On retrouve Elizabeth où on l’avait quitté dans Les étoiles du Sud, elle est maintenant veuve pour une deuxième fois (presque une troisième puisque son grand amour d’adolescence est aussi mort tragiquement). Une fois de plus plongée dans le deuil, Elizabeth aura bien du mal à se remettre au cœur de la guerre qui semble vouloir être interminable, le sud et le Nord jouant au chat et à la souris. Finalement Elizabeth rencontrera un jeune soldat ordinaire dont elle tombera amoureuse (en deux minutes… c’est ce qu’on appelle un coup de foudre !), histoire qui la ramènera à la vie.

Quelle étrange série que ces trois romans. D’une part ce troisième tome est beaucoup plus court et m’a semblé mieux écrit, mais plus inintéressant. On comprend moins que jamais l’intérêt de ce récit où même les traces de la guerre et de l’histoire du Sud des Etats-Unis sont de plus en plus rares. D’autre part, si ce roman avait été écrit au début du XXe siècle, nous pourrions comprendre un certain intérêt littéraire à aborder, subtilement, des thèmes aussi fragiles que l’homosexualité et le désir sexuel des femmes, et même l’ésotérisme. Or Dixie a été publié en 1994 ! Pas grande révolution en ce sens.

Et que dire d’une volonté de rendre tragique des événements que mon imagination pourtant débordante n’arrive pas à décoder. Ainsi un chapitre ce termine sur une phrase tonitruante d’un personnage «Il se passe pourtant des choses au Grand Pré…» Tension dans le récit ! Et puis bon, je cherche encore ce qui s’y passait tant que ça ! En fait je n’ai pas compris !

Du même auteur : Les étoiles du Sud et Les pays lointains

Par Catherine

Extrait :

Elizabeth émit quelques paroles confuses et, pareille à une somnambule, suivit Miss Llewelyn vers la porte ouverte.

Avec son coffre, ses roues et ses portières frottées à outrance, la calèche prenait un air de fête sous le feuillage d’un arbre criblé de soleil, et, comme pour célébrer le départ, une petite plume de coq ornait le chapeau du cocher noir ; Elizabeth monta sans précipitation dans la voiture et se laissa glisser au fond d’une des deux places les plus confortables. D’un geste vague elle indiqua la banquette à la gouvernante. Ainsi les voyageuses se trouvaient face à face sans aucune nécessité de se parler ni même vraiment de se regarder dans les yeux.

Le fouet claqua et les chevaux partirent.

Sous un ciel tendu de bleu azur et semé de minuscules nuages blancs, la journée s’annonçait radieuse. Comme on quittait la maison pour longer le bois où elle s’était promenée la nuit avec son mari défunt, Elizabeth se contenta de baisser les paupières. Elle les rouvrit en descendant la pente abrupte qui lui valut quelques soubresauts. La gouvernante reçut le même sort et, bien malgré elles, un sourire un peu bête les rapprocha l’une de l’autre, un instant. Un petit cours d’eau fit s’agiter les chevaux entre des murailles de rochers aux tons de rouille, puis le terrain s’assagit peu à peu dans un désordre d’arbustes sauvages où une route se cherchait comme si elle avait perdu la mémoire sous des tapis de cailloux, restes d’une avalanche oubliée. À droite et à gauche se penchaient des arbres dont beaucoup avaient été fauchés au hasard des tempêtes.

couverture
Éditions Points - 384 pages