Paul et Florent, sont jumeaux. Ils doivent avoir la cinquantaine. Alors que Florent apprend que sa future épouse le quitte, Paul, après une tentative de cohabitation difficile avec sa mère, finit par la faire entrer dans une maison de retraite.
Mais comment en sont-ils arrivés là? Pour nous l'expliquer, Francis Dannemark remonte le temps jusqu'au début du 20° siècle et déroule l'histoire familiale.

Comme nous l'annonce effectivement le prologue, on y croisera en vrac un couple de nains hongrois, une femme folle, un étranger avec un revolver ou un vieux médecin anglais. Il y a aussi des grenouilles, des citations, un piano et une contrebasse. Mille et une chose qui, accumulées, ont construit les vies des jumeaux.

Venons-en maintenant à ma perplexité...
Il se passe une multitude d’événements dans l'existence de ces deux êtres; les moments intenses ne manquent pas; les personnages sont suffisamment nuancés et complexes pour être intéressants... Et pourtant il m'a été totalement impossible d'adhérer au récit.

L'écriture de Francis Dannemark est froide, impersonnelle. Il nous raconte cette histoire comme s'il se lançait dans un procès verbal : les actions s'enchaînent, certes, mais l'émotion ne passe pas.
C'est une sensation très étrange je dois l'avouer. Bien pire que si je n'avais pas aimé l'histoire, je suis restée sourde à la musique de l'auteur. À tel point, que quelques jours seulement après l'avoir lu, je suis aujourd'hui incapable de m'en souvenir. Heureusement, j'avais pris les notes ci-dessus immédiatement après la fin de ma lecture. C'est donc pour moi l'une des grandes déceptions de cette rentrée littéraire...

Du même auteur : Du train où vont les choses à la fin d'un long hiver.

Extrait :

Non. Elle avait écrit ce mot-là, non, et d'autres mots, toute une lettre, au milieu de la nuit, et la lui avait envoyée par e-mail : " Non, je ne peux pas, je ne suis plus amoureuse de toi, je pense encore à lui, je n'ai pas osé te dire la vérité en face… "

Il avait trouvé son courrier un peu avant l'aube, l'avait lu en un instant, avait préparé le repas et réveillé les enfants, les avait embrassés comme chaque matin, sur les joues, sur les yeux, quand ils étaient partis pour l'école, et il les avait regardés s'éloigner dans le vent piquant de décembre, sous l'étrange lumière jaune de la lampe qui éclairait la rue comme une salle d'attente dans une gare déserte.

Une fois la porte refermée, il avait fait chauffer de l'eau, préparé du thé. Mais il ne l'avait pas bu. Son sang était soudain devenu blanc et glacé, quelque chose en lui avait explosé en silence et chaque centimètre de sa peau avait brûlé. Puis plus rien. Sable ses yeux, poussière ses mains, ses jambes. Plus bouger, plus respirer.

couverture
Éditions Robert Laffont - 261 pages