Les gendarmes locaux concluent trop vite à l'incendie accidentel et l'assureur de l'usine l'engage pour prouver la culpabilité du propriétaire.
Difficile pour Lily de faire abstraction des a priori qu'elle a sur Antoine Tonini, trop vieille connaissance... Difficile aussi d'enquêter sur les villageois qu'elle a fréquentés pendant son adolescence. Trop de vécu, de non-dits et de rancœur qu'elle doit mettre de côté pour enquêter sérieusement.

Incendie accidentel? Escroquerie à l'assurance? Et si il y avait une piste que tout le monde semblait oublier?

C'est le premier roman que je lis de Zolma, auteur du collectif Krakoën, et ce fut un véritable plaisir.
L'écriture est fluide, rapide, et le personnage de Lily irrésistible. Notre détective en jupon n'a pas la langue dans sa poche. Mistral Cinglant fait partie de cette famille de romans policiers qui allient avec habileté suspens et humour.
Et puis, bien sûr, j'ai été sensible au lieu de l'histoire. Zolma y évoque ma région et ses habitants avec l'œil d'un fin observateur. J'ai retrouvé des paysages, des ambiances, une façon de s'exprimer.
Pour finir, et sans trop en dire, Zolma réveille à travers ce récit une part sombre de notre Histoire. J'ai toujours aimé ces polars qui en profitent au passage pour écorcher les préjugés et secouer nos mémoires. De quoi lier l'utile à l'agréable.
Une jolie découverte en somme.

Du même auteur : Croisière jaune

Laurence

Extrait :

Les mecs discutaient ferme. J'ai tendu les tympans :
- Dis-donc, t'as vu la boîte de Tonini. Flambée comme un vieux loup. Et sans fenouil. Je viens de causer à mon pote Charly, le pompier. Ils sont arrivés trop tard.
- Je sais. Y paraît que le gardien a grillé avec.
- Le gris?
- Ouais. Complètement cramé, le melon. Il a fini en méchoui.
- Écoute, tu veux connaître mon avis? Ça en fera un de moins.
- Comme tu dis. Mais, c'est pas réglo, ça, il s'est pas fait égorger, avant. Il est pas hallal.
- T'as raison. Allez, une bonne nouvelle, dès le matin, ça s'arrose.
- Comme tu dis.
Les intellos ont pouffé et rebu. Le client assis sirotait son café et semblait réprouvé les théories des crétins. En le zyeutant réagir, j'ai remarqué qu'il lui manquait deux doigts à la main droite et un à la gauche. Deux index et un pouce en moins, probablement laissés dans une machine infernale de la société Maistre.
En d'autre temps, je serais intervenue pour contredire les pochards. Pour la forme. Mais ce jour-là, j'ai préféré rester discrète. Je les convaincrai pas, je le savais.

couverture
Éditions Krakoen - 244 pages