Lucas Rosarian, flic marseillais de son état, est réveillé un matin par une livraison de 38 roses rouges, suivie peu après par une espèce en vois de disparition : le fils héritier de feu Monsieur André-Marie Vilevirain de Saint-Chamons.
Le rejeton trentenaire ressemble furieusement à un poireau défraîchi et prend sa mission avec le plus grand sérieux : dans ses dernières volonté, le patriarche lui a demandé de retrouver les maîtresses qui avait compté dans sa vie et le leur léguer une coquette somme.
Manque de bol pour Rosarian, sa mère faisait partie du lot.
Commence alors une drôle de chasse…

Comme à son habitude, Philippe Carrese déploie son écriture imagée de sud : les bon mots et mauvais calembours émaillent cette nouvelle enquête rocambolesque. Mais bizarrement, cette fois-ci, le charme n’a pas opéré. Malgré la verve habituelle de l’auteur et les situations farfelues, j’ai à peine souri et l’intrigue n’est pas parvenue à me tenir suffisamment en haleine pour que j’en conserve un souvenir impérissable.
Un polar agréable mais sans plus.

Du même auteur : Conduite accompagnée, Trois jours d'engatse, Une belle histoire d'amour

Extrait :

- Alors mon fils, tu viens voir ta mère ? tu étais dans le quartier ?
- Non. Je suis venu exprès. J’ai deux nouvelles à t’annoncer.
Un rictus déforme le coin de ses lèvres :
- Aïe ! Deux nouvelles ? Christine est revenue est elle est enceinte ?
- Non. Aucune nouvelle de Christine.
- Ouf, tu m’as fait peur.
Ma mère n’a jamais supporté ma femme, mais je pense que c’est une règle universelle qui régit notre planète. Les belles-mères bantoues ne supportent pas les belles-filles bantoues. Les belles-mères inuits n’encaissent pas leurs belles-filles esquimaudes. Les belles-filles catalanes abominent leurs belles-mères andalouses. Les belles-filles afghanes ferment leur gueule et restent sous leur burqua. Comme leur belles-mères d’ailleurs. Mais elles se détestent quand même. Les contions sont incompatibles, un peu comme faire jouer un CD sur une vieille platine pour vinyles. Ma mère en rajoute une couche sur sa bru :
- Je te l’ai dit, Lucas ! Le jour où tu reverras cette garce, elle te fera tout son cinéma et elle reviendra comme ces deux rien d’été.
- « Comme si de rien n’était », maman.
- Oui, c’est pareil. Et elle sera enceinte. Et bien sûr le minot ne sera pas de toi. Et total, ce sera toi le pigeon de l’affaire.
- Pas du tout. Il n’est pas du tout question de Christine. Il est question de toi, maman. - De moi ?
Elle n’en revient pas. Elle coupe le gaz sous le friteuse, triture son mélange de dzavar et s’inquiète :
- Alors c’est quoi, tes deux nouvelles, Lucas ?
- Il y en a une très bonne et une je sais pas.
Ma mère arrête ses manipulations de viande hachée. Elle essuie le dos de ses mains sur son tablier d’une geste mécanique.
- Alors commence par la très bonne, mon fils, parce que pour l’autre, je sais pas non plus.
- La première, c’est que tu as gagné cinquante mille euros.
- Combien ?
- Cinquante mille, maman.
- Si c’est une blague, c’est pas une bonne blague.
- C’est pas une blague. Les billets sont sur la table basse de mon salon.
Ses yeux pétillent. Elle n’arrive plus à articuler. Son front passe du rouge à l’orangé vif en passent par le bleu intense, les trois couleurs du drapeau.
- Mais… Comment ?... Pourquoi !... Combien tu as dit ?
- Cinquante mille en liquide.
- Et la deuxième nouvelle ?
- Je t’ai retrouvé André-Marie Vilevirain de Saint-Chamons.

L’ambulance des pompiers a mis moins de cinq minutes pour rejoindre le bureau municipal de proximité. Oh ! Un simple malaise, rien de grave. A priori, la deuxième nouvelle n’était pas une très bonne nouvelle.

couverture
Éditions Fleuve Noir – 208 pages