Peu de rencontres ; les touristes n’ont pas encore déferlé. A peine une écossaise, Sarah, et quelques jeunes qui boivent le soir sur la plage.
Dans cette quasi solitude, la narratrice monologue, ou s’adresse à son mari absent.

« Faire l’inventaire, c’est une occupation comme une autre » (p.70)
Oui. Mais à moins d’un grand talent, il est très difficile de remplir un récit avec un personnage vide. Ici, la narratrice égrène ses pensées comme une liste de courses, et moi je me suis ennuyée.

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Extrait :

Trouver le courage de repartir, retrouver la maison perchée. Je suis épuisée, tout ce vent sur le ponton, et ces larmes aussi. J’ai pleuré, car tu étais là, tu avais un visage de mort et de tes yeux coulait du sang. Mon amour je t’ai tué, j’en suis sûre, je vais te tuer. (A l’heure qu’il est, ton avion est sur le point de décoller.) Quelque chose en moi, un ver ou je ne sais quoi, qui me dévore le ventre. Je dois savoir su tu es vivant, si tu vas bien, te rassurer peut-être, que tu ne croies pas que j’aie fait une folie (alors que c’est une folie ce que je fais, je le sais bien), que tu sache que je ne te vole pas ta fille (alors que c’est ça que je fais, ce n’est pas autre chose). Je n’arrive pas à me lever, effondrée, écroulée. Mes jambes coton, mes bras coton, mon ventre trouvé, ma tête coton, ma tête trouée, lourde, mes seins lourds si lourds. Depuis quand Manon n’a-t-elle pas bu ? Cela fait des heures qu’elle dort, qu’elle n’a pas mangé. Je le secoue, forcément elle pleure, mon amour ma fleur. Je le colle à mon sein, elle boit, tout suit son cours.

couverture
Éditions du Rouergue – 120 pages