais au-delà de nos certitudes, et plus grave encore, nous avons renoncé à la rencontre, nous ne faisons que nous rencontrer nous même, sans nous reconnaître dans ces miroirs permanents » (Pensée profonde n° 9 page 164)

René, concierge, est conforme à l’image que se font les habitants de l’immeuble, des bourgeois riches et suffisants. Ils ne soupçonnent pourtant pas, ce qu’elle leur cache : une érudition pointue, une passion pour la littérature russe et le cinéma japonais, un goût délicat pour les nourritures du corps comme de l’esprit.

Paloma, 12 ans, petite fille, surdouée et malheureuse, qui devant l'absurdité de la vie, a décidé de mettre fin à ces jours, le jour de ses 13 ans.

J’ai laissé René et Paloma à la page 179.

Je me suis lassée de René, pétrie de pédanterie et de condescendance.

Je me suis fatiguée de Paloma, blasée du bocal.

Je me suis séparée de M. Ozu, à regret.

Je me suis fâchée avec moi, trop velléitaire, que voulez vous, je procrastine, je ne suis pas sage aujourd’hui, pas encore, peut-être demain ou après-demain, mais c’est loin.

Pourtant, je bois du thé !

Allez file Listhain ! c’est mon chat !

Google


Voilà un roman pour le moins littéraire. Le style est recherché, ciselé, un peut trop peut-être. Du coup, il laisse à la marge une partie des lecteurs qui se sentent dépassés par les propos de Renée et Paloma.
Mais il faut avouer qu'il est difficile de trouver un compromis entre exigence littéraire et accessibilité pour tous. J'ai été très sensible à la musique des mots, à la construction narrative, et en même temps, je me suis sentie éloignée des deux protagonistes.

Hélène


Ce roman présente la particularité d'avoir deux narratrices particulièrement névrosées, Renée et Paloma. J'ai été amusé par les réflexions de Renée sur le bon usage de la ponctuation, mais un peu ennuyé par les longueurs de ses digressions culturelles. De son côté, Paloma passe son temps à critiquer les membres de sa famille et leurs amis. Le personnage de Renée m'a paru très sympathique, mais je n'ai pas vraiment trouvé l'explication que j'aurais attendue sur ce qui la fait dissimuler sa personnalité propre dans ce rôle de caricature de concierge.

Joël


Ce livre me laisse une étrange sensation...
Muriel Barbery écrit extrêmement bien, à n'en pas douter. On sent derrière ses phrases l'amoureuse des mots et de la syntaxe, et il est très réconfortant aujourd'hui de lire des romans de si bonne facture.
Et pourtant, j'ai eu beaucoup de peine à pénétrer dans son récit. Je me demande d'ailleurs si cela n'est pas dû à l'écriture justement. Ce langage très soutenu, ces constructions syntaxiques enchevêtrées, quoique parfaitement justes, ont eu l'effet d'un filtre et déclenché chez la lectrice que je suis un effet de distanciation. Comme si les mots prenaient le pas sur les émotions. Or, à mon sens, toute l'ambition de la littérature se trouve ici : parvenir à cet équilibre précaire entre l'émotion provoquée par le contenu et celle déclenchée par la forme.
L'arrivée de Kakuro et la rencontre de Renée et Paloma marquent une césure. Tout à coup, en quittant la solitude de ces deux monologues, Muriel Barbery a réussi à me faire ressentir cette empathie nécessaire à la lecture.
Je m'attendais donc à un bilan certes nuancé, mais positif.
Malheureusement, la dernière page, ou plus exactement les dernières phrases m'ont désemparée. Cette fin, qui aurait été tout à fait à propos dans un roman d'Anna Gavalda, ne me semble pas à la hauteur de ce récit. Un peu trop convenu et bleuet peut-être... À moins que je sois passée à côté de l'essence même de ce récit, ce qui est encore possible.

Laurence


Sélection du Prix Biblioblog 2007

Extrait :

.... elle a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes.[...]

Dans l’imaginaire collectif, le couple de concierges, duo fusionnel composé d’entités tellement insignifiantes que seule leur union les révèle, possède presque à coup sûr un caniche. Comme chacun sait, les caniches sont des genres de chiens frisés détenus par des retraités poujadistes, des dames très seules qui font un report d’affection ou des concierges d’immeuble tapis dans leurs loges obscures.[...]

Dans Taniguchi, les héros meurent en escaladant l’Éverest. Comme je n’ai aucune chance de pouvoir tenter le K2 ou les Grandes Jorasses avant le 16 juin prochain, mon Éverest à moi, c’est une exigence intellectuelle. Je me suis donné pour objectif d’avoir le plus de pensées profondes possible et de les noter dans ce cahier: si rien n’a de sens, qu’au moins l’esprit s’y confronte, non ?[...]

Le test de la mirabelle s'effectue dans ma cuisine. Sur la table en formica, je dépose le fruit et le livre et, entamant le premier, me lance aussi dans l’autre. S’ils résistent mutuellement à leurs assauts puissants, si la mirabelle échoue à me faire douter du texte et si le texte ne sait gâcher le fruit, alors je sais que je suis en présence d’une entreprise d’importance et, disons-le, d’exception tant il est peu d’œuvres qui ne se voient dissoutes, ridicules et fates, dans l’extraordinaire succulence des petites boules dorées.

couverture
Éditions Gallimard - 359 pages