Publiée en 1978, cette pièce est une satyre à peine masquée du MLF et autres associations féministes.
Imaginez une France présidée par une femme (oui... ils avaient beaucoup d'imagination en 1978... ), et où les hommes auraient été évincés des postes clés. C'est ce que nous propose ici Jean Anouilh.
À l'instar de la révolution française de 1789, celle de 1978 - appréciez l'anagramme - a renversé les rapports de domination. Les pauvres hommes ne savent plus à quel saint - sein - se vouer. Il y a ceux qui ont accepté l'émasculation pour poursuivre leur carrière, et ceux, comme Léon, qui ont beaucoup de difficultés à se faire à la nouvelle donne.
Quand le rideau se lève, Léon est attaché à un poteau les deux mains liées, et attend son procès. Son crime? Avoir commis l'adultère et engrossé la bonne.
Le comité des Femmes Libérées du XVI° (dont la présidente n'est autre que Simone Beaumanoir) entend mener à bien cette affaire.
Il est clair que Jean Anouilh s'en est donné à cœur joie. Il enchaîne les répliques grinçantes et taille en pièce les prétentions et travers des féministes de son époque.
Et moi, héritière reconnaissante de ces femmes qui ont lutté pour le droit à la contraception ou à l'avortement, oui, moi qui sait comme leurs combats ont souvent été difficiles face au machisme ambiant... et bien, moi j'ai ri. J'ai ri de ces caricatures si bien senties...
Mais il faut dire que la gent masculine en prend également pour son grade.
Quand la pièce fut jouée pour la première fois, Jean-Pierre Marielle tenait le rôle principal. Je ne doute pas du plaisir qu'il a pu ressentir sur scène dans la peau de cette fausse victime.
Du même auteur : Antigone
Extrait :
Ada, achevant de mettre ses gants troués.
Où en sont tes remords ce matin?
Léon
Je ne sais pas. J'ai trop de crampes. C'est dur, la nuit !
Ada
Ne pleurniche pas sur ton sort. Tu sais bien que c'est inutile. Tu as mérité quinze jours de poteau de torture. Tu te rappelles pourquoi? Léon
Oui
Ada
Tu me le rediras en détail tout à l'heure, comme chaque matin. Tu auras ta séance d'autocritique, dès que je reviendrai de chez le coiffeur. Je me dépêche. Je suis en retard - et tu sais comme Sandro est susceptible !
Léon, soupire
Il en a de la chance
Ada, s'arrête, agacée
Qui?
Léon
Ton coiffeur, de pouvoir être susceptible, lui !
Ada
Sandro a du génie, il rend les femmes belles et il est homosexuel. Tu ne vas tout de même pas comparer?
Éditions Folio - 183 pages
Commentaires
mercredi 22 août 2007 à 22h09
Encore un manque dans ma culture littéraire. Je n'ai jamais lu cet auteur, non par manque de goût mais parce que je n'en avais jamais eu l'occasion. Mais cette "Culotte" me donne envie de réparer mon oubli!
jeudi 23 août 2007 à 09h29
Sandrounette : si tu n'as jamais lu de pièces de Jean Anouilh, je te conseille de commencer avec Antigone qui pour moi reste un must de la tragédie du 20ème siècle.
jeudi 23 août 2007 à 11h29
Ok! Merci du conseil je vais essayer de le trouver (ça ne devrait pas être trop difficile
vendredi 21 septembre 2007 à 11h32
Savez-vous s'il existe d'autres critiques ou des analyses sur La Culotte?
samedi 22 septembre 2007 à 10h52
Baba, non je ne sais pas si il existe d'autres critiques. As-tu un besoin particulier ou est-ce par simple curiosité?
samedi 23 août 2008 à 23h32
La Culotte est une piece interessante, parfois drole, souvent repugnante.
Mais, pour ceux qui ne connaissent pas Anouilh, il y a des pieces bien superieures a lire; notemment Becket, ou l'honneur de Dieu, qui est sublime.
dimanche 24 août 2008 à 09h03
Evelyne : oui, bien sûr, La Culotte n'est pas la plus grande pièce de Jean Anouilh, je suis d'accord avec toi. Je n'ai pas encore lu celles que tu cites, mais Antigone reste pour le moment une de mes pièces de théâtre préférées.