Mais Silanpa est lui-même empêtré dans ses affaires de cœur, et il a bien du mal à concilier sa vie personnelle et professionnelle. Secondé par Emir Estupilan - un petit fonctionnaire à la recherche de son frère - et de la jolie pute Quica, il tente de déterrer les pistes qui les amèneront au meurtrier.
Très vite, il s'apercevront que derrière cette sinistre mise en scène se cache une histoire de gros sous et de titres de propriété.
Dès les premières lignes, Santiago Samboa imprime un rythme nerveux à son récit. L'écriture est rapide, concentrée sur l'essentielle et le vocabulaire cru. L'auteur navigue entre les divers protagonistes, tel un équilibriste, et tisse peu à peu son écheveau.
Seules les interventions du capitaine Moya semblent isolées de cette précipitation : avec une narration à la première personne, Santiago Gamboa nous fait partager les confessions surréalistes de l'épicurien.
Je n'ai pas vraiment eu de plaisir à lire ce roman. Après un démarrage sur les chapeaux de roues, l'enquête s'enlise dans des méandres indigestes. A tel point que l'auteur lui-même, par le subterfuge d'un article de presse, est obligé à la fin de l'enquête, de ré-expliquer la résolution du crime. Et je dois dire que sans cette mise au point, je me serais moi-même totalement perdue, tant l'intrigue est tirée par les cheveux.
Du même auteur : Prières nocturnes
Extrait :
- Mettez ça sur votre nez. L'agent lui tendit un coton imbibé d'ammoniaque. Là-bas en bas, ça schlingue plus que des pets de poivrots.
Il appliqua la compresse sur sa bouche et, les yeux larmoyants, avança en sautant par-dessus les buissons, à travers les roseaux. Le corps était bleu, gonflé et couvert de boue séchée. Il était en croix, fiché sur des pieux. Silanpa sentit ses muscles se contracter et une vive douleur le transperça.
Il fit un croquis sur son carnet, dessina l'emplacement du cadavre à quelques mètres de la berge, au milieu des roseaux puis se mit au détestable travail qui consistait à examiner le corps. Il portait des marques au cou et aux poignets. On l'avait ligoté et certainement écartelé. Le flic lui apporta une échelle de peintre et, mort de dégoût, il s'approcha du visage. Les orbites étaient vides et la bouche, entrouverte, pleine de terre et de sable. Il sortit son petit Nikkomat et prit plusieurs photos.
Éditions Métailié - 282 pages
Commentaires
vendredi 6 juin 2008 à 10h22
Un des rares romans policiers colombiens. N'est-il pas contradictoire qu'un pays où la violence est si présente publie plus de livres de poésie ou de romans et si peu de romans policiers ? Un très bon livre d'un écrivain prometteur.
Macondo