On y suit également ses interrogations sur ce qui l’entoure, sur les relations entre adultes d’origines différentes et aussi leurs travers : ses parents, une concierge pas très accueillante pour les étrangers, le père de son ami Noël, instituteur de son état du temps où il vivait en Afrique et qui lui apprend la poésie de la terre africaine. Nous avons même droit à un portrait de prof pas piqués des vers. Pas tendre le petit Fredo !!

Il se dégage de ce roman un petit air pétillant, amusant mais Fredo n’en garde pas moins les pieds sur terre. Car il n’a peut être que 10 ans ¾, il est bien curieux ce garçon. Il remarque que son ami Jojo n’a pas une vie très rose avec les parents qu’il a et que ses amours pour Juliette, artiste de la troupe du cirque ambulant Gengis Khan ne se déroulent pas aussi bien qu’il l’espère.

Bref, la vie d’un gamin qui n’a pas sa langue dans sa poche. Et pour le lecteur, un moment frais sans prétention.

Ne ratez pas L'interview de Fred Paronuzzi

Du même auteur : Comme s'ils étaient beaux, La lettre de Flora, Un cargo pour Berlin, Mon père est américain, Là où je vais.

Dédale


Frédéric a tout du Titeuf de Zep. Petit bonhomme plein d'espièglerie, il collectionne les épisodes cocasses, pour mieux les disséquer. Dans une syntaxe approximative, il met des mots et des images appartenant à son univers sur ce monde d'adultes qu'il a parfois du mal à suivre.
Au fil du récit, s'enchaînent les situations truculentes (je pense notamment aux "pétage de plomb" de son institutrice) et des sujets beaucoup plus graves, comme la maltraitance ou le deuil.

Malgré tout, le parti pris d'écriture a vraiment été, pour moi, un frein à la lecture.
Fred Paronuzzi a décidé d'écrire comme s'exprime le petit Frédéric du récit. Le vocabulaire est cru, les images surprenantes, et ça c'est une réussite. Mais les tournures de phrases sont maladroites, voire volontairement incorrectes. Et c'est là que le bât blesse. Cette façon de s'exprimer, sur 156 pages, est une peu fastidieuse, quand ça ne paraît pas artificiel. Je pense qu'un peu plus de sobriété dans la syntaxe m'aurait permis d'apprécier pleinement cet album de souvenirs.

Par Laurence

Extrait :

où Fredo discute sur un poème de Léopold Sédar Senghor.

Comme il le demandait, je me suis concentré sur chaque mot et il a récité une fois encore les premiers vers du poème. Elle devenait intéressante, notre discussion, et je comprenais mieux pourquoi monsieur Kitonounza avait été un grand instituteur, dans son pays – et pourquoi c’est lui qui pilotait le camion de poubelle alors qu’il venait tout juste de s’installer à Ugine.
(Parce que conduire la benne à ordures, en général, c’est une promotion réservée à l’un des bonshommes accrochés à l’arrière, celui qui se sent le plus mûr pour le volant…)
- A ton avis, qu’il a dit, qu’est-ce qui unit le poète et la femme dont il parle ? Est-ce qu’ils se connaissent ?
Il a lu de nouveau – mais en pointillés – juste quelques morceaux, et moi je réfléchissais au maximum de mon cerveau parce que je l’aimais bien et qu’il s’exprimait toujours d’une voix très douce, le papa de Noël.
- Je suis pas sûr, que j’ai répondu, mais on dirait qu’il découvre sa maman toute nue dans la salle de bains, le poète, et qu’il la trouve vraiment très belle avec sa jolie couleur noire et son ventre moelleux d’où qu’il est sorti… Et il avait oublié combien qu’elle était magnifique, sa maman, alors il comprend tout à coup que s’il a pu pousser tranquillement dans la vie, c’est bien parce qu’elle était là pour le protéger – comme quand on entend gronder l’orage derrière la montagne et que le ciel reste bleu et tranquille, de notre côté – vu que les mains d’une maman, il n’y a rien de mieux contre la peur…. »

couverture
Éditions Le Dilettante - 160 pages