Nous retrouvons le capitaine Séverine chargé d'enquêter sur la mort d'une vieille femme. Cette dernière a été retrouvée étouffée dans le lit de sa voisine de chambre à la maison de retraite de Saint-Victor-sur-Loire.
Il y a aussi Assemond, ancien prof reconverti en brocanteur, qui a récupéré une étrange cargaison auprès de clients étranges. Cargaison d'autant plus suspecte, que quelques jours après son entrepôt est la proie d'un incendie inexpliqué.
Enfin, car n'oublions pas qu'il s'agit de Jean-Louis Nogaro, il y a Courki, candidat du Front National, en pleine effervescence quelques jours seulement avant les élections qui doivent le consacrer.
Et Santiago? me direz-vous... Santiago, je vous laisse lire le roman pour comprendre.
Comme dans son premier roman, ce que j'aime avant tout chez Jean-Louis Nogaro, c'est cet engagement citoyen indissociable de ses récits. Sur fond d'élections régionales, l'auteur en profite pour mettre à mal l'intolérance et la violence de certain de nos partis politiques. Mais tout cela ne serait rien si l'écriture et l'intrigue n'était pas à la hauteur de l'idéologie portée par ce récit. Or, Saint-Étienne-Santiago a cette qualité de faire croire au lecteur qu'il a toujours une longueur d'avance sur les enquêteurs. Illusion démentie sur la fin du roman et qui permet de réaliser combien Jean-Louis Nogaro est un fin conteur.
D'autre part, le capitaine Séverine est un flic comme on les aime : loin du super-héros, il dévoile peu à peu ses failles et blessures, et de fait nous devient familier. On se laisse donc porter par les tours et détours de cette enquête aux multiples imbrications, jusqu'au dénouement final tout en nuance.
Un polar qui se lit avec plaisir, d'autant plus que le nouvel éditeur de Jean-Louis Nogaro propose un ouvrage de bonne facture (contrairement à ce que j'avais pu reprocher à son ancien éditeur). Le format poche est idéal pour le transporter dans son sac et voler quelques minutes à son emploi du temps pour rejoindre Assemond et Séverine dans leur enquête.
Du même auteur : Un bon flic c'est comme de la soie et Les prédateurs font toujours face au vent
Lire aussi l'avis de Marc (Bibliotheca)
Laurence
Extrait :
- Madame Duranton, de... Heu... Résidente à la Maison de retraite de Saint-Victor. Et voici Madame Gerbaud, une...
- Qu'est-ce qui vous amène, Mesdames?
Eh bien... Mais l'Affaire, voyons ! La mort de Nadège Ponsil, quoi !
- Nous vous écoutons.
- Nous voudrions savoir exactement ce qui s'est passé, Messieurs. Nous sommes en droit de le savoir, martela Gyslaine Gerbaud. Il nous semble que la direction de l'établissement nous masque certains éléments...
Les deux policiers se regardèrent, déconcertés par la requête des deux mamies. Pascallet enchaîna :
- Bien, Mesdames, que savez-vous exactement de l'affaire?
- Nous savons que Nadège est morte étouffée. Étouffée par Madame Dubernard qui s'est couchée sur elle en se trompant de lit...
- C'est exactement cela. Madame Dubernard souffre, comme vous le savez probablement, de la maladie d'Alzheimer. À ce titre, elle ne peut être reconnue comme responsable de ce tragique accident. Nous étions en train de rédiger notre rapport au juge d'instruction...
- Je crois, Messieurs, reprit Madame Duranton d'une voix qui avait du mal à cacher son émotion, je crois que vous ne devriez pas vous précipiter...
Elle lança un coup d'œil à sa compagne, qui l'encourageait d'un mouvement de la tête. Elle poursuivit, découpant bien ses mots :
- Nadège Ponsil a été retrouvée étouffée sous Madame Dubernard, ça, tout le monde est d'accord. Mais Nadège Ponsil a été retrouvée... dans le lit de Madame Dubernard ! C'est l'infirmière qui a découvert le corps qui l'a dit au jardinier... qui l'a répété à l'une d'entre nous. À Margaret Trichaut. Madame Dubernard n'a pas toute sa tête, la pauvre. Mais elle ne s'est pas trompée de lit... Nadège, elle, avait toute sa tête. Alors, dites-moi : pourquoi serait-elle allée s'endormir dans le lit de sa voisine?
Éditions Ravet-Anceau - 203 pages
Commentaires
lundi 9 juillet 2007 à 14h54
Laurence, est-ce que tu fournis du temps en plus pour lire aussi ce polar-là en plus du Colize ? Parce qu'avec tout ce que j'ai déjà en devoirs de lecture à faire cet été, je sais pas comment je vais m'en sortir !!
Dis ? Tu as un truc ?