Non seulement l'écriture est froide, saccadée et impersonnelle, mais les récits sont autant de caricatures, poussées à l'extrême, des tensions filiales.
De la rivalité à la possession, de la folie à la perversion, tous les récits relatent des relations malsaines et dérangeantes. Bien sûr la littérature est aussi là pour bousculer les esprits, elle doit être provocatrice. Mais ici, la gratuité m'a semblé prendre le dessus sur la qualité. Rien à faire, plus j'avançais dans le recueil, plus les récits m'agaçaient.
Des dix-neuf nouvelles, seules trois sont parvenues à m'émouvoir... et encore...
Ce recueil n'était décidément pas fait pour moi.
Les critiques bien plus enthousiastes de Cuné, Laure, Sylvie, Tamara et celle plus nuancée de Carol[line]. Comme quoi, je suis vraiment peut-être passée à côté de quelque chose...
Extrait :
À trois ans, il a fallu les emmener pour la première fois à l'école. Jusque là on s'était débrouillés avec la berline de mon mari, mais il avait choisi son jour pour être en déplacement, je vous jure ! C'est moi qui ai préparé les filles, elles étaient levées depuis six heures, surexcitées à l'idée d'étrenner leur cartable. Elles avaient échangé leurs robes et se chamaillaient à cause d'une petite barrette, j'ai été obligée de la casser en deux pour finir. Du coup elles ont pleuré, refusé de déjeuner, de s'habiller, refusé de marcher jusqu'à la voiture. Je me suis battue avec celle en D, qui s'agrippait aux coussins du canapé. J'ai dû la porter, moi qui souffre du dos. Et là, loi des séries oblige, ça n'entrait pas dans ma mini-Smart. J'ai essayé d'en faire passer une dans le coffre mais il était encombré par les poussettes. Je les ai finalement assises l'une sur l'autre à la place du mort, ça criait tant que ça pouvait, je n'entendais rien de la radio. Ça roulait bien pour un matin. J'ai ouvert la portière, et j'ai jeté celle du dessus sur le périphérique. Et j'avoue ne pas être très contente de mon geste parce que j'ai jeté la plus sage.
Éditions Fayard - 161 pages
Commentaires
lundi 4 juin 2007 à 09h05
Quel extrait !!! je passe mon tour !!!
lundi 4 juin 2007 à 09h24
je suis heureuse que tu en parles, cette femme ne m'inspirait guère : je vois que mon instinct ne m'a pas trompé, je n'aime pas que la banalité des horreurs pensées et commises deviennent une source de jubilation, même par plaisr de littérature. Je préfère nettement lire des choses qui m'évadent pas qui m'emprisonne...
A + Laurence !
lundi 4 juin 2007 à 09h56
Mazette! Je botte ouvertement en touche.
lundi 4 juin 2007 à 11h42
Oui, ce recueil ne m'était définitivement pas destiné. Il y a parfois des rencontres qui ne doivent pas avoir lieu. Ce qui me laisse plus perplexe, ce sont les avis enthousiastes que j'ai pu lire sur les blogs (j'ai d'ailleurs ajouté les liens à mon billet). Je dois donc être passée à côté, mais vraiment loin, très loin....
lundi 4 juin 2007 à 11h45
Ouh ! c'est violent ....où alors provoc ?
lundi 4 juin 2007 à 11h49
Salut Agapanthe22
Personnellement, j'ai trouvé ça uniquement "provocateur"... mais bon, apparemment elle a su trouver un public.
lundi 4 juin 2007 à 13h09
Ben, ça alors ! Ce week-end, en suivant le swap (voui, je lis les aventures des colis), j'ai donc lu les billets sur ce livre et noté dans un commentaire que tu allais mettre le tien bientôt en ligne. Voilà, c'est fait, c'est drôle comme coïncidence !
Ce livre m'intrigue, violent ou provcation (les deux mon capitaine ?) mais je l'ai noté dans ma LAL. Comme je suis curieuse, je le lirai certainement ! A suivre.
lundi 4 juin 2007 à 13h31
J'ai bien aimé ce qu'a dit Cuné de ce livre ... je crois que s'il a eu un tel succès - n'oublions pas qu'il a été traduit en 12 langues ! - c'est non pas que les nouvelles racontent des histoires réelles qui arrivent dans toutes les familles, mais qu'il met en scène les fantasmes que chaque mère exaspérée, pour une raison ou une autre, par sa progéniture, a eu un jour ou l'autre sans oser se l'avouer et encore moins l'avouer au premier intéressé, soit enfant...( par exemple , il m'est arrivé de vouloir passer mon fils par la fenêtre... mais je ne suis heureusement jamais passé à l'acte ! ... )Or, ces nouvelles sont des passages à l'acte, dont la lecture doit, quelque part apporter un soulagement...( Je tiens à préciser que je n'ai pas lu l'ouvrage ... )
mardi 5 juin 2007 à 10h00
aucune mère censée même excédée ne songerait à passer son enfant par la fenêtre, ou alors je ne suis pas normale, ce qui n'est pas exclu !
La provoc fait vendre. Tout comme se montrer nu.
mardi 5 juin 2007 à 17h38
je pense Wictoria que tu as tout a fait raison... Aucune mère censée ne songe à passer son enfant par la fenêtre !je crois qu'il faut que cette mère ait d'abord pensé à se jeter elle-même pour envisager ( même par fantasme ) d'y projeter sa progéniture !
jeudi 23 août 2007 à 12h56
premiérement je pense qu'on ne peut pas juger le désespoir d'une mére.Et deuxiément j'ai beaucoup aimé ce livre car il m'a apporté des émotions fortes, autant de tristesse, de joie, d'étonnement, de dégoût,ect... Ces nouvelles sont inspiré de sentiments présent dans la vie quotidienne mais ces sentiments sont mille fois forcés! Aussi, je ne les ai pas prises pour de la provoc mais plutot pour une invitation à réfléchir.
jeudi 23 août 2007 à 19h42
Mais tu sais Zouille, je ne juge pas le désespoir d'une mère. Je parlais juste des impressions que m'avaient apporté cette lecture.
vendredi 24 août 2007 à 14h04
oui je sais, je réagissais au mot de claudune
jeudi 25 octobre 2007 à 21h16
"Aucune mère censée ne songe à passer son enfant par la fenêtre" qu'elle dit Claudune. Oh la la vous ne savez pas faire la différence entre la réalité et la fiction. J'ai trouvé cet extrait génial. C'est justement la réaction inattendue et inappropriée dans la vraie vie qui rend ce passage génial. Je vais courir à la BM emprunter le bouquin de Castillon. M'enfin, c'est de l'humour noir mais de l'humour quand même. Je suis sûre que vous préférez les romans à l'eau de rose, pas vrai? J'écris aussi et je n'ai pas honte de dire que j'écris un peu comme elle. En bien plus "modeste" bien sûr. C'est justement le fait qu'on puisse écrire des textes si différents, si à l'opposé de notre personnalité qui est intéressant.
vendredi 26 octobre 2007 à 13h33
Salut Marie,
Bien sûr que je sais faire la différence entre réalité et fiction. Et non, je ne préfère pas les romans à l'eau de rose (pour tout dire, je les exècre). Pourtant je n'ai pas aimé ce roman. Je pense que cela est mon droit le plus légitime. Et ce n'est pas parce que je n'ai pas la même vision que toi que je me permets de prétendre que ma lecture est la bonne. Lire est toujours un acte personnel et subjectif. Ne cède donc pas au jugement facile...
dimanche 13 avril 2008 à 14h21
J'ai adoré ce livre ! Dans certaines nouvelles je me suis reconnue... et j'ai trouvé l'ensemble un peu barré, un peu extrème, mais c'est ce qui fait son charme. Ce livre apporte beaucoup d'émotions, de suspens aussi (par exemple la nouvelle Insecte). Il a tiraillé mon petit coeur maintes et maintes fois !