En un beau chapelet de petits poèmes, Marie-Anne Schönfeld égrène avec une simplicité toute parcimonieuse, à mots choisis, l’absence, le silence et l’effroi de ces êtres disparus dans le brouillard et la nuit des camps.
Ils sont si présents par leur absence qu’ils hantent les générations suivantes. L’oubli est impossible, impensable. L’auteur nous parle de cet héritage si lourd. L’aimerait-on plus léger, ne serait-il pas trahir ce qu’il leur reste d’humanité ?
En refermant ce recueil, ouvrage toujours aussi soigné, élégant, soulignant un peu plus la simplicité et la force des textes, la part de l’ombre nous a enveloppé dans un manteau de silence. Ils sont avec nous, en nous….à jamais.

Même si le sujet est grave, il est abordé avec beaucoup de délicatesse, de façon poignante et ne peut que nous parler.
Assurément à découvrir.

Un mot sur l’auteur : C’est sa rencontre avec Charles Juliet qui l’a motivée à publier ses mots. M.A Schönfeld est la lauréate du Prix des Trouvères 2005, Grand Prix de Poésie de la Ville du Touquet.

Dédale

Extrait :

Plus jamais quoi ?

Le corps replié
la bouche oubliée
la peur
est remontée
le long des amarres
qui te liaient
aux traces
dans le désert

La pierre de la mémoire
porte comme toi
le nom
d’une morte de seize ans
transformée en savon

Il ne faut pas le dire

On pourrait venir
te chercher

Jour nouveau

Parfois
Au matin
La brume
Qui émousse
Le tranchant
Du monde
Enveloppe ton corps
D’une infinie douceur

Ta peau s’affine
Et accueille
La caresse
De la rosée
Qui se dépose enfin

Lorsque
Tu entres en vibration
Avec le bercement
Du monde
Tu peux alors
Offrir l’asile
A toutes les mémoires.

couverture
Éditions Henry / Ecrits des Forges